La gauche classique française (gauche de la gauche
principalement) commet encore la même erreur. Elle attribue la montée en
puissance du Front national par des effets de politique et sociale,
comme facteur exclusif. Elle ne voit pas, ou ne veut pas voir, que ce
qui fonde la force du Front national aujourd’hui, comme hier, n’est pas
simplement la crise sociale, mais la « question de l’immigration », « la
préférence nationale ».
La puissance d’un racisme dirigé principalement contre les populations d’origine maghrébine et africaine, non-européenne. L’extrême-droite utilise le vocabulaire républicain de l’assimilation pour redéfinir les contours d’un néo-nationalisme français, à la recherche de sa gloire impériale perdue. Son programme est celui d’un « sudisme » à la française, le temps colonial où chacun restait à sa place, avec priorité donné au conquérant, au plus fort.Avec, en toile de fond, la matrice originelle d’un antisémitisme ancestrale.
Dans cette perspective, la gauche de la gauche abandonne, au nom d’une conception unitaire, sociale et assimilationniste de la République, la défense des minorités victimes de ségrégations. Elle se refuse à voir combien la nation française a changé, devenant multiculturelle, ce qui provoque la fureur d’un fascisme à la française qui s’est toujours nourri du rejet de l’étranger.
La gauche nouvelle qui apparaitra sur les décombres des partis anciens ne pourra faire l’économie de cet examen de conscience : pourquoi avoir déserté le combat pour la défense des minorités, et pourquoi avoir renoncé au combat contre le racisme d’Etat ou déversé dans la société ?
Les « hésitations » de cette gauche radicale autour du vote en faveur de Macron trouvent là leur origine. Les pratiques traditionnelles, et légitimes, de défense des catégories sociales de la fonction publique s’accompagnent d’un aveuglement devant les contours d’une nouvelle société. Celle de la précarisation violente, et du chômage qui frappe surtout les jeunes des populations maghrébines et africaines. Ces dernières font un choix « physique » pour le vote Macron, explicite. Un choix de survie face à la haine, l’exclusion vécue au quotidien dans le présent, et qui risque de s’aggraver par l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.Ainsi, dans le journal algérien, « Le Quotidien d’Oran », du 27 avril 2017, l’éditorialiste Akram Belkaïd écrit :
« Mes amis insoumis ne veulent pas aller voter le 7 mai. Je ne peux que les comprendre. Entre la peste et le choléra, on a le droit de ne pas choisir. Mais, chez certains d’entre eux, je ne peux m’empêcher de détecter une posture plutôt désinvolte, facile. Une ingénuité née de leur propre confort face à une situation qui pourrait déraper. Au fond d’eux-mêmes, tranquilles, ils ne peuvent ignorer que Le Pen et ses affidés ne commenceront pas par "eux". Et quand ils me demandent pourquoi je vais tout de même me déplacer aux urnes pour faire obstacle à Le Pen, je réponds qu’il est bien plus facile de finasser et d’avoir des états d’âmes quand on s’appelle Jean-Luc, Clémentine, Charlotte ou Alexis que lorsqu’on se prénomme Karim, Ousmane, Jacob, Latifa, Rachel ou Aminata. Contrairement à celles et ceux qui relativisent la menace frontiste – et qui estiment pouvoir se passer de voter -, ces derniers savent que le Front national au pouvoir représente pour eux, via nombre de ses électeurs et sympathisants, une menace physique immédiate. Et cela suffit comme raison pour s’y opposer ».
https://blogs.mediapart.fr/benjamin-stora/blog/010517/un-choix-physique
La puissance d’un racisme dirigé principalement contre les populations d’origine maghrébine et africaine, non-européenne. L’extrême-droite utilise le vocabulaire républicain de l’assimilation pour redéfinir les contours d’un néo-nationalisme français, à la recherche de sa gloire impériale perdue. Son programme est celui d’un « sudisme » à la française, le temps colonial où chacun restait à sa place, avec priorité donné au conquérant, au plus fort.Avec, en toile de fond, la matrice originelle d’un antisémitisme ancestrale.
Dans cette perspective, la gauche de la gauche abandonne, au nom d’une conception unitaire, sociale et assimilationniste de la République, la défense des minorités victimes de ségrégations. Elle se refuse à voir combien la nation française a changé, devenant multiculturelle, ce qui provoque la fureur d’un fascisme à la française qui s’est toujours nourri du rejet de l’étranger.
La gauche nouvelle qui apparaitra sur les décombres des partis anciens ne pourra faire l’économie de cet examen de conscience : pourquoi avoir déserté le combat pour la défense des minorités, et pourquoi avoir renoncé au combat contre le racisme d’Etat ou déversé dans la société ?
Les « hésitations » de cette gauche radicale autour du vote en faveur de Macron trouvent là leur origine. Les pratiques traditionnelles, et légitimes, de défense des catégories sociales de la fonction publique s’accompagnent d’un aveuglement devant les contours d’une nouvelle société. Celle de la précarisation violente, et du chômage qui frappe surtout les jeunes des populations maghrébines et africaines. Ces dernières font un choix « physique » pour le vote Macron, explicite. Un choix de survie face à la haine, l’exclusion vécue au quotidien dans le présent, et qui risque de s’aggraver par l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.Ainsi, dans le journal algérien, « Le Quotidien d’Oran », du 27 avril 2017, l’éditorialiste Akram Belkaïd écrit :
« Mes amis insoumis ne veulent pas aller voter le 7 mai. Je ne peux que les comprendre. Entre la peste et le choléra, on a le droit de ne pas choisir. Mais, chez certains d’entre eux, je ne peux m’empêcher de détecter une posture plutôt désinvolte, facile. Une ingénuité née de leur propre confort face à une situation qui pourrait déraper. Au fond d’eux-mêmes, tranquilles, ils ne peuvent ignorer que Le Pen et ses affidés ne commenceront pas par "eux". Et quand ils me demandent pourquoi je vais tout de même me déplacer aux urnes pour faire obstacle à Le Pen, je réponds qu’il est bien plus facile de finasser et d’avoir des états d’âmes quand on s’appelle Jean-Luc, Clémentine, Charlotte ou Alexis que lorsqu’on se prénomme Karim, Ousmane, Jacob, Latifa, Rachel ou Aminata. Contrairement à celles et ceux qui relativisent la menace frontiste – et qui estiment pouvoir se passer de voter -, ces derniers savent que le Front national au pouvoir représente pour eux, via nombre de ses électeurs et sympathisants, une menace physique immédiate. Et cela suffit comme raison pour s’y opposer ».
https://blogs.mediapart.fr/benjamin-stora/blog/010517/un-choix-physique
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