mercredi 9 février 2011

En direct du FSM de Dakar : vers un Maghreb des peuples


Salle comble pour la réunion du Forum Social Maghrébin. Abdeljelil Elbedoui prend la parole en premier. Cette figure du syndicat UGTT, moteur de la révolution tunisienne fut ministre 24H, avant de démissionner (avec les autres ministres issus de l’UGTT,) aux vues de la composition fort peu révolutionnaire du nouveau gouvernement tunisien. Son intervention est chaleureuse, animée. Il «offre » la révolution tunisienne comme outil aux autres militants progressistes maghrébins.  Il vomit aussi le mirage libéral, et ses évaluations dogmatiques. « Mais la Tunisie des inégalités, du pillage des ressources nationales, de l’absence de perspectives pour les jeunes, la Tunisie de la dictature, elle, était bien notée par les officines du libéralisme ! ».« Mes amis, ajoute-t-il, vous qui, dans cette salle, êtes si nombreux à vivre dans un pays sous-développé, ne cédez pas aux sirènes du libéralisme. »Son discours est coupé par des chants et des slogans issus des jours de lutte de  cette révolution. Ils sont repris en choeurs par les participants arabophones de la réunion. Les visages sont lumineux, souriants. Les yeux brillent.


C’est au tour des Egyptiens de parler de leur lutte. Le ton est au lyrisme. « Avec ces semaines de luttes, nous avons rattrapé 7000 ans de civilisation » lance le représentant de la rue cairote. Il poursuit : « c’est une nouvelle force, celle de la jeunesse, qui balaie les partis, les syndicats et les spécialistes du paysage politique égyptien. Un séisme imprévisible ». Pour lui, et pour ceux qui entonnent maintenant des chants de lutte égyptiens, quelle que soit la conclusion de ce mouvement, cette lutte est, en soit, un événement.

Un représentant mauritanien évoque, lui, la naissance d’un véritable mouvement social dans son pays. Un mouvement qui ne peut être l’émanation d’un seul parti. Ça tombe bien, car ce pays, qui a connu 5 chefs d’état en 3 ans (dont un seul élu) fourmille de résistances. : Un réseau facebook qui se constitue (sur le modèle tunisien), des syndicats, des mouvements de jeunesse, de femmes, de chômeurs. Ils sont embryonnaires, ces mouvements, mais la réalité sociale du pays, qui s’enfonce dans une crise profonde est le parfait ferment d’un souffle révolutionnaire affirme-t-il.

Un représentant du RAJ (rassemblement Action Jeunesse) algérien parle lui d’une dynamique de fond dans un pays étouffant, une vitrine démocratique (qui a été arrachée par les 500 jeunes tués par l’armée lors des mobilisations du 5/10/88) et un libéralisme de combat. Mais « Nous ne sommes pas des intestins » déclare-t-il. Si nous manifestons, ce n’est pas uniquement pour du pain.

Comme les militants Tunisiens, et avant des militants marocains, ce jeune porte-parole va condamner vivement la mollesse des déclarations des chancelleries européennes quand « les jeunes sont tués dans la rue». C’est Sarkozy qui a le plus de succès dans la dénonciation. Les Algériens aussi espèrent la contagion tunisienne.

Un opposant Libyen explique lui, toute la difficulté d’organiser une opposition libyenne, dans un pays sans constitution et sans droits démocratiques, mais il se félicite du travail commun déjà engagé dans le cadre du Forum Maghrébin. IL rêve lui aussi de cette contagion.

Le débat va suivre, joyeux et radical. Ça parle de caractériser la révolution, ça cite Lénine et c’est optimiste. Ils sont nombreux à souhaiter le prochain forum social maghrébin à Tunis. Ou au Caire, après la chute de Moubarak !


MC.

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