lundi 7 mars 2011

Les Alternatifs nantais solidaires des salariées de l’Espace Simone de Beauvoir en grève demain mardi 8 mars.


Les salariées de l’Espace Simone de Beauvoir ont décidé de faire grève demain mardi 8 mars, journée internationale de luttes des femmes. Soutenues par l’union syndicale Solidaires et par la CGT, ces femmes dénoncent « la réalité des pratiques et des conditions de travail qu’elles subissent et dénoncent depuis des mois, sans qu’aucune évolution favorable n’ait été constatée ». Rappelant les valeurs défendues par l’association « qui « se donne comme priorité la défense des droits des femmes dans tous les domaines », elles demandent des réponses à leurs revendications tant sur les salaires, sur le temps de travail que leurs conditions de travail ».


Parce que l’existence même de l’Espace Simone de Beauvoir est un acquis majeur pour la défense des revendications et la promotion des femmes, les conditions de travail et de salaire de ses salariées se doivent d’être exemplaires. Ce n’est manifestement pas le cas. Les Alternatifs nantais le déplorent et apportent leur total soutien aux salariées en grève demain mardi 8 mars.



Rappel : les grévistes appellent à un rassemblement demain 8 mars à 12h devant l'espace 25 quai de Versailles à Nantes

LE QUIZZ FÉMINISTE DES SALARIEES DE L'ESPACE SIMONE DE BEAUVOIR



Je suis une femme seule, diplômée Bac +2, je travaille à temps partiel subi et je gagne 900 € par mois. Qui est mon employeur ? *

Je suis une femme ayant 2 enfants à charge, je gagne 1000€ par mois. Les frais de garde de mes enfants s’élèvent à ¼ de mon salaire mensuel mais on a refusé un aménagement de mon temps de travail pour alléger cette charge. Qui est mon employeur ? *


Je suis une femme chargée d’organiser et d’animer des temps de réflexion et de sensibilisation sur le féminisme et les questions de genre, mais je ne dois pas être militante féministe. Qui est mon employeur ? *


* Réponse : l’Espace Simone de Beauvoir


En cette Journée internationale des femmes, nous, salariées de l’Espace Simone de Beauvoir, association militante féministe, nous voyons contraintes de nous mettre en grève. Il nous apparaît en effet impossible d’exercer notre mission ce 8 mars 2011, eu égard à la contradiction profonde existant entre le sens de cette journée symbolique et la réalité des pratiques et des conditions de travail que nous subissons et dénonçons depuis des mois, sans qu’aucune évolution favorable n’ait été constatée. Rappelons quelques-unes des valeurs défendues par notre association qui « se donne comme priorité la défense des droits des femmes dans tous les domaines » (Lettre d’info n°90 - sept/oct 2010) :


AUTONOMIE ?

Sur le papier : « L’Espace Simone de Beauvoir dénonce les différences formes de pauvreté et de précarité qui touchent particulièrement les femmes (temps partiels contraints…) » (Lettre d’info n°85 – sept/oct. 2009)


En pratique : 4 salariées sur 6 travaillent à temps partiel et leurs salaires ne leur permettent pas de subvenir seules à leurs besoins (recours à la colocation, l’aide familiale, aux aides sociales…)


Question : L’Espace Simone de Beauvoir a choisi pour sa thématique du mois de mars 2011 de se pencher sur la question du travail et de l’autonomie des femmes. Les salariées peuvent-elles continuer à orchestrer de tels temps de réflexion théorique quand, en interne, leur propre situation ne fait pas débat, ne progresse pas ?


Sur le papier : « L’émancipation des femmes n’est pas tant une question technique qu’un projet politique » (Lettre d’info n°84 – mars/juin 2009)


En pratique : Assignées à une position d’exécutantes, les salariées voient régulièrement certaines étapes de leur travail remises en cause et n’ont pas à exprimer leur point de vue.


Question : L’Espace Simone de Beauvoir assure-t-il ainsi les conditions de leur émancipation ?


ÉGALITÉ ?

Sur le papier : « La solidarité féministe repose sur l’affirmation de l’égalité des femmes et des hommes et l’universalité des droits humains » (Lettre d’info n°89 – mars/avril 2010)


En pratique : Il existe des différences de traitement entre les salariées.


Question : L’Espace Simone de Beauvoir assure-t-il véritablement l’égalité entre tous et TOUTES ?


DIGNITÉ ?


Sur le papier : « L’Espace (…) combat les violences physiques, morales ou psychologiques » (Lettre d’info n°88 – mars/avril 2010)


En pratique : Règles de courtoisie bafouées, pratiques vexatoires ou humiliantes, délais déraisonnables (voire infinis) de réponses aux questions des salariées, stratégies d’étouffement des conflits, revers soudains de prises de décisions, pratiques usantes, épuisantes et énergivores…


Question : L’Espace Simone de Beauvoir lutte-t-il véritablement contre TOUTES les formes de violence ?


SOLIDARITÉ ?


Sur le papier : « Il est nécessaire de rompre le silence et de construire de nouveaux réseaux de solidarité. L’Espace Simone de Beauvoir est un de ces lieux de rencontre : rencontres des différences, réflexion avec les associations, propositions et vigilance. Il faut oser la parole. » (Lettre d’info n°82 – janv/fèv 2009)


En pratique : Révision subite, brutale et sans négociation d’accords salariaux, refus sans appel d’aménagement du temps de travail de salariées en difficulté…


Question : L’Espace Simone de Beauvoir ne prône-t-il la solidarité qu’en dehors de ses murs ?


Si l’on ajoute à ces questionnements le désengagement progressif de certaines associations adhérentes du Conseil d’administration de l’Espace Simone de Beauvoir (Mix Cité en 2010, Femmes solidaires il y a tout juste une semaine), précisément parce qu’elles et ils ne cautionnent pas les pratiques d’employeur de l’Espace Simone de Beauvoir, il apparaît d’autant plus urgent de réagir à la déstabilisation accrue d’une structure dont les salariées croient fermement aux valeurs profondes.


Au « devoir de loyauté » que tente de nous imposer notre employeur à son égard, nous répondons que c’est envers la défense des droits des femmes que les salariées s’estiment loyales, accomplissant à travers cette grève ce qui nous semble juste, égalitaire, digne et solidaire.

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