Le PS recule sur toutes les valeurs fondamentales de la gauche. Il restait, disait-on, le sociétal. L’ouverture du mariage aux couples de même sexe prouvait l’engagement du gouvernement sur ces enjeux qui ne sont, en réalité, pas déconnectés du social. C’était sans compter l’alliance des musulmans rigoristes et des catholiques intégristes qui viennent d’avoir la peau de “l’ABCD de l’égalité”.
Benoît Hamon a annoncé que ce programme anti-sexiste ne sera pas généralisé à la rentrée 2014, contrairement à ce qui était prévu. Après un tête-à-tête avec François Hollande, le nouveau ministre de l’éducation a décidé de sacrifier le dispositif, préférant “la médecine douce” face à la propagande contre la prétendue “théorie du genre”.
La ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a accompagné cet abandon en rase campagne d’un outil pourtant simple et efficace pour combattre les stéréotypes garçons/flles à l’école.
Les cheminots ou les intermittents auraient bien aimé une telle considération pour leurs revendications mais ce gouvernement qualifié de gauche écoute à droite, des pigeons à la manif pour tous.
Depuis des mois, Farida Belghoul, l’égérie des “Journées de retrait de l’école”, propage la rumeur, attise les peurs, unit les intégristes de divers horizons. Elle orchestre une opération de désinformation inédite, stipulant que les garçons seraient obligés de mettre des jupes ou que des cours de masturbation seraient donnés en maternelle. La force publique est restée comme abasourdie et apeurée devant cette offensive.
Dans certains quartiers populaires, plus d’un quart des élèves ont parfois déserté l’école pour les fameuses “Journées du retrait”. La rumeur a eu gain de cause dans de larges franges, ce qui traduit une grave crise de légitimité des institutions. Au lieu de mener l’offensive et d’accroître l’information, le gouvernement a pédalé dans la semoule puis renoncé.
Dans Le Monde, une tribune signée par des associations comme Osons le féminisme ou le Collectif éducation contre les LGBTphobies a appelé le ministre à généraliser l’ABCD. Le lendemain, Benoît Hamon et Najat Vallaud- Belkacem ont réagi par des messages identiques sur leurs comptes Twitter : L’éducation à l’égalité est une mission essentielle de l’école. Il n’est "nullement question d’y renoncer". La langue est de bois. L’égalité peut aller se faire voir ailleurs.
- éditorial de l'hebdomadaire Cerises
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