mercredi 22 octobre 2014

"Nous devons nous mobiliser, manifester dans nos rues, faire pression sur nos gouvernements pour que Kobané vive, que l’“État islamique” soit refoulé et que le massacre des hommes, des femmes et des enfants soit empêché", par Jean Ziegler


L’hypocrisie des Américains est abyssale. Leur aviation bombarde des agresseurs de l’“État islamique” dans les banlieues orientales et méridionales de la ville de Kobané. Celle-ci est défendue par des combattants – hommes et femmes – du Parti des travailleurs kurdes (PKK), mal armés et en nombre totalement insuffisant. 

À quelques kilomètres au nord, sur la frontière turco-syrienne, les renforts kurdes sont bloqués par les soldats turcs. Les blessés et les derniers réfugiés de Kobané tentent d’atteindre les hôpitaux et camps de réfugiés sur sol turc. Les soldats turcs fouillent les ambulances pendant des heures, parfois des jours. Des blessés meurent en nombre. Les réfugiés sont bloqués dans le “no man’s land” qui longe la frontière côté syrien. La Turquie est un État membre important de l’Otan. Or, le gouvernement américain n’exerce aucune pression sur les Turcs. Car Washington maintient le PKK sur sa liste des organisations terroristes. 


La ville de Kobané est la plus grande ville kurde de Syrie. Elle est le chef-lieu d’un des trois cantons kurdes libérés en août 2012. Une administration autonome, des services sociaux, des comités de défense y fonctionnent depuis plus de deux ans. 

Des familles kurdes sunnites et chiites, des Arabes sunnites et alaouites, des Turkmènes, des chrétiens assyriens et orthodoxes, des yezidis y vivent en liberté et dans une entente totale. 

Kobané préfigure la Syrie démocratique, souveraine, multiethnique, laïque de demain.Cette ville ne survit aujourd’hui que grâce à l’héroïsme des hommes et des femmes (elles forment 40 % des combattants) du PKK, qui, en Syrie, a pris le nom d’unité de défense du peuple. Le PKK est un puissant parti communiste. Il concentre sur lui la haine des Ottomans, mais aussi la profonde défiance de maintes chancelleries occidentales. 

Nous devons une solidarité absolue aux combattants de Kobané. Nous devons nous mobiliser, manifester dans nos rues, faire pression sur nos gouvernements pour que Kobané vive, que l’“État islamique” soit refoulé et que le massacre des hommes, des femmes et des enfants soit empêché.

Jean Ziegler, Vice-président du Comité consultatif des droits de l’homme des Nations unies 

http://www.humanite.fr/jean-ziegler-kobane-prefigure-la-syrie-de-demain-555339#sthash.jhKQCk4y.dpuf

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