dimanche 31 mars 2013

Un Forum Social Mondial enthousiasmant

Un Forum dynamique et chaleureux.

 Le Forum Social Mondial de Tunis a été marqué par une participation extrêmement nombreuse de militantes et de militants venant des quatre coins du monde. Ce sont plus de 60000 personnes qui se sont croisées, ont discuté et participé à de nombreux débats formels et informels. L’organisation a été des plus performantes compte tenu des difficultés inhérentes à ce type de manifestation de masse.

Mais le plus enthousiasmant a été sans doute l’atmosphère chaleureuse, sympathique et bienveillante qui régnait parmi les participant-e-s.
Dans les travées du vaste campus El Manar, était installé un grand nombre de stands d’organisations les plus diverses sans compter quelques installations « clandestines ». Les espaces de restauration étaient pris d’assaut et ont permis beaucoup d’échanges dans la bonne humeur.

Les trois jours du Forum ont été marqués par de nombreuses animations culturelles et musicales ainsi que par des manifestations. Et le soir, des concerts se déroulaient sur le campus comme en plein cœur de Tunis.


La ville de Tunis était ornée de pancartes souhaitant la bienvenue dans toutes les langues aux altermondialistes et le centre ville animé par une ambiance festive. Enfin, la population tunisienne, dans l’ambiance créée par la révolution, était avide de discussions sur le FSM et l’avenir de la Tunisie.

Libye:la situation en cours d'amélioration

Pour la première fois, une délégation associative libyenne participait à un FSM. Composée de 10 femmes et 8 hommes, elle a organisé plusieurs ateliers.
Dans les deux ateliers auxquels j’ai participé, la volonté d’ouverture à l’autre s’est manifestée de manière très claire : après 42 années de dictature et une guerre civile, les Libyens ont envie de contacts et d’informer sur la situation dans leur pays.
Le processus révolutionnaire libyen n’est pas terminé : une assemblée (le Congrès général libyen) a bien été élue en 2012. La question de la constitution reste pendante ; elle doit être rédigée par une commission particulière qui, à l’origine, devait comprendre 60 membres (représentant à parité chacune des trois provinces libyennes : Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan), mais les débats pour sa composition restent vifs, ainsi qu’en témoignent le fait qu’elle ne soit toujours pas formée et que le nombre de ses membres devrait être porté à 80. La période de transition risque donc de devoir durer de nombreux mois.
La question sécuritaire, 1 an ½ après le lynchage de Mohamed Kadhafi, est loin d’être réglée : si certaines milices ont été intégrées à l’armée ou à la police et si certains miliciens ont accepté d’être désarmés pour pouvoir intégrer la fonction publique, d’autres continuent leur activité sans tenir compte du pouvoir central, voire le défient. 
Les fractures de la société libyenne restent importantes ainsi qu’en témoigne le cas de Tawargha , petite ville au sud de Misratah, dont les habitants ont été chassés par les milices de Misratah pour avoir collaboré avec Mouamar Kadhafi et ne peuvent pas rentrer dans leur ville pour la reconstruire. Or, il y va de la responsabilité du gouvernement libyen de permettre ce retour de la population de Tawargha de rentrer dans sa ville.
La justice est défaillante. Le système judiciaire kadhafien n’existe plus et, pour l’instant, aucune justice transitionnelle n’a été mise en place. Les arrestations arbitraires ont été particulièrement nombreuses depuis la chute de Kadhafi, souvent suivies de tortures et parfois d’exécutions sommaires. De nombreuses milices disposaient, et disposent parfois encore, de centres d’interrogatoires et d’emprisonnement où le respect des droits de l’homme n’est qu’une question très secondaire. 

Aujourd’hui, une partie de ces centres est sous le contrôle – direct ou indirect – du gouvernement, ce qui a entrainé une baisse des exactions, mais la possibilité de sanctionner les miliciens responsables – qui bien souvent ne sont pas identifiés – reste aujourd’hui tout à fait théorique.

Le gouvernement libyen s’est engagé à respecter les droits de l’homme, mais la culture des droits de l’homme n’existe pas en Libye et le pouvoir du gouvernement central reste limité : on peut craindre que cette déclaration ne reste qu’un vœu pieux tant que le gouvernement libyen ne contrôlera pas mieux son immense territoire et n’aura pas réglé la question des milices.
La place des femmes dans la société libyenne est en question. Certes, elles ont 33 élues au congrès, mais elles ont été élues parmi les 80 députés au scrutin de liste où la parité était obligatoire ; certes, elles ont eu quelques présidences de commission au congrès, mais certains députés contestent leur présence, voire s’absentent quand elles prennent la parole… 

Cette attitude a mené à des protestations dans la rue. Au plan économique, il y a des femmes d’affaires, des ingénieures, des avocates, des architectes, des commerçantes… mais elles sont peu nombreuses et parfois mal acceptées : c’est ainsi que dans le domaine des affaires, il existe un « conseil des hommes d’affaires » où ces messieurs tolèrent la présence de quelques femmes. 
L’espoir pour les femmes libyennes semble être la société civile où elles sont actives dans de nombreuses associations. Mais les femmes libyennes présentes au FSM ont souligné la mentalité rétrograde de l’homme libyen, mentalité qui ne serait pas liée à la religion. Ainsi, le chemin de l’émancipation pour les femmes libyennes semble encore long. 
  

Assemblée des mouvements sociaux

De nombreuses organisations étaient représentées à l’Assemblée des mouvements sociaux dans une chaude ambiance militante et festive. 
Fathi Chamkhi est intervenu au nom des mouvements tunisiens pour indiquer qu’après deux ans de révolution, la Tunisie résistait toujours et qu’elle avait ouvert une brèche dans le capitalisme mondial.
La présidente du mouvement de l’Association tunisienne des femmes démocrates, Ahlem Beladj, a déclaré qu’il n’y avait pas de révolution sans féminisme. Josie Riffaud de Via Campesina a également souligné que le monde rural et les femmes étaient les premières victimes du capitalisme. 

La camarade tunisienne qui animait l’assemblée et représentait la marche mondiale des femmes est allée dans le même sens.La jeunesse tunisienne et altermondialiste était fortement représentée. L’assemblée s’est terminée dans un joyeux concert de chants et slogans anti-impérialistes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire