"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mardi 15 février 2011
Notre Dame des Landes : première réponse à la tribune des cinq présidents socialistes promoteurs du projet publiée dans le quotidien Le Monde du 15 février.
Réponse non assumée, mais implicite, à l’article du journaliste Hervé Kempf (Le Monde 1er février), la contribution des cinq Présidents socialistes des collectivités locales promotrices du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes - Région Pays de Loire et région Bretagne, Conseil Général de Loire Atlantique et Nantes Métropole et Rennes Métropole -, (Le Monde du 15 février 2010) articule mauvaise foi et présupposés idéologiques et élude les vrais interrogations posées par Hervé Kempf.
La mauvaise foi génère la caricature pour décrire les opposants à ce projet : « Ces partisans de l'immobilisme », sont là « pour condamner le transport aérien ». Les cinq présidents leur font endosser des affirmations ridicules telle « le trafic aérien est la cause unique et majeure du réchauffement climatique » et autre « le refus de toute forme de progrès et le repli sur soi ».
Faut-il préciser que les opposants que nous sommes, élu-e-s Alternatifs et membres de la majorité municipale de Nantes, n’ont jamais proférés de pareilles âneries, pas plus d’ailleurs que la coordination des quelques 30 associations opposées à ce projet.
D’un côté donc, les arriérés, les ennemis du progrès, de l’autre les présidents promoteurs « en position de responsabilité », les rationnels, tout ça n’est pas sérieux ! Que ne s’interrogent-ils sur le fait que pas une seule organisation écologiste ne soutienne ce projet ?
Car, disons le tout net, de quelle régression nous accusent-ils ?
- Celle qui consiste à utiliser au mieux les ressources publiques en rationalisant l’infrastructure existante, largement suffisante pour les prévisions de trafic les plus osées, plutôt qu’en versant 250 M€ d’argent public dans un aéroport qui va supprimer 2 000 hectares de bocage et 90 kilomètres de haies ?
- Celle qui vise à transférer sur le TGV, notamment vers Paris, les trafics aériens dont le temps total porte à porte est de moins de 3 heures, ce qui diminuerait les mouvements aériens sur Orly et Roissy ?
Comment peuvent-ils prétendre déconcentrer les aéroports parisiens alors que le secteur du transport aérien est totalement libéralisé et que les compagnies vont et viennent, ici ou là, sans leur demander leur avis, sinon pour quémander des aides incessantes pour l’ouverture de lignes à l’instar des compagnies Low-Cost ? Qui peut croire un instant que le groupe Vinci, à qui a été confié par l’Etat, pour plus d’un demi-siècle, la concession aéroportuaire de Nantes n’a pas pour principale priorité un retour sur investissement conséquent pour ses actionnaires ?
Comment peuvent-ils utiliser la peur du survol de Nantes comme argument alors que l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique est classé par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) comme sûr et sans risque particulier ?
Comment peuvent-ils affirmer que le transfert de l’aéroport renforcera Airbus alors qu’ils envisagent de supprimer la piste actuelle utilisée par le constructeur aéronautique, fragilisant ainsi l’implantation industrielle qui serait alors la seule du groupe sans piste ? (sauf à maintenir l’actuelle piste de Nantes Atlantique, comme l’évoque désormais certains d’entre eux comme le président du Conseil général 44, ce qui constituerait un gaspillage supplémentaire pour les finances publiques).
Comment peuvent-ils parader ainsi en clamant ces « intuitions fondatrices » d’un aéroport « labellisé HQE » alors que le simple déplacement quotidien de ses salariés nécessiterait, au bas mot, 7 000 litres de carburant chaque jour en raison du transfert de l’aéroport, véritable déménagement du territoire qui accentuerait le déséquilibre Nord-Sud de la Loire ?
Pas étonnant que l’ambition de nos Présidents promoteurs d’un nouvel aéroport à 35 kilomètres de Nantes ne trouve véritablement d’écho que dans les Chambres de Commerce et chez les entrepreneurs du BTP.
Pour le moins incompatible avec les engagements initiaux du Grenelle de l’environnement, le projet de construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes témoigne d’un temps fini où l’évaluation de l’opportunité d’un projet pesait peu face à l’ego des décideurs politiques. Ne gaspillons pas l’argent public pour un projet inutile et dévoreur de terre nourricière. Nous avons mieux à faire.
Bertrand Vrain, conseiller municipal Alternatif de Nantes
PS) Quant à réduire l’opposition quasi-unanime des habitants directement concernés et de leurs élus locaux à des « motivations des riverains », c’est pour le moins ne rien comprendre - ou ne rien vouloir comprendre – à la mobilisation et à une réflexion citoyenne globale qui, s'étendant bien au delà des seuls habitants proches de NDDL pour déboucher sur un débat au plan national, participent plus du « Agis dans ton lieu et pense avec le monde » d’Edouard Glissant que de la défense supposée d’intérêts étroits. De la part de responsables socialistes, c’est pour le moins dommage !
ci-dessous la tribune concernée :
Déménager l'aéroport de Nantes : "un choix raisonné et responsable"
Les adversaires au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur le site de Notre-Dame-des-Landes font semblant de croire que l'on peut s'accommoder facilement de la situation actuelle en niant les questions d'aménagement du territoire, les questions d'emploi, les questions de sécurité et les questions écologiques.
Ces partisans de l'immobilisme utilisent symboliquement ce projet pour condamner le transport aérien, semblant ne pas se souvenir que les champs concernés sont précisément acquis depuis plus de trente ans par le conseil général de Loire-Atlantique dans cette perspective ; semblant considérer que le trafic aérien est la cause unique et majeure du réchauffement climatique mais surtout, plus radicalement, pour promouvoir un modèle social basé sur le refus de toute forme de progrès et le repli sur soi. Nous pensons l'inverse !
Nous sommes partisans d'un développement durable, maîtrisé, raisonné, d'un modèle de croissance équilibré qui porte nos valeurs de solidarité. Nous faisons partie de ceux qui, politiquement, concrètement et quotidiennement, sont engagés dans cette voie à travers l'ensemble des politiques publiques. Nous ne pouvons admettre une logique de régression qui pénaliserait les régions où nous vivons et travaillons, leurs habitants, leurs entreprises et leur avenir et celui de notre pays.
Nous comprenons les motivations des riverains directement concernés par la réalisation de l'aéroport du Grand-Ouest. Ils défendent légitimement leurs intérêts. Mais nous ne comprenons pas celles des composantes parfois radicales qui réfutent ce projet et en font l'unique objet de leur ressentiment. L'excès ne fait parfois que desservir la cause que l'on veut défendre. Il est facile de porter un jugement sommaire et sans appel sur des équipements sans être en position de responsabilité et sans prendre la vraie mesure des enjeux, au point de faire de la concentration et la densification du trafic aérien sur Orly et Roissy la panacée.
Ce projet de transfert de l'aéroport est un choix raisonné et responsable. Oslo l'a déjà fait. Pourquoi pas nous ? Il répond à la sécurité des Nantais : le survol à basse altitude de l'agglomération nantaise n'est ni responsable ni défendable. Ce projet prend en compte l'avenir d'un bassin d'emploi et les enjeux de l'aménagement du territoire.
Pour accueillir des entreprises, lutter contre le chômage, nous devons mettre tous les atouts de notre côté. Les avions ne vont pas s'arrêter de voler demain. L'accessibilité aérienne est un facteur majeur de développement économique. La libération d'une centaine d'hectares sur le site de l'ancien aéroport va servir au renforcement du pôle Airbus Nantes-Saint-Nazaire, qui vient d'annoncer l'embauche de 200 personnes et lance la fabrication de l'A350 en matériaux composites, appareil qui réduit de moitié sa consommation.
L'aéroport du Grand-Ouest, c'est une responsabilité environnementale assumée qui se traduit par une politique industrielle et d'aménagement durable de l'espace Loire-Bretagne que nous portons ensemble. Nous avons travaillé main dans la main avec l'ensemble des acteurs du territoire afin d'obtenir la ligne à grande vitesse Ouest, nous travaillons pour l'amélioration de la desserte ferroviaire Nantes-Rennes et pour que l'interconnexion qui permettra de nous relier au futur réseau grande vitesse européen Sud voie le jour. Elle permettra de se rendre de Brest à Turin ou de Brest à Madrid en passant par Nantes et Poitiers en desservant le futur aéroport. Nantes sera la capitale verte de l'Europe en 2013. Rennes a eu l'audace de construire un métro.
Nantes a été la première ville de France à réintroduire le tramway et la région Pays de la Loire est la première région de France à construire un tram-train sur le réseau TER. La suite de ces intuitions fondatrices, c'est que cet aéroport constituera le seul aéroport français labellisé haute qualité environnementale (HQE).
Les caractéristiques du projet de l'aéroport du Grand-Ouest en matière de protection de l'environnement, de maîtrise de l'énergie, de politique industrielle ambitieuse et raisonnée créatrice de croissance et d'emplois, d'aménagement du territoire en font un projet exemplaire qui doit garantir notre avenir. Voilà pourquoi, en toute conscience, nous portons ce projet.
Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire ;
Jean-Marc Ayrault, député et maire de Nantes, président de Nantes Métropole ;
Daniel Delaveau, maire de Rennes, président de Rennes Métropole ;
Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne ;
Patrick Mareschal, président du conseil général de la Loire-Atlantique.
Article paru dans l'édition du 15.02.11
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