lundi 14 juillet 2014

Il y a 225 ans. Hier et aujourd’hui. Chassons l’Imposteur !, par Raoul-Marc Jennar


14 juillet 1789, le peuple de Paris s’empare de la Bastille, symbole du despotisme monarchique. La Révolution française commence. Même si une analyse plus fine pousse à voir ses prémisses dans la convocation des Etats-Généraux et la rédaction des cahiers de doléance, l’acte révolutionnaire, c’est le surgissement populaire qui ne va plus s’arrêter et conduira à l’abolition des privilèges, à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, à la proclamation de la République le 21 septembre 1792 – une date jamais célébrée – à l’approbation de la Constitution de l’an I, le 24 juin 1793. 

Menacée de l’intérieur par les royalistes et de l’extérieur par une coalition de six monarchies européennes, la jeune République survivra au prix d’immenses souffrances. On connaît la suite : le 9 Thermidor et le 18 Brumaire mettront fin à l’idéal égalitaire proclamé en 1793. Le Directoire puis l’Empire marqueront un recul sensible des exigences laïques, sociales et démocratiques. 


En 1989, lors du bicentenaire de la Révolution, rien ne fut négligé par le pouvoir PS d’alors pour réécrire l’Histoire.Réduire l’événement à ce qui convenait le mieux à un PS transformé par le tournant de 1983 : magnifier la séquence bourgeoise de 1789-1792 et diaboliser la figure de Robespierre en faisant de celui qui avait le premier compris les limites de l’égalité formelle proclamée en 1789 le précurseur de Staline et de Pol Pot. 

Robespierre exprime une conscience aigüe de la permanence de la lutte des classes. C’est pour cela que toute une littérature en a fait un monstre sanguinaire. 

Et aujourd’hui ? Après avoir subi les attaques violentes d’une droite sans complexe, le peuple de France subit celles, plus violentes encore, d’une droite complexée qui n’ose pas encore dire son vrai nom et qui aveugle encore beaucoup tant l’abandon total de l’espérance socialiste par le PS suscite l’incrédulité et l’incompréhension. 

Depuis 1983, ce sont des personnalités du PS qui ont été à la pointe de toutes les régressions démocratiques et sociales : le tournant de la rigueur encore appelé « plan Delors », la dérégulation financière organisée par Fabius, l’adhésion enthousiaste aux accords de l’OMC par Rocard, Cresson et Bérégovoy, les privatisations massives de Jospin et Strauss-Kahn, l’adhésion de Hollande en 2005 et en 2012 aux atteintes à la souveraineté populaire par les traités européens, l’ANI que tous les présidents depuis Pompidou avaient refusé au patronat, les dizaines de milliards offerts sans contrepartie aux plus importantes des entreprises, le soutien des parlementaires PS nationaux et européens à des accords internationaux négociés dans le plus grand secret et qui ont tous pour objectif de soumettre les peuples au pouvoir du secteur privé… 

Lorsque le peuple s’est opposé à leur volonté, comme en 2005, ils ont commis ce crime contre la démocratie d’ignorer la volonté du peuple. 

« Le monde a changé et il faut s’adapter aux réalités nouvelles » nous disent les artisans de ce monde de plus en plus éloigné des idéaux socialistes. Car ce monde ouvert à la concurrence de tous contre tous, ce monde de plus en plus inégalitaire, qui démantèle les uns après les autres les acquis démocratiques et sociaux, ils l’ont voulu, ils l’ont négocié, ils l’ont décidé. 

La social-démocratie française a été à la pointe de la mondialisation néo-libérale avec des Delors, des Pascal Lamy, des Strauss-Kahn, des Moscovici. En France, en Europe et dans le monde, ces gens-là ont donné aux firmes privées tout ce qu’elles demandaient. Ils ont créé les conditions de la dictature de la finance mondiale. Et ils continuent dans les négociations de l’Accord sur les Services (ACS ou TISA) et du Partenariat transatlantique (GMT ou TAFTA). 

Pour dissimuler leurs méfaits, ils usent du secret et du mensonge devenus de véritables méthodes de gouvernement. Depuis 1983, face à la volonté de revanche et à la rapacité sans limites du monde des affaires et de la finance, la force politique historiquement en charge des plus faibles et de ceux qui ne vivent que de leur travail a déserté. Pire, elle a trahi. 

Ceux qui se prétendent les héritiers de Jaurès sont des imposteurs. Et le premier d’entre eux est à l’Elysée. « Il a été élu par le peuple », me dira-t-on. Certes, mais sur la base d’un engagement global qu’il renie chaque jour depuis le lendemain de son élection. Si son statut est légal, il a perdu toute légitimité. Au regard de son engagement, il y a forfaiture morale et politique. Il est devenu l’Imposteur. 

Combien de temps encore allons-nous supporter cela ? Sommes-nous volontaires pour la servitude ou volontaires pour la révolte ? Aujourd’hui, pour commémorer le 14 juillet 1789, on amuse la galerie avec un défilé militaire sur les Champs-Elysées. Alors que la liberté et l’égalité réclament qu’on se souvienne du peuple insurgé, de sa volonté de briser les chaînes du despotisme et de l’obscurantisme, de son refus de la fatalité, de sa soif de justice. 

Ne serait-il pas plus approprié, pour honorer la mémoire de nos grands aînés de 1789, de 1793, de 1830, de 1848, de 1871, de 1936 et de la Résistance, de réclamer la révocation de celui qui incarne au plus haut niveau cette trahison des idéaux démocratiques et sociaux ? Pour être dignes de nos aînés et des idéaux qu’ils ont portés dans le sang et les larmes, en ce 14 juillet, exigeons le départ de l’Imposteur ! Et préparons une VIe République, une République sociale, digne des ambitions de 1793

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