Les temps sont rudes, violents, stupéfiants parfois, mais l’heure est venue de relever les manches pour reprendre la rue et ouvrir l’espoir. Un sursaut s’impose, un rassemblement inédit doit voir le jour si l’on ne veut pas que la liberté et l’égalité soient broyées sur l’autel de la réaction et de l’austérité.
Il y a urgence à ce que des forces politiques tels que le Front de Gauche, le NPA, LO, la gauche du PS ou d’EELV s’associent aux mouvements sociaux, aux syndicalistes, aux artistes et intellectuels décidés à dire « stop » à cette vague réactionnaire, « stop » à ce renoncement à améliorer nos vies, à étendre nos droits, protections et libertés, à donner du sens humain à ce monde de brutes. Une réunion ouverte, sans hiérarchies internes notamment entre social et politique, tournée vers l’impératif de donner une impulsion pour faire entendre une autre voix, celle du progrès humain, social et sociétal.
Notre capacité à ouvrir un espace, un chemin, est décisif car l’atonie nous guette. Avec un gouvernement prétendu de gauche qui fête Noël tous les jours au Medef et capitule devant quelques franges des plus réactionnaires de la société, le « peuple de gauche » semble abasourdi. Battant tous les records d’impopularité, François Hollande ne compte même plus qu’un sympathisant socialiste sur deux pour le soutenir.
Sans doute les adeptes d’une alternance PS/EELV pouvaient-ils espérer une relance économique avec les politiques d’austérité puisque tout le monde, en haut, entonne le refrain du « there is no alternative ».
Le résultat : 10 200 chômeurs de plus en décembre dernier, des inégalités qui se creusent (oui, depuis la crise des subprimes, les riches sont plus riches et les pauvres sont plus pauvres, comme vient de l’exprimer fortement un rapport de l’ONG Oxfam) et les entreprises qui engrangent des profits et touchent des aides de l’Etat.
Alors, la gauche semblait rester la gauche tant qu’elle avait au moins à son actif des réformes sociétales. Le mariage pour tous est un progrès en termes d’égalité des droits et participe d’une refonte nécessaire de la conception de la famille, qui se doit désormais de prendre un « s ». Au moins là, la gauche de gouvernement tenait bon.
Et patatras…Deux manifs un peu musclées, l’une aux slogans fascistes et l’autre aux relents terriblement conservateurs, la messe était dite : voici la loi famille remisée aux calendes grecques.
L’électeur de gauche consciencieux a la gueule de bois. Et je ne doute pas qu’il, elle attend un déclic pour se remettre en route, reprendre le chemin escarpé mais enchanteur de l’émancipation humaine.
Car si la droite dure prend la rue, que le gouvernement dit de gauche mène une politique de droite, comment pourrions-nous rester l’arme au pied ? Ce serait une folie. Vite, donnons de la voix, ensemble. Marchons, manifestons !
Clémentine Autain (publié sur Médiapart).
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