"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
jeudi 10 juillet 2014
Notre Dame des Landes : "une lutte qui montre l'exemple par sa durée, par son ampleur" - Intervention de Myriam Martin au rassemblement des 5 et 6 juillet
Chers ami-e-s, chers camarades
Je voudrais dire d'abord combien je suis heureuse d'être ici parmi vous. Je voudrais vous dire d'abord bravo par le succès de ce grand rassemblement et merci pour votre lutte. Mais la lutte contre l'aéroport de NDDL n'est pas seulement une grande lutte contre un grand projet inutile. C'est plus que cela : c'est une lutte qui montre l'absurdité de projets économiquement aberrants, écologiquement désastreux, démocratiquement insupportables. C'est aussi une lutte qui montre l'exemple par sa durée, par son ampleur. Un modèle partout en France de résistance que tous et toutes ici, quels que soient les acteurs de cette lutte, vous avez su insuffler.
L'acharnement du gouvernement arque-bouté sur ce projet est stupide et inadmissible. Le même gouvernement n'est pas aussi acharné quand il s'agit de combattre le patronat et le Medef, Medef devant qui il cède systématiquement comme on l'a vu récemment, il y a quelques jours à peine, à propos de la « conférence sociale ».
Mais ici à NDDL le gouvernement s'est acharné à réprimer ! Je veux tout d'abord apporter mon entière solidarité et mon soutien à tous ceux et toutes celles victimes de la répression, ici et ailleurs, comme pour les « 1000 vaches », et nous devons tout simplement exiger que cesse la criminalisation du mouvement syndical et social, et exiger l'amnistie de tous les condamné-e-s !
Le projet d'aéroport de NDDL est un grand projet inutile, GPII lui-même, le symbole d'un système, le capitalisme et son corollaire, le productivisme. Système dont on connaît les conséquences dramatiques pour la nature, l'environnement, notre écosystème commun, pour la survie même de l'humanité.
Puisque la question posée était celle de « quels projets utiles pour l'humanité ?», la question se pose pour nous de la manière suivante : à ce système prédateur qu'est le système capitaliste, il faut poser la question d'une alternative politique. Alternative politique essentielle pour porter la transition écologique et sociale que nous voulons. Il n'y a pas de solutions dans le capitalisme, aussi vert soit-il ! Et parce que toutes politiques qui visent à affronter les conséquences dramatiques des activités humaines qui ont conduit à la crise écologique majeure que nous connaissons, sont contradictoires avec la logique essentielle du capitalisme, c'est à dire produire n'importe quoi, n'importe où, dans n'importe quelles conditions ! C'est donc plus qu'un enjeu de société qui se pose mais bien un enjeu de civilisation !
C'est aussi ce qu'a démontré le combat de NDDL : deux logiques irréconciliables s'affrontent. Tout ce weekend, les débats riches dans les ateliers ont montré qu'il était possible d'élaborer, de discuter, de porter des projets alternatifs, d'imaginer un autre projet de société : un projet de société non pas irréalisable ou utopique, mais un projet de société tout simplement humain, pour répondre tout simplement aux besoins fondamentaux, aux besoins sociaux, écologiques et démocratiques. Les capitalistes, les productivistes de tout poil nous répondent que ce n'est pas possible, ils caricaturent nos projets, parlent de retour en arrière, de privations etc...
Mais c'est le capitalisme qui provoque de nombreuses privations pour beaucoup et qui favorise l'accaparement, les profits pour quelques uns. La société que nous voulons bâtir n'est pas une société de la frugalité, mais une société de la sobriété et de la justice sociale. Les deux ne sont absolument pas contradictoires mais au contraire complémentaires.
Economiser, en finir avec le gaspillage, produire écologiquement et socialement utile, sortir du nucléaire, investir dans les énergies renouvelables, relocaliser les productions, agricoles notamment en développant une agriculture paysanne dont l'objectif premier et unique serait de nourrir les peuples et assurer la souveraineté alimentaire. Voilà les chemins qu'il faudra emprunter ! Pour cela, il faudra développer et améliorer les services publics existants et en développer d'autres dans des domaines qui correspondent aux besoins fondamentaux (comme les transports, l'eau, le logement, l'énergie) et donc qui doivent échapper à la logique du marché.
Mais pour s'engager sur cette voie, si notre perspective remet en question le mode de production et de consommation capitaliste, c'est donc s'assurer et assumer enfin le primat du politique sur l'économique. Et ça pose donc la question essentielle de la démocratie. Il faut mettre à bas les institutions de la cinquième république dont le pourrissement n'est plus à démontrer. Il faut prendre nos affaires en main, comme vous l'avez fait ici dans le combat contre l'aéroport. La démocratie ce n'est pas le vote tous les cinq ans, la démocratie ce n'est pas la décision d'un seul individu ou de quelques un-e-s fussent-il/elles élu-e-s ! Elle ne doit plus descendre d'en haut, mais bien partir d'en bas.
Là encore, la lutte de NDDL, l'organisation de la résistance en est un exemple évident : il y a une intelligence collective qui s'organise démocratiquement en amenant débats, discussions et décisions, là même où se posent les problèmes, les enjeux ! Je m'arrêterai là. Pour finir je fais le pari que la lutte contre l'aéroport de NDDL ça sera notre Larzac à nous, et que, la prochaine fois qu'on se verra, cela sera pour fêter la victoire !
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