lundi 4 mars 2013

Notre-Dame-des-Landes aujourd’hui, un article du bulletin Trait-d'union


Depuis la violente opération César menée en octobre 2012 par le gouvernement Ayrault pour préparer le chantier de Vinci, le petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur. Les comités de soutien mènent régulièrement des actions (péages Vinci gratuits, investissement de conseils municipaux, réunions d’information, installation de centaines de panneaux visuels au bord des routes). 

Sur place, les opposants (toutes organisations confondues) résistent par des rassemblements de soutien devant les tribunaux, des actions de protection des maisons menacées de destruction, des interventions dans les quasi quotidiennes réunions publiques dans toute France. Sans oublier les réunions où se discutent les actions juridiques, politiques, matérielles... 

Les constructions de cabanes, de lieux de réunion, de cantines, se poursuivent sur la Zone à défendre (ZAD), sous la protection des tracteurs du CoPain (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport). Se préparent aussi dans l’enthousiasme le fest-noz de la coordination, l’opération de semis printanier des zones abandonnées, la grande chaîne humaine du 11 mai et le rassemblement des 3 et 4 août où 100 000 personnes sont attendues. 


Outre les « nouveaux habitants » de la ZAD, les près de 200 comités de soutien répartis sur toute la France et les associations historiques regroupées au sein de la coordination des opposants (plus de 40 associations, syndicats et partis politiques), la lutte est également menée par le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport (CeDpa – plus de mille élus). 

La médiatisation de la lutte se traduit par des centaines d’articles dans la presse et des prises de position publiques contre le projet, de la part de personnalités du monde politique ou social et même de dirigeants d’entreprises. 

De leur côté, les porteurs du projet ne savent plus où donner de la tête : maintien de la pression par la présence policière protégeant les travaux, recours juridiques permanents, campagnes de communication... 

Une seule solution, l’abandon du projet 

L’État doit maintenant faire face aux interrogations de la Commission des pétitions du Parlement européen auxquelles il devra répondre avant fin avril. Celles-ci concernent le non-respect de la directive sur l’évaluation des incidences sur l’environnement, de la directive cadre sur l’eau, et des directives dites « Oiseaux » et « Habitats ». 

La commission de dialogue nommée par le gouvernement ne disposant d’aucun pouvoir, reçoit régulièrement les organisations d’opposants (dont le CéDpa) qui, au cours de trois entrevues, ont expliqué les réels enjeux du projet. 

Les accords arrachés par la grève de la faim au printemps dernier, joints à la récente décision de la Cour de cassation de mettre en attente leur pourvoi jusqu’à la fin des recours, devraient, si l’État tient parole, laisser quelques mois de répit aux assiégés. 

L’État est face à un cruel dilemme : doit-il accepter ce temps mort, espérant l’essoufflement de la résistance, ou au contraire renier ses promesses et passer à une offensive dont il sait que l’impopularité risque d’embraser la situation ? Il lui reste heureusement aussi la seule solution acceptable par les opposants, l’abandon du projet, qu’il pourrait motiver par une pirouette juridico-européenne. 

Derrière ce projet d’aéroport, c’est une remise en cause d’un modèle de société destructeur productiviste et antidémocratique qui fait gonfler la contestation. Tandis que les libéraux de tous bords mettent en place une austérité durable, attaquent les services publics, détruisent le modèle social solidaire, une nouvelle campagne de communication à 300 000 euros vantant le projet d’aéroport fait scandale. 

De fait, la réalisation du projet représenterait une somme conséquente de fonds publics tombant dans l’escarcelle de Vinci. 

Alors que l’État et les collectivités se targuent de vouloir préserver les zones humides, la biodiversité, de vouloir économiser l’énergie, équilibrer les territoires, développer l’emploi dans les régions, et de se soucier de l’avenir alimentaire de la population, ce projet est gaspilleur d’énergie, destructeur de terres nourricières et d’une zone humide d’une richesse écologique exceptionnelle. 

Une étude indépendante du cabinet Delft a montré l’aberration économique du projet. Les mensonges et l’opacité sur le financement du projet sont de mise. Les énormités affirmées sur la création d’emplois Nord-Loire, et leur non-destruction Sud-Loire où l’aéroport actuel voué à la fermeture est situé, sont des tartufferies sur lesquelles les porteurs du projet se contredisent en permanence. 

Les Grands Projets inutiles et imposés (GPII) fleurissent partout en France et dans le monde. Ils sont souvent contestés à raison. C’est dans ce cadre global que s’inscrit notre opposition au projet de Notre-Dame-des-Landes. 

Plus que jamais, le combat continue avec ses trois piliers de la lutte paysanne sur le terrain, de la lutte politique et de la lutte juridique. 

Frédéric (GU44), Mylène (GA44), Rémy (Alternatifs44) 

Plus d’infos sur acipa.free.fr et http://www.chaine-humaine-stop-aeroport.org/fr

Le bulletin Trait d'union numéro 2 est disponible à l'adresse : http://www.alternatifs.org/spip/IMG/pdf/traitd_union2.pdf

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