La coordination générale des Alternatifs des 15 et 16 janvier a débattu de la riposte aux attaques permanentes contre les services publics et préparé les Etats Généraux des services Publics des 29 et 30 janvier prochain à Orly. Le texte ci-dessous développe les analyses et propositions d enotre mouvement.
La bataille menée par la droite dure au service des forces du capital contre les services publics n’est pas nouvelle : combiner privatisations et marchandisation globales avec une once de capitalisme compassionnel en faveur des plus pauvres, alors que le nombre de victimes d’exclusion et les inégalités progressent, asphyxier les servies publics en comprimant les budgets et en supprimant des emplois, puis tirer argument de la dégradation du service rendu pour dégrader encore plus, et amplifier le processus de privatisation.
Avec la pression exercée par la finance sur les Etats, pression aggravée par leur endettement pour sauver le système bancaire, s’ouvre ce que les institutions financières et les ultra-libéraux caractérisent comme une "fenêtre d’opportunité", un moment historique qui peut permettre d’imposer politiquement aux peuples des mesures radicalement antisociales. Les services publics, le système de protection sociale sont clairement menacés par cette offensive.
De vrais services publics sont incompatibles avec le projet des libéraux. L’offensive au niveau mondial (Accord Général sur le Commerce et les Services), les directives européennes, les politiques de démantèlement menées en France vont dans le même sens. Tout doit être mis en concurrence, tout doit rapporter. Tous les aspects de la vie doivent être marchandisés. La prochaine offensive s’annonce autour de la dépendance.
Déjà avec la loi Bachelot, la loi de financement de la Sécu, les hôpitaux publics sont soumis à des critères de rentabilité, allant de pair avec la suppression de nombreux services et hôpitaux de proximité et avec le partenariat entre cliniques privées et hôpitaux publics au détriment de ces derniers. Cette loi doit être abrogée ; les ARS (Agence Régionale de Santé) doivent être remplacées par des structures non dépendantes du Ministère ; l’offre de soins doit être réorganisée et la prévention développée ; le maillage des territoires d’unités sanitaires de base autogérées doit permettre un accès gratuit et de proximité pour toutes et tous. Dans ce cadre, le rôle des usagers, citoyens, syndicats doit être primordial.
Les dégâts des privatisations sont connus.
Sous le discours de la compétitivité, de la libre concurrence, la hausse constante des tarifs, les inégalités entre territoires, se cache la gestion aléatoire des risques...
Mais la lutte nécessaire contre les privatisations passe aussi par la mise à plat des contradictions : partisans de la sortie du nucléaire et d’un nouveau modèle énergétique, les Alternatifs s’opposent aux nucléocrates privés...et publics
La pression de la technocratie d’Etat et de modes de gestion inspirés de ceux du privé dégrade les services publics.
Elle facilite les processus de privatisation en divisant les personnels et en contribuant à la dégradation du service rendu.
Pourquoi nous défendons les services publics ?
Nous défendons les services publics, et leur amélioration, en tant qu’éléments essentiels du bien vivre, de la réduction des inégalités et du bon fonctionnement de la démocratie. Il ne peut y avoir démocratie réelle sans accès satisfaisant de tous à l’école, aux transports, à la santé, conditions de la citoyenneté. Dans les situations difficiles, les SP constituent un rempart face à la précarisation, à la misère et aux discriminations dans les quartiers populaires, à la paupérisation de zones rurales.
Les services publics sont propriété publique, un patrimoine commun, ils jouent un rôle structurant pour toute la société. Nous luttons pour qu’ils ne soient pas bradés au secteur marchand et pour qu’ils bénéficient des moyens permettant l’exercice de leurs missions dans des conditions permettant à toutes et tous d’y accéder. C’est pourquoi il faut y développer l’emploi et non l’affaiblir, ni le précariser, ni en casser les statuts.
Pour défendre les services publics nous devons les reconquérir et les transformer
Cette transformation passe par une nouvelle organisation des services publics de type autogestionnaire. La réponse alternative c’est l’intervention des salariéEs et usagerEs, c’est la définition démocratique d’objectifs d’utilité sociale et écologique. Elle permettra aussi de confronter des logiques parfois différentes et d’améliorer l’efficacité sociale des services publics. La présence au sein des instances de direction, au côté de représentantEs des salariéEs, des usagerEs et d’éluEs locaux est indispensable, pour agir, dans la transparence, dans le sens de l’utilité sociale et écologique.
Les formes d’appropriation collective et de gestion peuvent varier :
- appropriation sociale des services en réseau (énergie, transports publics, télécommunications et du secteur bancaire, sous contrôle populaire et citoyen ;
- mise en place par des collectivités locales ou des initiatives populaires (crèches, maisons des associations, maisons des chômeurs, centres sociaux, centres de soins, service local du logement en lien avec des coopératives) ;
- combinaison des deux formes dans certains cas : services locaux d’énergie autonomes mais articulés avec le service national de l’énergie avec gestion publique locale sous forme de régies publiques ou de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, biomasse, etc.) et des déchets ;
- initiatives collectives, non-marchandes, pouvant être soutenues par contractualisation avec des collectivités territoriales (écoles associatives en langues des régions, dans la perspective d’une prise en charge progressive par l’Ecole Publique, crèches parentales, centres de soins autogérés).
La centralisation nécessaire pour donner cohérence au réseau des services publics ne doit pas corseter, mais apporter des lignes directrices. Des adaptations aux réalités sociales et territoriales sont nécessaires. L’égalité implique des approches, des réponses spécifiques et l’affectation de moyens au bénéfice des secteurs ou usagers les plus fragilisés. Cela va à contre-courant des logiques d’exclusion et de paupérisation qui disloquent la société.
L’extension du champ des services publics permettra de privilégier les solidarités et l’utilité sociale et écologique, plutôt que le chacun pour soi et l’aliénation consumériste. Cette extension est notamment urgente pour faire reculer la privatisation de l’eau.
La reconquête de la maîtrise publique de l’eau, bien commun et de l’assainissement passe notamment par la mise en place de régies municipales ou de bassins. Des secteurs de l’économie sociale et solidaire peuvent également être soutenus, dans le respect d’un cahier des charges garantissant leur utilité sociale et écologique.
L’appropriation sociale, publique, nécessite une dynamique de propositions et de mobilisation.
Des collectifs pour défendre et développer les services publics !
La mobilisation pour les services publics a besoin d’un large front politico-social Syndicats, associations, collectifs unitaires, mouvements politiques : tous ensemble pour les solidarités sociales et territoriales.
Le mouvement contre la privatisation de la Poste, même si il n’a pu s’inscrire à une large échelle dans la durée, en a été un prémisse. Cette mobilisation durable est vitale dans les quartiers populaires et les secteurs ruraux sacrifiés à la logique capitaliste. Chaque lutte contre la liquidation d’un service à la population, chaque collectif unitaire, s’inscrit dans un mouvement global en construction.
La reconquête, l’élargissement des services publics, prendront des formes diverses, dont les fils conducteurs seront l’utilité sociale et écologique, l’intervention populaire et citoyenne.
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