vendredi 29 mars 2013

Forum Social Mondial : en direct avec la délégation des Alternatifs


Le procès du doyen Kazdaghli à nouveau reporté 

A l’automne 2011, des salafistes tunisois ont occupé pendant un mois la faculté de la Manouba pour demander un lieu de prière interne à la faculté et l’autorisation de porter le niqab pour les étudiantes pendant les cours et les examens. Ces deux propositions, conformément à la loi tunisienne, ont été rejetées par le conseil scientifique de la Manouba, comme elles ont été refusées par les autres universités. 

En mars 2012, les salafistes ont remis la pression en brulant un drapeau tunisien dans la faculté et en le remplaçant par leur drapeau noir. Quelques jours plus tard, deux étudiantes en niqab sont entrées dans le bureau du doyen Kazdaghli et ont commencé à le mettre à sac tandis que leurs complices jetaient des cailloux, brisant les vitres du bureau. Le doyen a porté plainte contre les deux étudiantes qui, à leur tour, ont porté plainte pour une prétendue gifle et ont produit un faux certificat médical. Lors d’une première audience, la plainte des étudiantes -pour laquelle Habib Kazdaghli ne risquait qu’une peine légère- a été requalifiée à la demande du parquet (sur ordre du ministère et du pouvoir nahdiste) ; désormais Habib Kazdaghli risque 5 ans de prison pour une gifle qu’il n’a pas donnée. Le procès a été repoussé plusieurs fois. Habib Kazdaghli a participé à l’université d’été des Alternatifs à Méaudre en août dernier. 

Les enjeux de ce procès sont centraux dans la situation politique de la Tunisie actuelle, aussi bien pour l’université que la justice : 
 - La liberté d’enseigner sans pression politique, idéologique ou religieuse : il n’est pas acceptable qu’un courant politique, rétrograde et antiscientifique de plus, impose son idéologie aux universités, 
 - La liberté de la justice : le cordon soumettant les magistrats à la hiérarchie gouvernementale hérité de Ben Ali doit être définitivement coupé. 


Hier, 27 mars, une conférence de presse a été donnée dans le cadre du FSM. Les Alternatifs y ont apporté leur soutien au doyen. Aujourd’hui, 28 mars, une délégation était présente à la manifestation devant le tribunal de la Manouba et nous avons appris que, suite à la grève des magistrats qui demandent la fin de la tutelle du pouvoir sur la justice, le procès a été reporté au 4 avril. 

Jacques Fontaine 

Les Grands travaux inutiles, imposés et nuisibles au Magreb

NON au TGV Tanger Rabat Casablanca 

Le Maroc consacre aujourd’hui une part importante de ses ressources financières à une entreprise dont le bénéfice est pour le moins discutable pour les populations. Le coût total du projet annoncé représente 25 milliards de Dirhams (un peu moins de 5 milliards d’Euros) et ceci sans compter les déficits prévisibles d’exploitation et les éventuels surcoûts des travaux une fois le projet arrivé à son terme. 

Pour se donner une idée, cela représente à ce jour l’équivalent de la construction de 25 000 écoles en zone rurale ou 3 000 lycées en zone urbaine ou 25 grands centres universitaires hospitaliers totalement équipés d’une capacité globale de 22 000 lits ou 16 000 kilomètres de routes rurales. Ces quelques exemples montrent la monstruosité de ce projet qui va entrainer l’expulsion de plusieurs milliers de petits paysans exploitants des terres fertiles qui n’auront pour seule solution que de partir ou vivre dans la misère dans les faubourgs des grandes villes. 

Bien entendu, un tel projet est pris sans concertation ni débats publics avec les habitants. Il ne prend par ailleurs aucunement en compte ses conséquences sur l’environnement et les écosystèmes. 

Ce projet est d’autant plus aberrant qu’il existe une voie ferrée Tanger Rabat Casablanca qui pourrait être modernisée pour un coût financier et environnemental bien moindre. Une question se pose : à qui profite le crime sinon aux gros investisseurs du BTP, au système bancaire (y compris les banques françaises) et aux dirigeants du pouvoir marocain. De multiples associations (Attac, Transparency, ….) et des citoyens marocains se mobilisent depuis des mois contre ce projet néfaste et nuisible. 

Roland Mérieux 

Le Tribunal Russel pour la Palestine a rendu ses conclusions et les présente au FSM de Tunis 

Reprenant une initiative prise lors de la guerre du Vietnam pour « juger » – certes de façon symbolique mais en se basant sur les règles du droit international – les crimes commis par les Etats-Unis, un certain nombre de personnalités ont constitué un Tribunal Russel pour la Palestine (TPR). Ce TPR a tenu 4 sessions préalables (Barcelone mars 2010, Londres novembre 2010, Cap Town novembre 2011, New York novembre 2012) et a présenté ses conclusions et recommandations lors d’une session finale qui s’est tenue en mars 2013 à Bruxelles. 

Le TPR va présenter le plus largement possible ses conclusions. Il a décidé de mettre en avant les éléments suivants : 
 -les violations particulières du droit international commises par Israël 
 -les principales caractéristiques du régime israélien : apartheid et sociocide 
 -les responsabilités des états en particulier des USA qui assistent Israël dans ses violations du droit international 
 -la même responsabilité des organisations internationales (ONU et UE) 
 -la responsabilité des entreprises privées qui assistent Israël dans ses violations du droit international 

 Enfin le TPR propose un certain nombre d’actions à mettre en œuvre tant en terme de soutien militant que sur le plan institutionnel et en particulier celles-ci : 
 - il encourage le plus de personnes possible à se rendre en Palestine pour voir de leurs propres yeux le quotidien des Palestiniens. 

 - il lance un appel international urgent à tous les acteurs politiques et à la société civile pour qu’ils fassent pression sur Israël afin que celui-ci mette un terme à ses violations du droit international et pour qu’ils fassent pression sur le secrétaire général de l’ONU afin que celui-ci utilise tous les moyens dont il dispose pour forcer Israël à démanteler son système d’apartheid qui s’applique actuellement à l’ensemble du peuple palestinien. 

 - la Palestine est à présent en mesure de signer et de ratifier le statut de la cour pénal internationale et doit donc devenir un membre à part entière de celle-ci. 
 -en tout état de cause le TPR demande au procureur de la CPI de se déclarer compétent pour la Palestine. 

 - de façon similaire le TPR appui les appels lancés par la société civile palestinienne pour que la Palestine ratifie les autres conventions internationales. 

 - l’Assemblée générale de l’ONU devrait réinstaurer le comité spécial contre l’apartheid de l’ONU et devrait convoquer une session extraordinaire pour examiner la question de l’apartheid à l’encontre du peuple palestinien. 

 - il demande aux organes concernés de l’UE de mettre en œuvre la résolution du parlement européen exigeant la suspension de l’accord d’association UE-Israël. 

 - il est demandé à l’UE d’interdire tout commerce avec les colonies de peuplement. 

- les USA doivent mettre fin à leur soutien accordé à Israël qui les rend directement complice d’une très vaste gamme de violations du droit international commises par Israël. 

 - le TPR se joint à l’appel lancé par le mouvement BDS pour le boycott d’un certain nombre d’entreprises.

 - enfin le TPR demande de traiter la question des prisonniers palestiniens de toute urgence. 

Henri Mermé

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