"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
lundi 20 juin 2016
Le Parti Socialiste, la primaire et Cambadélis, par Francis Sitel (Ensemble!)
Nul plus que Jean-Christophe Cambadélis ne méritait en ces temps difficiles de diriger le Parti socialiste. Au service de François Hollande, le président qui voudrait le rester, le voici manœuvrant admirablement le lourd esquif menacé de naufrage.
Lorsqu’a été lancée l'idée d'une primaire des gauches et des écologistes, il s’agissait d'une opération visant à écarter Hollande de la course à la présidentielle. Il était clair en effet que le président sortant s'il se représentait ne pourrait entrer en compétition avec une poignée de zozos, dont quelques unes et quelques uns auraient quelque chance de le dépasser.
La riposte a donc consisté pour J.-C. Cambadélis à s'inviter dans les discussions à propos de ladite primaire. Pour répéter que, Hollande pouvant être candidat, il convenait que chacun et chacune s'engage à le soutenir s'il était vainqueur. Loyauté oblige ! La ficelle était grosse qui tenait cet échafaudage d'hypothèses. Mais elle suffit à effondrer la fragile construction.
J.-L. Mélenchon a dit d'emblée qu'il refusait toute primaire par principe, et avec Hollande dans les pattes, inutile d'y songer. Puis, ce furent les communistes et les écologistes qui se retirèrent de cette opération devenue boueuse. Première manche de la partie de poker menteur gagnée par Cambadélis ! Mais restaient les frondeurs du PS et Montebourg qui s'entêtent à réclamer une primaire, avec la volonté de dénoncer le bilan du quinquennat et de dégager pour la présidentielle une alternative à Hollande D'où une deuxième manche.
Et c’est alors que Cambadélis a fait montre de son grand talent. D'abord, lancement de quelques leurres : rappel qu'il ne serait pas digne pour le président sortant de se plier à une primaire, et annonce qu'un congrès extraordinaire du PS pourrait régler le problème en écartant des statuts cette idée incongrue de la désignation par une primaire de la candidature à la présidentielle.
Puis, par surprise, Cambadélis annonce proposer au Conseil national du PS qui se tient le18 juin que la « Belle alliance » (PS, Radicaux de gauche et écologistes gouvernementaux) organise une primaire les 22 et 29 janvier 2017. Ce qui ne modifie en rien l'agenda de F. Hollande, qui doit faire connaître en décembre sa décision de postuler ou non pour un second mandat. Le Monde qui, dans son édition datée du 18 juin, actait « l'agonie de la primaire » , doit le lendemain titrer en « une » : « Primaire à gauche, le piège de Hollande ». Et d'analyser : « M. Cambadélis procède à une pure manœuvre tactique ». Bien vu !
Une manœuvre qui ne sauvera peut-être pas le président mais qui devrait perdre les frondeurs. Le piège qu'avec cette idée de primaire ceux-ci tendaient à Hollande, Cambadélis le referme sur eux. S'ils participent à cette primaire a minima, outre la division, ce sera le risque de devoir prêter allégeance à Hollande. Voire à celui qui se substituerait à ce dernier au cas où il déciderait de renoncer. Dans cette hypothèse, Valls se trouverait en bonne position.
A moins qu'après tant d'habiletés, Jean-Christophe Cambadélis estime qu'est venu le moment de passer en première division. Les esprits chagrins considéreront qu'il faut à un présidentiable plus que le génie de la manœuvre. Mais après tout... Après tout...
Pour les socialistes toujours membres du Parti socialiste, l'heure est sans doute venu de dire que, primaire ou pas primaire, et au-delà des manœuvres, le problème de l'heure est celui de quelle politique proposer aux travailleurs, à la jeunesse, au pays...
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