"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mardi 29 juillet 2014
Il nous faut défendre haut et fort le droit de condamner Israël dans le conflit en cours sans se faire taxer d’antisémites pour autant. Et affirmer que, quand on est de gauche, c’est même un devoir élémentaire
C’est un paradoxe que la signature de ce texte uniquement par des individus d’ascendance juive ou arabe justement pour défendre avec la dernière énergie que les bombardements de Gaza n’ont à voir ni avec la religion, ni avec les origines.
Le gouvernement israélien mène une politique coloniale barbare que l’on pensait propre aux siècles passés. Un gouvernement israélien d’alliance entre la droite et l’extrême droite, où de plus cette dernière a pris le dessus ces dernières semaines. Ce qui se passe là-bas est un conflit national, politique, où Israël, minutieusement, année après année, détruit consciemment toute possibilité de paix et de cohabitation avec les Palestiniens, en particulier par l’élargissement sans fin des colonies et le blocus de Gaza, explicitement condamnés de longue date par l’ONU. Et de toute façon un simple et salutaire réflexe d’humanité devrait suffire à condamner la barbarie du recours massif aux bombardements contre les populations civiles.
Mais voilà que le gouvernement français, qui se dit de gauche, a pris fait et cause pour cette barbarie en déclarant légitime l’offensive de Tsahal. Rompant ainsi avec l’équilibre au moins de façade remontant à de Gaulle, en passant par Chirac et Mitterrand. Voilà qu’il transforme en dépit de toute réalité la question en conflit « communautaire » voire « religieux » en France même. Par ses positions, par l’interdiction inadmissible de manifestations en soutien à Gaza, il joue au pompier pyromane. Ouvrant la voie à un antisémitisme délétère devenu « antisionisme des imbéciles ». Un antisémitisme qui, comme tous les racismes, doit être combattu avec la dernière énergie.
Alors oui, il nous faut défendre une fois de plus haut et fort le droit de condamner Israël dans le conflit en cours sans se faire taxer d’antisémites pour autant. Et affirmer que, quand on est de gauche, c’est même un devoir élémentaire. Que nous, signataires de ce texte, refusons de laisser ramener nos personnalités et nos itinéraires politiques à de supposées « origines ». Mais que nous refusons tout autant l’instrumentalisation de celles-ci que d’autres n’hésitent pas à mettre en œuvre avec l’appui indécent de Valls et de Hollande.
A Gaza, c’est d’abord et avant tout l’humanité qu’on assassine. Et pour dire cela, pour le crier le plus fort possible, nul besoin d’être d’origine arabe ou juive. C’est un devoir élémentaire auquel nous appelons toutes et tous, comme nous appelons le gouvernement français à arrêter de jouer avec le feu. De toute urgence.
Rony Brauman, Gilbert Achcar, Samy Johsua, Ada Bekkouche, Michael Löwy, Alima Boumedienne, Farouk Mardam-Bey, Younès Ajarraï, Pierre Stambul, Mohammed Bensaada, Michel Cahen, Matéo Alaluf, Salam Kawakibi, Françoise Davisse, Nebia Geitner, Luc Richir, Mohamed Paz, Zaïber Ben Lagha, Guy Corbi, Jacqueline Mahmud-Sebbagh, Mathieu Bolléa, Mustapha Kourir, Bassma Kodmani, Jim Cohen, Omar El Shafei, Neli Busch
PS) tribune parue sur Médiapart
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