mardi 4 février 2014

Notre Dame des Landes : les recours contre les arrêtés du Préfet du Région déposés au Tribunal Administratif de Nantes.


Une centaine de manifestant-e-s étaient présents lundi matin devant le Tribunal Administratif de Nantes pour accompagner le dépôt de quatre recours contre les arrêtés relatifs à la destruction des zones humides et des espèces protégées, signés le 21 décembre dernier par le Préfet de Région. Juristes, élu-e-s, syndicalistes, militant-e-s ou simples citoyens, tous avaient conscience de l'importance de ces recours contre le feu vert au démarrage des travaux décidé par l'Etat. Si ces recours ne sont pas suspensifs, en cas de début des travaux, un recours en référé les suspendrait pour deux mois. 

 « Nous considérons que l'Etat et le concessionnaire (Vinci) sont dans l'incapacité écologique et technique de procéder aux compensations environnementales qu'impose la loi en cas de destruction d'une zone humide ou d'espèces protégées » a expliqué à la presse l'un des avocats représentants les 3 associations dépositaires de ces recours, l'ACIPA, le CéDpa (élu-e-s doutant de la pertinence d'un nouvel aéroport) et l'ADECA (les agriculteurs du bocage touchés par le projet). 


Comme l'expliquent les Naturalistes en lutte qui ont expertisé le bocage de Notre Dame des Landes et identifié de nombreuses espèces protégées non répertoriées lors de l'étude environnementale (1), la méthode de compensation retenue par les promoteurs du projet est une pure illusion. « Les maîtres d'ouvrage et leur bureau d'études ont crée une méthode de compensation sur mesure qui ne prend pas en compte la totalité des espèces protégées, trop nombreuses sur le site. Ils ont édicté des règles de compensation inédites, tenant ainsi de contourner des lois de protection de la nature qui, étant donné l'ampleur pharaonique du projet, ne peuvent pas être strictement appliquées à Notre Dame des Landes.... AGO (Aéroport du Grand Ouest) et la DREAL ( Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) souhaitent autoriser le remplacement d'un milieu ou d'une espèce détruite par la création ou la restauration d'un élément qui peut être totalement différent mais de valeur équivalente. C'est exactement comme si on prétendait compenser la destruction du château de Chambord par le nettoyage de Notre-Dame-de-Paris ! ». 

Faute d'arguments sur le fond, et sans contester la contre-expertise des scientifiques, AGO-Vinci et l'Etat se retranchent derrière les soi-disant « études complètes » des inventaires réalisés par leurs soins, tandis que les Ailes de l'Ouest, la pseudo association en faveur d'un nouvel aéroport qui réunit MEDEF, PS et UMP, se lancent dans une délirante dénonciation des opposant-e-s accusés de faire pression sur les paysans qui refusent de confier leurs terres à Vinci pour y implanter les fameuses mesures compensatoires(2) et appellent à commencer les travaux au plus vite. 

Sans attendre la décision du Tribunal Administratif - ni tenter un impossibles pari sur ce qu'elle sera - l'urgence en ce début d'année 2014 est bien de relancer la mobilisation citoyenne la plus massive possible contre un projet de nouvel aéroport porté par la seule oligarchie, inutile au regard de l'existant et écologiquement désastreux. Faire céder Ayrault /Vinci et sauver le bocage et les terres agricoles de Notre Dame des Landes, c'est bien là tout l'enjeu de la manifestation du 22 février à Nantes, 13h devant la Préfecture. 

J.D.

1 ) Loïc Marion, chercheur du CNRS en écologie à l'université de Rennes, ancien directeur de la réserve naturelle de Grandlieu, indiquait ainsi à, Ouest France « Six espèces rares et protégées par la loi ne sont pas dans l'étude préalable. Pour les insectes, on compte 600 espèces alors que seulement 71 figurent dans les dossiers officiels. Un nombre conséquent de plantes n'y est pas non plus. Elles n'ont pas été recherchées à la bonne saison. Manquent aussi quatre habitats protégés par une directive européenne » (OF, 25/1/2014). 

2) A la date du 31 janvier, 52 exploitants agricoles se sont ainsi engagés à ne passer aucun accord avec AGO-Vinci et l'Etat. Ils représentent pas moins de 6800 hectares de terres agricoles dans la première couronne autour de la zone d'aménagement.

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