vendredi 12 novembre 2010

Ouverture du Congrès national des Alternatifs à Rouen


Le congrès national des Alternatifs s’ouvre ce vendredi 12 novembre à Rouen. Ses travaux ont fait l’objet de trois bulletins de débat, disponibles sur le site national de notre mouvement, et sont tout particulièrement nourris des deux mois de la mobilisation sociale contrela réforme des  retraites.

Plusieurs partis politiques sont d’ores et déjà annoncé leur participation. Ce sont : ACU communistes unitaires, FASE, Gauche Unitaire, PCF, PCOF, Parti de Gauche, Alternative Libertaire, NPA et MOC.Nous publions ci-dessous les messages transmis aux congressistes par Alternative Libertaire, le Parti de gauche, la Gauche Unitaire, l’association des Communistes Unitaires, la Fédération pour Une Alternative Sociale et Ecologiste (FASE) et le Mouvement des Objecteurs de Croissance.





Alternative Libertaire


Cher-e-s camarades,


Votre congrès va se tenir dans un contexte marqué par une puissante montée des luttes, aussi bien France que dans le monde. En Grèce, en Grande-Bretagne comme ici, la classe ouvrière et la jeunesse montrent, si besoin était, que les classes dirigeantes vont devoir affronter une résistance croissante à la stratégie du choc par laquelle elles souhaitent faire porter le poids de la crise du capitalisme par les populations.


"There is no alternative", rabâchait Thatcher pour affirmer que le capitalisme était l'horizon indépassable de l'humanité. "L'Etat n'est pas la solution, l'Etat est le problème", affirmait Reagan, annonçant le déferlement libéral qui a tenté de balayer totalement les acquis sociaux gagnés de haute lutte depuis des décennies.


L'explosion de la crise financière en 2007, la plus aiguë depuis les années 30, a contraint des dirigeants tout dévoués au démantèlement des systèmes de protection sociale à déverser des centaines de milliards d'euros pour tenter de sauver un système incapable de produire autre chose que des crises de plus en plus rapprochées, n'offrant d'autre perspective au plus grand nombre qu'une précarité croissante et la plongée dans la pauvreté.


Les déficits, artificiels, de la Sécurité Sociale ont été présentés des années durant comme nous menaçant d'une apocalypse financière. Et soudain, les crédits indisponibles pour soigner la population, garantir une éducation accessible à tout-e-s, se sont multipliés pour venir en aide aux banques, fonds spéculatifs et assurances dont les dirigeants ne comptent plus leurs amis dans les cercles du pouvoir. Après ce tour de passe-passe, les mêmes sont venus expliquer que les peuples devraient accepter la destruction des systèmes éducatifs, sanitaires, du droit du travail pour préserver la compétitivité des entreprises capitalistes.


Et bien non! Les peuples ont clairement commencé à répondre: la guerre sociale déclarée par la caste de privilégiés qui accaparent la richesse ne restera pas sans réponse. En France, ce sont 2 à 3,5 millions de manifestant-e-s qui ont témoigné, jour après jour, au-delà de la tentative de casse des retraites par répartition, de leur refus de la barbarie qui prétend nous gouverner. Aujourd'hui, c'est par dizaines de milliers que les étudiant-e-s britanniques expriment leur colère à l'encontre de l'envol des frais d'inscription à l'université.


Mais résister ne suffira pas: l'offensive réactionnaire des gouvernements, aux ordres du Capital, ne va pas s'arrêter d'elle-même. La montée des luttes rouvre des perspectives qu'il nous appartient d'énoncer avec force: "Tant qu'il n'y aura point d'égalité économique et sociale, l'égalité politique sera un mensonge." Le capitalisme n'offre d'autre horizon que celui d'une régression toujours croissante de l'Humanité, propageant guerres et misère et mettant en péril notre survie même par la destruction de la planète. L'approfondissement de la crise, ses conséquences sociales, vont poser de plus en plus nettement la question de la prise en main de notre sort.


Nous partageons largement vos analyses sur la nécessité d'une alternative autogestionnaire radicale, sur la nécessité de combattre toutes les formes d'oppression patriarcale et de mettre fin au système productiviste qui dévaste la planète. Nous combattons ensemble la politique raciste de l'Etat français, notamment dans le cadre du collectif UCIJ.


Nous sommes certain-e-s de vous retrouver dans les luttes pour arracher des mains de la classe parasitaire qui prétend nous gouverner la maîtrise de notre destin.


Bon congrès à tout-e-s!
Fraternellement,
Alternative Libertaire


Parti de Gauche

Au délégué(es) du congrès des Alternatifs


Chers camarades et ami(e)s


Nous avons bien reçu votre invitation pour participer à votre congrès. C’est avec plaisir que nous nous y rendrons.


En effet la lecture du document préparatoire à celui-ci nous conforte dans la certitude de l’existence –en dépit de certaines différences- de nombreux points d’accord, de visions partagées sur l’analyse de la situation actuelle et sur les moyens de proposer une réelle alternative à notre peuple. Nous disons « révolution citoyenne », vous dîtes « qu’ils dégagent tous ! ». Ce qui signifie à la fois notre ambition de rompre avec la logique du système capitaliste et des modèles productivistes mais aussi de se poser la question d’une majorité populaire pour gouverner ce pays dans ce sens. On ne peut séparer la question des urnes et des luttes, les deux étant liés pour imposer une véritable alternative politique.


Ce n’est nullement une surprise sur nous, tant notre travail conjoint nous a permis de constater des approches similaires par exemple sur l’importance de ne pas confondre écologie sociale et capitalisme vert, sur les combats à mener en matière de féminisme, sur l’importance de l’éducation ou de l’économie solidaire, du partage des richesses, de la souveraineté du peuple et d’une autre Europe qui impose de rompre avec le traité de Lisbonne. Nous pourrions également parler de notre volonté commune d’une 6ème république démocratique et sociale.


Nous nous sommes retrouvés ensemble à l’occasion des régionales sur les listes « ensemble pour des régions à gauche ».


Nous espérons à l’heure où la droite, où le capitalisme mondialisé frappent encore plus fort ici et partout dans le monde, que cette démarche unitaire se poursuivra et s’amplifiera.


Vous le savez, le Front de Gauche a lancé son programme partagé. Ils nous semblent que, pour que celui prenne pleinement son sens, pour que celui-ci soit le plus complet possible, votre contribution, parmi d ‘autres forces de l’autre gauche, serait très utile. A bien des égards, le mouvement social sur les retraites nous impose plus encore ce travail d’unité. Le Front de Gauche n’est sans doute pas parfait mais il est depuis deux ans le seul cadre unitaire existant. A vous de le faire votre au même titre que les partis qui le composent aujourd’hui.


C’est pourquoi, en toute fraternité, en toute amitié, nous renouvelons notre souhait que les alternatifs rejoignent la démarche engagée d’autant que comme vous nous maintenons intacte l’ambition qu’émerge à gauche la grande force de transformation que la situation exige, à même de contester l’hégémonie social-démocrate et écolo-libérale. Ce qui est aussi la condition pour battre la droite dans ce pays, certains que nous sommes qu’une gauche basée sur un simple mécanisme d’alternance peut encore échouer comme elle a échoué depuis trois élections nationales de suite.


Dans l’attente nous vous souhaitons un congrès passionnant et ouvrant des perspectives utiles à votre parti, à la gauche de rupture, à l’ensemble des français.


Le Parti de Gauche


Gauche Unitaire


Chères camarades, chers camarades,


Nous vous remercions de votre invitation à votre congrès. Et nous souhaitons à celui-ci de fructueux travaux. Il est important que se poursuivent et s’approfondissent les échanges politiques entre les forces, telles que la vôtre et la nôtre, qui restent attachées au combat pour l’émancipation humaine, qui défendent dans l’action militante des positions de classe, et qui oeuvrent au rassemblement de celles et ceux qui aspirent à ce que s’affirme une force politique nouvelle, un parti porteur de ces exigences. Et ce malgré les divergences qui existent entre nous, et les situations différentes qui sont les nôtres, vous au sein de la FASE, nous au sein du Front de gauche.


Nous sommes en train de vivre un mouvement social d’une grande richesse, qui remet bien des pendules à l’heure. Alors que le capitalisme connaît une crise majeure qui est loin d’être finie, ce mouvement témoigne qu’il n’y a pas de fatalité à subir un néolibéralisme dont la faillite est patente, que les forces existent pour combattre les plans d’austérité que les gouvernements européens prétendent imposer aux peuples, pour refuser les dérives autoritaires des système politiques et riposter au démantèlement des acquis sociaux et démocratiques, pour s’opposer au saccage de l’environnement, à la casse des services publics et au sacrifice de l’avenir offert à la jeunesse… Toutes ces choses que le pouvoir sarkozyste concentre de manière caricaturale.


Reste qu’à cette étape la mobilisation, malgré sa force, les formes d’organisation qu’elle s’est données, les avancées qu’elle a provoquées, n’a pas permis, comme il était nécessaire, et comme on pouvait l’espérer, que le mouvement populaire développe toute sa puissance, pour imposer le retrait de la réforme des retraites et déstabiliser le pouvoir.


Il convient donc de réfléchir aux carences dont la gauche à fait montre à cette occasion, pour en tirer les leçons. Nous avons noté que vous avez avancé, outre la proposition d’un référendum sur la question des retraites, la perspective d’une dissolution de l’Assemblée et d’une Constituante. Nous-mêmes avons défendu l’idée de la dissolution et d’élections générales, qui nous apparaissait être le moyen de faire jouer une dialectique entre la mobilisation sociale et une perspective politique, dont le manque pesait sur le possible développement de celle ci. C’était aussi indiquer une rupture avec la logique présidentialiste qui pervertit la vie démocratique du pays, en mettant au centre des élections législatives, réouvrant un espace au débat citoyen et parlementaire.


L’onde de choc du mouvement va continuer à développer ses effets sur le champ politique. C’est pourquoi les réflexions sur ces questions doivent continuer à être menées. Elles sont des éléments du travail visant à définir une politique d’ensemble, sociale, écologiste, démocratique, pour combattre le système en place et ouvrir une réelle alternative à la réponse sociale-libérale portée au sein de la gauche par le Parti socialiste et Europe écologie. Nous savons qu’une telle réponse ne peut conduire qu’à une impasse et se traduire par de nouveaux échecs.


A nous de chercher dans l’unité à ouvrir une autre voie. Comme vous le savez, Gauche Unitaire a fait le choix d’inscrire son action au sein du Front de Gauche. L’objectif du Front de Gauche est de bouleverser les rapports de force au sein de la gauche, d’y battre les logiques d’adaptation sociales-libérales et les tendances au renoncement, d’y faire bouger les lignes afin qu’une orientation de transformation sociale y devienne majoritaire.


Loin des postures de témoignage et des logiques incantatoires, sans alliance ni compromission d’aucune sorte avec des secteurs de la droite, il est d’aboutir à une nouvelle majorité de gauche et à un gouvernement qui agissent résolument contre les banques et les marchés, contre les agences de notation à leur service, contre les spéculateurs et les actionnaires.


Les forums initiés par le Front de gauche pour un programme partagé doivent être une occasion d’engager un travail en ce sens. Nous espérons que vous en partagerez les objectifs ainsi que la démarche, et que vous en serez partie prenante.


Chères camarades, chers camarades, bon congrès !






Association des Communistes Unitaires


Chères / chers camarades,


L’Association des communistes unitaires (ACU) partage avec Les Alternatifs un grand nombre de conceptions, de points de vue et de prises de positions. La conception que nous nous faisons de la posture communiste - volonté de dépassement de toutes les dominations, ce qui comporte l’ensemble des combats anticapitalistes, autogestionnaires, féministes, antiracistes, écologiques pacifistes… - rejoint largement les thèmes chers aux Alternatifs.


Comme l’indique le nom de notre association, nous militons pour l’unité dans l’action de toutes les forces de la gauche d’alternative. C’est dans des combats unitaires que nous avons appris à vous connaitre.


Il y a plus de deux ans, cette commune volonté unitaire nous a amené à souhaiter ensemble la mise en place d’un processus fédératif à même de rassembler divers courants, forces et citoyenne-s, confrontant et métissant si possible les différentes traditions de la gauche de gauche. Cette initiative a donné lieu à la création en décembre 2008 de la Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique (FASE), vecteur de la nécessaire unité de la gauche de gauche et espace transitoire visant à contribuer à la création d’une large force politique de la gauche d’alternative. Depuis, les cheminements de l’ACU et des Alternatifs n’ont pas été les mêmes. Les communistes unitaires se sont de plus en plus impliqués dans la FASE et l’ACU, qui n’a jamais voulu être un parti, est maintenant intégrée comme une de ses composantes “à part entière”. Les militants des Alternatifs ont fait des choix variés : certains y sont vraiment intégrés, d’autres y participent ponctuellement et d’autres encore ne s’y investissent pas du tout.


À l’occasion de diverses rencontres, dont les comptes rendus ont été rendus publics, nous avons échangé nos réflexions sur l’état de la FASE, sur l’investissement des Alternatifs dans le “processus fédératif” et sur les perspectives à envisager ensemble. Nous avons bien compris que les opinions parmi vous sont partagées, et il ne nous appartient pas de peser sur les débats que vous pourrez avoir à ce sujet. Nous voulons seulement saisir l’occasion qui nous est donnée de vous adresser cette contribution pour insister sur le fait que ni les structures, ni le mode de fonctionnement, ni le nom de la Fédération ne constituent pour nous des acquis intangibles, et qu’elle ne constitue pas un « objet » à prendre où à laisser.


Dans l’esprit de ce qui nous avait conduit initialement à la créer, et qui a conduit divers courants, structures militantes et citoyen-ne-s à la rejoindre, nous considérons que le projet de fédérer le plus grand nombre de forces et d’énergies militantes de la gauche radicale reste d’actualité, et que la Fédération peut et doit se refonder en permanence.


C’est pourquoi nous pensons possible que l’actuelle FASE et les Alternatifs mettent en commun leurs espoirs, leurs projets et leurs forces pour développer un processus et constituer un espace commun. Comme le dit la contribution du CAN de la FASE à votre congrès : «Pour nous, il s’agit de poursuivre le processus fédératif, avec une nouvelle étape consistant à structurer davantage un espace commun comme une force politique. Mais nous comprenons bien qu’il ne peut s’agir pour les Alternatifs de “rallier la FASE”».


Nous souhaitons aussi souligner le défi qui est devant nous : tenir le cap d’un processus ouvert, évolutif, souple - qui fait que cet espace ne sera pas une boutique de plus parmi d’autres partis de la gauche de gauche, mais un espace-processus politique de type nouveau, intégrant l’objectif à nos yeux essentiel de dépassement de la césure entre mouvement “social” et politique (institutionnelle) - et dans le même temps structurer, organiser cet espace pour qu’il soit toujours plus démocratique, plus productif d’idées, d’initiatives et de pratiques nouvelles. D’autre part, nous gardons l’objectif de la construction d’une force politique beaucoup plus large, intégrant les sensibilités existantes et dépassant les différentes forces


Rien dans les orientations proposées dans le texte préparatoire à votre congrès, que nous avons lu avec attention et intérêt, ne nous semble de nature à empêcher des avancées positives dans le sens évoqué dans ces lignes. Et nous partageons l’idée d’étapes permettant de donner corps aux intentions que nous partageons (expressions publiques communes, initiatives co-élaborées et ouvertes à d’autres forces et aux citoyens…). Nous espérons que vos trois jours de travail contribueront à faire avancer ce qui, aujourd’hui plus encore qu’hier, peut être notre projet commun.


Nous vous souhaitons un bon congrès. Nous y serons représentés par Gilles Alfonsi, Patrick Beauverger et Jacques Millet.


Le collectif d’animation de l’ACU


FASE

Contribution du Collectif d’animation national de la FASE au congrès des Alternatifs


Cette contribution a pour objet de poursuivre le dialogue engagé depuis plusieurs mois entre la FASE et les Alternatifs.

Dans la mesure où le parti des Alternatifs est membre fondateur de la FASE, il s’agit moins d’une réponse à une « autre » organisation, que des enjeux et des questions qui de fait nous sont communs. Cependant, les militants Alternatifs ont des positions différentes par rapport à la FASE, ce qui doit bien sûr être pris en compte.

Le texte préparatoire à votre congrès ne traite pas de votre rapport à la FASE, ni des relations entre les Alternatifs et la FASE. Cependant, il permet de poursuivre la discussion à partir notamment de la conception du « parti – mouvement » qu’il énonce et sur laquelle nous sommes d’accord : « Le parti-mouvement de demain ne prétendra pas jouer le rôle d’un parti-guide : ses militantEs participeront aux mobilisations sans les instrumentaliser, il exprimera la synthèse « généraliste » à laquelle il sera parvenu ; il renoncera à toute prétention à diriger ou orienter syndicats et associations : il établira avec ces structures des relations de coopération horizontale et d’égalité (…) Un parti-mouvement donnera la priorité à une présence forte dans les mouvements sociaux et les mobilisations citoyennes et altermondialistes, ainsi que dans les expériences autogestionnaires ». Reste que dépasser l’actuelle césure entre mouvement social et alternative politique nécessite sans doute une évolution des rôles respectifs des forces sociales et politiques (voir plus loin), et que l’idée d’une « présence forte dans les mouvements » demande à être approfondie : toutes les formations politiques de gauche ne sont-elles pas déjà présentes dans les manifestations ? Et si nous voulons être présents autrement dans les mouvements, le problème est : comment ? En fait, nous ne sommes pas quittes d’un travail stratégique d’ampleur, qui devrait être mené avec un grand nombre de militants et citoyens intéressés.


Nos réflexions sont aussi très proches sur le rapport aux institutions et le rôle des élus : « la présence d’hommes et de femmes d’un parti-mouvement dans les institutions n’a de sens que dans une triple optique : favoriser et relayer ces mouvements sociaux et mobilisations citoyennes, ces expériences autogestionnaire dans tous les domaines ; réorienter radicalement les politiques publiques dans le sens des solidarité, de l’écologie, du féminisme et de l’autogestion ; agir pour rompre avec la confiscation de la politique par des professionnels et favoriser la socialisation de la politique : celle-ci doit être l’affaire de toutes et tous ». Non seulement il n’y a pas là d’énoncés qui fâchent mais nous y reconnaissons les conceptions que la


FASE souhaite porter. Une difficulté concerne la notion de « relais des mouvements », qui peut consister à occuper une fonction tribunicienne dans les assemblées sans effets subversifs sur les institutions et avec les mêmes logiques de délégation – dépossession qui prédominent aujourd’hui. Cela renvoie au dépassement du rapport d’extériorité entretenu par le système politique dominant et souvent intériorisé même par les « progressistes » entre les mouvements traditionnellement appelés « sociaux » (?) et la production de politique (investissement des espaces institutionnels compris).


Nous partageons l’idée que l’organisation politique à créer aujourd’hui ne peut être que transitoire dans la mesure où nous avons l’objectif d’une force politique beaucoup plus large, fédérant autant que possible les courants de la gauche d’alternative, une force à la fois pluraliste et métissant les cultures politiques. Force est de constater que la création d’une telle force n’est pas envisageable à court terme. Et plus fondamentalement que cela implique de créer un type de formation politique jusque-là encore inexistant. Nous sommes aussi d’accord avec l’idée que cette force est à distinguer des fronts politiques et politico-sociaux nécessaires et possibles face aux projets gouvernementaux ou pour une alternative politique (ce que nous pouvons appeler avoir une politique unitaire forte). C’est ainsi que comme vous, nous nous référons à l’efficacité d’une large convergence comme celle qui a eu lieu en Limousin, qui en effet ne fut pas un simple front de gauche élargi. Et nous considérons aussi que le Front de gauche « regroupe des forces qui restent largement attachées à une conception ancienne de la politique », ce qui n’empêche pas que des convergences sont possibles, dans les luttes et dans les urnes, et que dialoguer avec les uns et les autres concernant la nature et les formes de la politique est nécessaire.


Comme vous aussi, nous voyons bien que le NPA est guetté par un risque de « sectarisation » (ce qui ne nous conduit pas non plus à renoncer à converger avec lui chaque fois que possible). Et nous considérons comme vous qu’Europe Ecologie a su innover dans les formes politiques et capter ainsi nombre de militants (mais avec une ambiguïté stratégique très problématique par rapport au capitalisme).


Sur différents points, nous avons par rapport à votre texte de congrès des nuances ou des demandes d’approfondissement :


- sur les forces sociales et les forces politiques. Nous ne pensons pas qu’il puisse ou qu’il soit souhaitable d’avoir d’un côté des syndicats à intervention « spécifique » et de l’autre des forces politiques à vocation généraliste. Nous ne disons pas que leur rôle est indifférencié, mais nous pensons nécessaire de poser aux forces sociales la question de l’élargissement de leur rôle, en particulier par rapport à la question de l’alternative politique et à celle de la crise des institutions (ce débat a commencé dans certains syndicats, et sera probablement à l’ordre du jour en lien avec les limites du mouvement contre la réforme des retraites). Pour le dire autrement, la FASE pose la question de la nature et des formes de la politique en général, celles des forces politiques, celles des forces sociales, celles des mouvements eux-mêmes. Cela renvoie à la nature même du processus transformateur ;


- Sur le rapport aux institutions et les élus : les trois rôles que vous énoncez nous sont chers mais ils ont le défaut d’être trop flous pour produire en eux-mêmes des changements… Le problème est de travailler à partir de ces axes à des concrétisations et des pratiques, en sachant que le système institutionnel fonctionne comme une puissante machine à absorber les élus, qui ne peut être contrebalancée que par le déploiement d’un militantisme politique intégrant les élus mais beaucoup plus autonome par rapport au système institutionnel que ne le sont les formations politiques aujourd’hui ;


- Sur les moyens de « mettre en pratique ce que vous revendiquez », une difficulté concerne les allers-retours entre des déclinaisons thématiques ou sectorielles et mouvement global : ainsi, vous listez les champs de mise en oeuvre possibles de pratiques alternatives et vous soulignez à juste titre le besoin d’une « grille d’analyse politique cohérente et globale », mais c’est loin du compte si nous nous situons dans la perspective d’un dépassement de toutes les dominations, d’un changement d’ère en matière de démocratie et d’institutions, d’une perspective d’émancipation individuelle et collective.


La construction, à partir d’éléments d’analyses, concrets, et de pistes à expérimenter, d’une perspective globale, avec sa part d’utopie, l’élaboration d’une alternative politique nous semblent indispensables. Cette grille d’analyse et les propositions globales de transformation que nous évoquons sont certainement ce qui manque le plus à l’actuel front dans les mobilisations - « unité des organisations syndicales, relayée par l’ensemble de la gauche politique et à la fois complétée et stimulée par un réseau de collectifs citoyens (…) » (dit votre texte) - pour qu’il puisse être porteur de débouchés. En un mot, on ne peut s’en tenir à un rôle de super-syndicat, d’aiguillon au sein des mouvements, même fournissant une indispensable grille d’analyse.


Voici maintenant nos remarques et propositions concernant la « constitution de la gauche alternative en nouvelle force politique dans laquelle puisse converger à la fois les différentes organisations et courants de la gauche alternative, mais aussi le plus grand nombre de militante- s du mouvement associatif et syndical (…) ». La perspective de la création d’une telle force est la perspective que nous avons formulée ensemble au lancement de la FASE : « Nous prenons l'initiative du lancement dès à présent d'une fédération de citoyenEs et de forces. Elle ne prétend pas être seule la force de transformation sociale et écologique si nécessaire, ni le noyau autour duquel cette force se construira, mais nous voulons contribuer à lui donner corps. Elle s’adresse à tous ceux qui le souhaitent, quelles que soient leurs appartenances et leurs engagements par ailleurs (y compris dans les partis existants). D’ores et déjà, les Alternatifs, la Coordination nationale des collectifs unitaires, l’Association des communistes unitaires, le Mai, Ecologie solidaire, des écologistes de gauche, des militantEs du mouvement social, des éluEs, s’engagent ainsi pour peser ensemble et créer un espace ouvert rassemblant des histoires et des cultures différentes. » (communiqué de lancement de la FASE, décembre 2008)

Bien sûr, il y a loin entre l’intention initiale et les traductions que nous avons, les uns et les autres, pu ou su donner à cette intention. Il est toujours plus facile de critiquer ce qui a été la culture politique dominante que de réussir à nous en dégager. Et les mois qui viennent de s’écouler disent toute l’urgence de ce travail. Nous n’en sommes que plus d’accord pour trouver le moyen d’aller plus loin, notamment par la structuration d’une force politique commune.


Nous ne partons pas de rien. Il importe bien sûr de préciser comment un tel projet se situe par rapport à l’existant, notamment par rapport à l’expérience en cours de la FASE et par rapport aux positions qui existent parmi les Alternatifs, pour aller délibérément au-delà. Votre texte de congrès ne traite pas cela, mais la réunion du 25 septembre a permis de commencer à échanger, de même que votre rencontre avec l’ACU. Pour nous, il s’agit de poursuivre le processus fédératif, avec une nouvelle étape consistant à structurer davantage un espace commun comme une force politique. Mais nous comprenons bien qu’il ne peut s’agir pour les Alternatifs de « rallier la FASE ». D’ailleurs à plusieurs reprises depuis décembre 2008, nous avons précisé qu’on ne demandait à personne de « se rallier » (avec ce que cela suppose d’alignement sur ce qui préexiste) mais au contraire que nous proposons de « se fédérer ».


Et bien voici : l’idée d’un dépassement de la FASE par une fusion avec les Alternatifs et nous l’espérons avec la participation d’autres militants et d’autres forces, dans des formes à préciser, à travailler, nous convient.


Précisons-en les termes. Dans un nouvel espace commun, certains viendront bien sûr avec l’idée que la nouvelle force correspond à une nouvelle étape d’un engagement déjà actuel, tandis que pour ceux des Alternatifs qui ne participent pas à la FASE, il s’agirait bel et bien d’un projet entièrement nouveau.


Les différences liées à l’histoire récente n’empêchent nullement d’envisager un tel projet et même c’est l’esprit du processus fédératif que de faire converger des forces et des citoyens dont les identités ne sont précisément pas… identiques. Cela suppose bien sûr de ne pas dévaloriser les expériences de chacun, de ne pas cultiver les ressentiments et de dépasser les points de blocage ou les difficultés, en ayant en tête, comme l’a dit un Alternatif le 25 septembre, que personne n’a « fait ses preuves ».


Lors de cette réunion, certains Alternatifs ont souligné avec force le caractère contre-productif de l’existence séparée des Alternatifs et de la FASE (situation incompréhensible en dehors des cercles militants les plus restreints, et encore), la difficulté de les faire vivre, les risques d’affaiblissement qui résultent de la situation actuelle… Pour les Alternatifs, il peut y avoir soit la perspective d’une dissolution du parti des Alternatifs dans ce qui serait une force politique plus large, structurée pour permettre un bon fonctionnement démocratique, ouverte et efficace à la fois, soit celle d’une séparation (mais alors on en reviendrait au caractère absurde de la séparation actuelle).


Il nous semble nécessaire d’aller au-delà de ces réflexions de bon sens. La critique de la FASE (telle qu’elle est) a davantage d’intérêt quand elle est tournée vers la formulation de propositions et la mise en place de pratiques permettant de dépasser ses insuffisances (fût-ce en réalisant son dépassement), plutôt que quand elle donne l’impression d’être là pour justifier la séparation actuelle. C’est vrai aussi bien concernant les aspects stratégiques qu’en matière de fonctionnement, où on ne peut pas constater la faiblesse du dispositif d’animation de la FASE sans se poser la question de son reformatage, de son élargissement, de la mise en place des processus et procédures de travail pour une dynamique fructueuse.


L’idée d’initiatives régionales sur telles et telles thématiques nous semble bonne : précisons quels thèmes, quelles problématiques et quelles animations communes pour en assurer le succès.


Dans le même temps, mettons dans les mains des militants potentiellement concernés la question de la création de cette force nouvelle : nous avons besoin d’approfondir la réflexion et d’échanger sur les contenus, la démarche, la méthode, les conditions d’une telle dynamique. N’attendons pas si nous voulons réussir.


Enfin, vous avez évoqué la possibilité d’expressions publiques communes qui pourraient intervenir dès à présent : nous sommes d’accord et nous proposons de le faire aussi rapidement et aussi régulièrement que possible.


Le Collectif d’animation national




MOC (Mouvement des Objecteurs de Croissance)


Bonjour à tous et bon Congrès


Nous ne pouvons vous confirmer que Jean Luc Pasquinet pourra se rendre à l'ouverture de votre Congrès, ayant nous même une réunion de notre Coopérative Mais voici un courrier que nous allons adresser à la Gauche anticapitaliste et antiproductiviste et que vous pouvez communiquer à vos congressistes Nous restions sur cet arc de rassemblement qui excluent toute alliance de premier tour avec la gauche productiviste , l'expérience du Languedoc , n'est guère un encouragement à renouveller des accords de premier tour avec le PCF Nous excluons également de participer à des exécutifs dominés par la social démocratie , ce qui nous éloigne de la stratégie du Front de gauche. Nous ne pensons pas que se compter au premier tour constitue un projet politique, mais faire émerger publiquement (lors d'une campagne électorale) une alternative antiproductiviste , anticapitaliste et écologiste me semble un enjeu à débattre


Christian Sunt


Pour un Rassemblement de la gauche antiproductiviste et de l'écologie radicale


Encore une fois la démarche tactique de l'unité pour l'unité, celle qui fait l'impasse sur la priorité à accorder à la stratégie de la rupture, va connaitre un renouveau médiatique ,opportunisme et électoraliste en faisant passer le moyen du rassemblement avant le but du rassemblement ;


Cela ne fera ainsi que renforcer le capitalisme et le social libéralisme que les partisans de "l'unitude" prétendent - certainement avec sincérité - combattre. L'unité ne devrait être qu'un moyen politique au service d'un but politique : le projet de transition. C'est pourquoi nous pensons que, quand l'unité passe avant le projet, alors l'unité n'est qu'unitude ( une posture médiatique).


Ce type de rassemblement ne parvient jamais à expliciter directement ce que serait l'attitude des "unitaires" au moment d'affronter le deuxième tour et les conditions de participation à des majorités (logique d'accompagnement ou logique de rupture ?).


Quelles sont pour nous , Objecteurs de Croissance les conditions possibles et souhaitables d'une alternative politique

• un axe de rupture et de radicalité plutôt qu'un axe d'accompagnement ,par une alternative clairement anti-capitaliste et anti-productiviste ; ne pas hésiter à lier systémiquement les injustices sociales, les irresponsabilités environnementales, les indécences sur le sens même de nos vies, les atteintes à la démocratie, les arrogances des pays riches vis à vis des pays qu'ils appauvrissent sans cesse.


• une alternative programmatique qui explicitement n'accepterait d'avoir des élus que pour favoriser - au sein des institutions - le renforcement mutuel des luttes sociales, des alternatives concrètes et des contre-pouvoirs.


• cette alternative programmatique devrait s'articuler autour d'un nombre restreint de chantiers (propositions) explicitement anti-capitalistes et anti-productivistes.


• cette alternative programmatique devra placer les politiques publiques en tête du combat contre le néolibéralisme sans retenue vis à vis de la politique européenne, y compris en acceptant de sortir du jeu truqué du libre-échange (par la création de monnaies locales , le refus des normes européennes , priorité et aides à la relocalisation de la production et des échanges, refus de la mise en concurrence , nouvelle taxation ....)


Néanmoins nous ne devons pas éluder l'enjeu du second tour et réfléchir aux conditions de notre soutien à une majorité de gauche , même si nous ne participons pas à l'exécutif


Tout désistement de second tour avec la gauche , devra se faire sur la base de l'acceptation de profondes modifications constitutionnelles, la création de nouveaux modes de scrutins (proportionnelle intégrale) pour toutes les Assemblées, l'exigence de bilan de mandat ,annuel et public, la possible révocation des élus , le non cumul des mandat dans les fonctions et dans le temps ,et l'extension de la démocratie sociale ....


Ce Pôle de Radicalité , anticapitaliste et antiproductiviste pourrait convenir à un grand nombre de militants de la Gauche Alternative Anticaptitaliste et de l'Ecologie radicale qui ne souhaitent pas se retrouver dans une coalition prête à gérer les institutions avec le Parti Socialiste, sur un programme d'accompagnement social- libéral productiviste


Nous vous proposons donc de nous rencontrer pour préparer l'annonce de cette proposition de Rassemblement Anticapitaliste et Antiproductiviste et développer nos propositions programmatiques communes

PCOF

Au congrès des Alternatifs


Paris, 12 novembre 2010


Cher(e)s camarades, cher(e)s ami(e)s


Par ces quelques mots, nous voulons tout d'abord vous remercier de votre invitation et vous transmettre les saluts chaleureux de nos militants.


Cela fait quelques temps déjà que nous nous côtoyons dans les batailles politiques et sociales, que nos militants apprennent à se connaître et à mener des batailles politiques ensemble. Ce n'est pas un hasard si nous nous sommes retrouvés sur des questions de fond, celles qui touchent à la nature impérialiste du système que nous combattons, un système qui vit sur le dos de la classe ouvrière et des masses populaires de notre pays et sur l'exploitation et le pillage des peuples des pays dominés, notamment d'Afrique.


Ce n'est pas non plus un hasard si nous nous retrouvons sur le terrain du combat contre la militarisation de l'économie et de la société, contre l'armement nucléaire, notamment l'armement nucléaire tactique et stratégique français. Et qu'il nous soit permis ici, d'évoquer votre camarade, Jean Paul Hébert, et de saluer sa contribution à ce combat. Et de regretter de ne pas avoir pu échanger davantage avec lui sur ces questions.


Nous nous sommes retrouvés à Strasbourg, dans la mobilisation contre l'Otan, contre sa politique de guerre, derrière une banderole qui dit ;  "Nous ne paierons pas votre crise, nous ne paierons pas vos guerres"


Ce mot d'ordre est plus que jamais d'actualité, dans le contexte où la crise non seulement n'est pas terminée, mais qu'elle alimente une concurrence de plus en plus acharnée entre grandes puissances autour du contrôle des matières premières, des sources d'énergies, des zones économiquement et militairement stratégiques, sur fond de tensions et de guerres de repartage. La sale guerre d'Afghanistan en est un maillon ; le prochain sommet de l'Otan prépare les prochaines.


Si nous insistons sur ces questions, c'est parce qu'elles ne sont pas - ou peu - prises en compte par les forces de ce que nous appelons la gauche de transformation sociale. Et que nous nous sommes souvent retrouvés ensemble pour les mettre en avant.


Il serait faux de les considérer comme une simple dimension supplémentaire, la touche "internationale" à apporter au combat contre la politique réactionnaire de Sarkozy. Aucun projet de rupture véritable avec le système capitaliste ne peut faire l'impasse sur ces questions.


Sarkozy applique la politique néolibérale suivie par la plupart des gouvernements, sans parler du FMI, de la Commission européenne, etc., une politique pour faire payer la crise et revenir sur les acquis sociaux et politiques conquis par les travailleurs et les peuples.


Cette politique suscite des mouvements de résistance, toujours plus nombreux et toujours plus forts. Le mouvement d'opposition à la contre-réforme des retraites a non seulement mis des millions de manifestants dans la rue, travailleurs, jeunes, femmes… il débouche sur une situation d'affrontement de classe plus intense, sur une situation que nous qualifions de guérilla sociale.


Cela nous interpelle évidemment, en tant que forces politiques.


Quelle traduction politique apporter à un mouvement d'une si grande ampleur, qui a largement dépassé la question de la réforme des retraites pour poser les questions de fond de cette société inégalitaire, de plus en plus anti démocratique, de plus en plus agressive, sur tous les plans.


Chaque force politique est en train de préciser ses positions, ses propositions, son alternative. Vous le faites dans ce congrès ; nous sommes engagés dans la même réflexion.


C'est une condition pour pouvoir trouver les terrains de lutte politique communs, pour élaborer une alternative politique crédible.


Quand nous parlons de batailles politiques, nous ne les limitons pas aux seules échéances électorales, même si celles-ci ont leur importance, mais, pour nous, elles sont avant tout un moyen pour développer et amplifier la mobilisation, le combat de classe.


Cher(e)s camarades


Nous avons des divergences, des différences d'appréciations, mais cela ne nous a pas empêchés de nous retrouver dans des batailles importantes. Notre Parti, qui lutte pour la conformation politique d'un front populaire révolutionnaire est convaincu de l'importance de l'apport politique des Alternatifs et nous pensons aussi que l'expérience de notre Parti, notamment dans le travail politique au sein de la classe ouvrière, des milieux populaires, peut alimenter votre propre réflexion.


Avec nos saluts militants


Le Comité Central du PCOF

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