vendredi 7 février 2014

Education prioritaire : Où est la refondation ?


Le plan pour l’éducation prioritaire récemment présenté par Vincent Peillon n’infléchit en rien les politiques précédentes de destruction menées par la droite sarkozyste. 100 établissements puis, promet-on, bientôt 350 seront classés en éducation prioritaire. C’est peu au regard des besoins urgents, surtout lorsque près de 10% des établissements actuellement classés en zone prioritaire en sont exclus dans ce nouveau plan. 

L’austérité budgétaire mise en place par le gouvernement Hollande-Ayrault pèse lourd dans l’absence de véritables moyens mis en place pour « refonder » l’éducation prioritaire.  

Les décharges horaire promises au collège pour les personnels (16,5 h au lieu de 18h présence élèves) risquent fort de se transformer en heures supplémentaires pour les personnels dans le cadre de dotations horaire étriquées pour la rentrée prochaine. 

Dans le primaire les 9h de décharge par an sont trop flous pour véritablement engager des dynamiques permettant de remédier aux difficultés des élèves. 


Enfin c’est toujours la même conception managériale qui inspire le ministère qui prétend soutenir le terrain mais impose que les conseillers pédagogiques auprès des équipes soient nommés par les corps d’inspection et avec les coordonnateurs (inter degré, par niveau, par discipline) c’est bien une hiérarchie intermédiaire qui est créée et qui est appelée à bénéficier d’avantages matériels prévus (avancement de carrière plus rapide au détriment des autres enseignant-e-s). Ce n’est pas en divisant les personnels qu’on améliorera les conditions d’enseignement et d’études pour les élèves. 

La véritable défense des zones prioritaires ce sont les personnels des établissements prioritaires des Hauts de seine et de Seine Saint Denis en grève actuellement pour de meilleures conditions de travail à la rentrée prochaine qui la mènent. 

Partisans d'un système éducatif placé sous le double signe de l'émancipation et de l'autogestion, les Alternatifs sont favorables depuis toujours à la priorité accordée à la lutte contre les inégalités sociales, territoriales et éducatives, et à la lutte contre l'échec scolaire qui pénalise d'abord les enfants des milieux populaires. 

C'est pourquoi le principe même des Zones d'Education Prioritaire (« donner plus à ceux qui ont moins ») demeure pour les Alternatifs un acquis de toujours, qu'il faut défendre et refonder à la fois. En effet, pour que les ZEP puissent jouer tout leur rôle, leur redéfinition sur des critères sociaux est indispensable, de même qu'une réorientation d'ensemble de la politique budgétaire et éducative. 

Dans ce sens, ce qui est à l'ordre du jour, c'est l'arrêt immédiat de l'austérité et du grignotage systématique des moyens accordés à l'éducation prioritaire ; l'augmentation massive des moyens et des postes pour le travail en équipe et l'inclusion de la concertation des équipes pédagogiques dans le service enseignant pour l'ensemble des personnels -et non pas pour une partie d'entre-eux- ; le pilotage des ZEP par les personnels eux-mêmes, sans caporalisation hiérarchique comme c'est le cas dans le projet Peillon. Sans de telles mesures, le projet Peillon n'aboutira qu'à une gestion de la pénurie, à la division des personnels et à la continuation de l'affaiblissement des ZEP à peine dissimulé par quelques avancées dont la fonction sera celle de l'alibi. 

Dans toutes les ZEP, la mobilisation unitaire s'impose pour déborder le cadre étriqué et ambigü du projet Peillon, refonder les ZEP pour en faire les véritables outils dont les enfants et les jeunes des quartiers populaires ont tant besoin ! 

La Commission Education des Alternatifs, le 7 février 2014

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