lundi 11 janvier 2016

« Appel pour une primaire à gauche » : un débat nécessaire, par François Calaret, Ingrid Hayes, Pierre Khalfa


Le journal Libération a publié dans son édition du lundi 11 janvier 2016 un appel intitulé « Pour une primaire à gauche » signé par de nombreuses personnalités de gauche et écologistes (Thomas Piketty, Daniel Cohn-Bendit, Yannick Jadot, Michel Wieworka…) Cette initiative est le signe de l’illégitimité du président de la République à représenter aujourd’hui les valeurs de la gauche. Elle témoigne de de la recherche multiple de moyens de faire émerger une nouvelle offre politique qui permettent de sortir de la résignation et du désarroi actuel.


L’appel publié dans le journal Libération exprime un certain nombre de constat absolument juste : la nécessité du renouveau de la politique, de rompre avec les logiques de division, de permettre l’implication des citoyens et de tous ceux qui ne sont pas habituellement associés aux décisions… Mais il exprime également l’illusion qu’à l’issue du quinquennat de François Hollande et de Manuel Valls qui a mené une politique ouvertement libérale et sécuritaire,  toute la gauche pourrait se rassembler. Le texte de l’appel affirme ainsi « Nous avons une conviction : la primaire des gauches et des écologistes est la condition sine qua non pour qu’un candidat représente ces forces à l’élection présidentielle en incarnant le projet porteur et bienveillant dont la France a besoin ». Mais comment aujourd’hui François Hollande ou Manuel Valls pourrait ils représenter politiquement le Front de gauche, les écologistes et les milliers de syndicalistes qui combattent au quotidien la politique du gouvernement ? Réciproquement, comment un candidat du Front de Gauche, d’EELV ou issu du mouvement social pourraient-ils prétendre représenter l’orientation politique défendu par Manuel Valls et François Hollande ?

La nécessité du combat contre la droite et l’extrême droite ne peut effacer les débats qui traversent la gauche et qui se sont accentués ces dernières années. L’appel appelle à la constitution d’une « coalition de projet et un contrat de gouvernement ». C’est une nécessité mais cela suppose de discuter de quel est le contenu de ce projet et de ce contrat de gouvernement. Aujourd’hui deux dynamiques antagonistes travaillent les forces de gauche et les écologistes. Celle mise en œuvre par Manuel Valls et François Hollande qui cherchent à construire une alliance avec le centre droit en étouffant les valeurs de gauche. Et celle des forces au FDG, à EELV, Nouvelle Donne, à la gauche du PS, dans le mouvement social…, aujourd’hui dispersées, qui s’opposent à la politique du gouvernement et qui devraient converger pour offrir une alternative à la politique actuelle. La confrontation entre ces deux projets est inévitable et nécessaire. L’existence d’une autre gauche que celle de Valls et Hollande est une condition pour remobiliser les millions d’hommes et de femmes de gauche qui rejettent le pouvoir socialiste et se détournent de la politique.

La convergence des forces qui ne se reconnaissent pas dans la politique du gouvernement est une urgence. Cela passe par des batailles immédiates qui se mènent aujourd’hui contre la déchéance de nationalité et la révision constitutionnelle ou contre la réforme du droit du travail. Faire échouer le gouvernement sur ces projets ré ouvrirait la possibilité de convergences à gauche. Cela doit se faire également en travaillant dès maintenant à construire les conditions d’un projet, d’un rassemblement et d’une large désignation de candidat(e)s pour les échéances de 2017, pour proposer une véritable alternative à gauche. C’est dans ce cadre que la désignation citoyenne d’un(e) candidat(e), d’une primaire, peut faire sens. Ensemble ! est déterminé à participer à toutes les initiatives qui permettrait de faire avancer cet objectif.

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