Derrière les traditionnels cortèges internationaux de Via campesina, de la marche mondiale des femmes, d’ATTAC, du CATDM, de Survie, de solidarité avec la Palestine, du mouvement international pour la paix, etc. se succédaient les délégations des nombreuses ONG et associations pour la souveraineté alimentaire, pour la préservation des terres, pour la défense des migrants, pour la paix, pour l’éducation gratuite, pour la défense de l’environnement.
Elles étaient majoritairement issues du Sénégal. Mais aussi du Mali, de Guinée, de Gambie, du Burkina Faso, de Mauritanie et du Maroc. Des délégations du Kenya, du Congo, du Burundi et du Sahara occidental étaient également présentes.
Si le cortège de la Marche mondiale des femmes n’était pas très étoffé, il y avait de nombreux cortèges de femmes revendiquant des droits spécifiques. Globalement, les femmes étaient très présentes dans la manifestation. On trouvait notamment des associations de femmes locales, voire de quartiers de Dakar, comme celui de la Médina
Dans les délégations des autres continents, on trouvait principalement, pour les latino-américains des Boliviens et des Brésiliens, pour l’Asie, des Bengladeshis, des Japonais et des Vietnamiens et bien sûr des Européens.
Au niveau syndical, outre des petites délégations européennes de la CGIL (Italie), de la FGTB (Belgique), de la GEW (Education Allemagne) et les syndicats français (CFDT, CGT, FSU et principalement Solidaires), la CUT (Brésil), l’ODT (Maroc) et l’Union démocratique des travailleurs sénégalais (UDTS) représentaient les principaux cortèges.
D’un point de vue politique, la représentation était beaucoup plus faible que celle que l’on peut observer en Amérique latine. Elle se limitait principalement au groupe GUE/GNL, au PCdoB (Brésil), aux partis français (Les Alternatifs et le PCF) et quelques personnalités comme Martine Aubry, Olivier Besancenot et Pierre Laurent.
Parvenue à l’université, les manifestant-e-s ont pu entendre les allocutions d’Evo Morales et du représentant de Dilma Rousseff (présidente du Brésil). Evo a développé un discours classique, en rappelant son parcours qui est le produit du mouvement altermondialiste et pour dire que « les pays doivent cesser d’ériger des barrières pour éviter les pauvres et qu’au contraire ce sont les riches dont il faut se débarrasser ».
Malgré la faiblesse des organisations politiques, cette manifestation était indéniablement réussie, populaire et laisse espérer un forum vivant et dynamique. Reste à voir si ce sentiment se traduira positivement le lendemain lors de la journée spécifique de débats sur l’Afrique.
lundi 7 février 2011
La première journée du FSM était consacrée exclusivement à l’Afrique. Comme lors des autres forums, elle a essuyé les plâtres : les programmes n’étaient pas publiés, les réunions n’étaient pas indiquées et les salles parfois introuvables. Ce qui se traduit par des pertes de temps et d’énergie pour les participant-e-s. Cette situation a été amplifiée par le volte-face de l’administration de l’université qui a décidé de réduire fortement le nombre de salles attribuées initialement et de maintenir les cours. Ainsi, ce face à face entre un enseignant déterminé à assurer son cours et un intervenant souhaitant animer son atelier.
Néanmoins la participation était importante pour cette journée consacrée au continent. Un nombre important d’ateliers était consacré à la souveraineté alimentaire, aux questions de migrations, de guerre et de colonialisme. La place accordée aux droits des femmes était loin d’être négligeable. Une série de témoignages a permis d’apporter des informations totalement ignorées par les médias français. Même si certains ateliers ont conduit à des frictions (Voir ci-dessous), l’ambiance générale était malgré tout à l’écoute, à la convivialité et à l’échange.
Le Sahara occidental attise toujours autant les tensions
Lors de la préparation de la manifestation inaugurale du FSM, la délégation marocaine extrêmement importante s’est efforcée d’être placée devant la délégation du peuple sahraoui. Ce comportement hélas habituel des marocains laissait augurer un atelier très animé ce matin compte tenu du conflit historique entre les deux parties et qui s’est déjà manifesté lors de précédentes réunions internationales. Effectivement, l’atelier proposé par la coordination des associations de solidarité avec le peuple sahraoui dans lequel devaient notamment intervenir Willly Meyer, député européen du groupe GUE/GNL et Pierre Galand du CADTM n’a pas pu se tenir.
La salle était remplie par de très nombreux marocains qui ont fait de l’obstruction avant même le début de la séance, en exigeant notamment le retrait du drapeau sahraoui. Le ton est ensuite monté d’un cran quand Willy Meyer a souhaité intervenir. Ses propos ont été couverts par des propos hostiles aux sahraouis et une bousculade s’en est suivie et ô surprise pour une réunion altermondialiste, les militant-e-s marocain-e-s ont déployé le drapeau national et brandi le portrait du roi du Maroc.
Il a fallu procéder à l’évacuation de la salle et les altercations se sont prolongées pendant une demi-heure. Le comble du scandale a été atteint lorsque des représentants marocains ont traité Willy Meyer de « judio ». Comment l’antisémitisme peut-il s’exprimer dans une réunion de ce type ? Un tel comportement est inacceptable et interroge sur la composition de la délégation marocaine dans les forums car il ne s’agit pas du premier incident.
Décidément l’autodétermination du Sahara occidental reste sans nul doute un long combat !
Mardi 8 février
De bonnes choses dans un forum un peu hasardeux
Hier lundi, avant le début du FSM, dans le cadre de la foire agricole d’Afrique, La Via Campesina a organisé un séminaire sur l’accaparement des terres avec de nombreux témoignages de militants paysans proches des conflits déclenchés par ces actions d’accaparement. Ont été mis en avant : le viol de la propriété souvent collective, la transformation des paysans en salariés des firmes, le détournement de ressources notamment de l’eau au Mali par Malilybia, le tout pour exporter des agrocarburants ou d’autres produits, au détriment de la sécurité alimentaire locale.
*A noter que ce thème de l’accaparement fait flores au FSM avec pas moins de 4 ateliers.
Ce matin un atelier, organisé par ATTAC et La Via Campesina sur la souveraineté alimentaire a donné lieu à d’intéressants points de vue des paysans présents venant de différents pays d’Afrique. Ces témoignages au contenu très voisin d’un pays à l’autre ont révélé à la fois les mêmes agressions contre la souveraineté alimentaire dans les différents pays (importations abusives, …) et la bonne appréhension de la situation par les organisations paysannes. A partir de là, s’est développé un bon débat sur la stratégie, en mettant l’accent sur la nécessité d’articuler la bataille sur la souveraineté alimentaire aux trois niveaux : local, national et international, tout en insistant beaucoup plus que d’habitude sur la nécessité de gagner de nouveaux droits au plan international.
Cet après-midi, un forum également très intéressant autour du thème « Une seule planète » entre de nombreuses associations du nord et du sud : Alternatives Niger, Amis de la Terre Togo, Alternatives Quebec, ATTAC, Amis de la Terre France, CNCD 11 11 11 … Après avoir déconstruit les fausses solutions, un débat intéressant s’est développé sur les différentes facettes de la transition ; facette sociale, démocratique, écologique. Les apports de ce séminaire pourront utilement être valorisés dans les débats à venir.
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