vendredi 4 mai 2012

Notre Dame des landes : 24ème jour de grève de la faim. « Le Festin, on l’a eu hier ».


Ce matin, le campement se réveille doucement. Les traits sont tirés. Difficile de dormir parce qu’il y a toujours du bruit. Dans un coin, Séverine aidée par une amie, fait des étirements. Déjà plusieurs dizaines de militant-e-s sont présents pour témoigner leur soutien. Tous reviennent sur la pression policière invraisemblable qui a contraint, hier soir, à retirer le troupeau de génisses. Ordre du maire, comme l’a dit le commissaire ou ordre du Préfet, comme l’écrit ce matin la presse locale ? La réponse leur appartient, mais en attendant les forces de police avaient mobilisés bétaillères et vétérinaires. Et pendant une heure, la tension a été à son comble. Un avant goût de ce qui attend les paysans de Notre Dame des Landes ou une ultime provocation, faute d’arguments, face à la détermination des grévistes et à l’impressionnante mobilisation d’hier ?

« Ce matin au réveil, tout le monde était en forme, avec Michel on s’est dit que le festin on l’avait eu hier. Et quel festin ! », Gilles, 10ème jour de grève, est tout sourire et accueille chacun- d’un mot de sympathie.
L’échéance électorale est sur toutes les lèvres, se débarrasser d e celui pour qui Notre Dame des landes n’est qu’un terrain vague, fait consensus, voter pour celui qui ne s’est toujours pas officiellement engagé à suspendre les expropriations et les expulsions tant que les recours ne sont pas jugés, fait débat. Même si, chacun le reconnaît, « les lignes bougent ».


Pour les six grévistes, le week-end va être long. Et la souffrance des corps est là. Mais leur détermination est intacte. Ce week-end prenez le temps de les saluer et de réaffirmer votre soutien. On dégage Sarko, mais contre le projet d’aéroport, on lâche rien, on lâche rien !


Présents aussi ce matin, les militant-e-s de l’Union syndicale Solidaires de Loire Atlantique, qui regroupe notamment les syndicats SUD, ont remis une longue lettre aux grévistes. Nous vous invitons à la lire ci-dessous :


Cher-e-s ami-e-s,

C’est avec émotion et une solidarité entière que le syndicat Solidaires salue les camarades en grève de la faim qui, individuellement et collectivement se sont engagé-es dans ce juste combat. Merci à toi, Michel qui en est aujourd’hui à ton 24ème jour de grève de la faim, tellement fatigué mais chaque jour plus déterminé, merci à vous Gilles, Marie, Séverine, Sandrine, Robert, sans oublier Marcel et Françoise qui vous ont précédé-es. Votre engagement, votre détermination imposent aux syndicalistes salarié-e-s que nous sommes le plus grand respect.

A vos côtés, comme beaucoup de salarié-e-s, nous avons d’abord été apprenant, et nous le sommes toujours. Comme beaucoup de salarié-e-s nous n’avons pas tout de suite pris la mesure des enjeux et de l’absurdité écologique et sociale du projet de construction d’un nouvel aéroport. Comme beaucoup de salarié-es, à votre contact et à celui de nos camarades syndicalistes de la Confédération Paysanne,

- nous avons maintenant compris que ce combat pour défendre le bocage de Notre Dame des Landes était un combat pour défendre l’emploi réel, pas virtuel ni précaire, non l’emploi réel de la centaine de paysans qui travaillent non « sur un terrain vague » selon la formule méprisante de l’actuel président de la république, mais sur les exploitations agricoles menacées d’expropriation et d'expulsion, avec près de 600 emplois induits.

- nous avons compris que ce combat était un combat pour défendre la terre qui nous nourrit et que cette terre maltraitée, rognée par centaines d’hectares chaque année (l’équivalent d’un département tous les sept ans) devait être protégée.

- nous avons appris que ce combat était un combat pour la démocratie, pour que celles et ceux qui décident acceptent la main qui leur est tendue depuis 24 jours et qu’ils ne se murent plus dans le silence, pour surtout qu’ils acceptent de voir la réalité en face et décident de se mettre autour de la table pour reprendre ce dossier à la base.

Pour l'Union Syndicale Solidaires, ce projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes est inutile et nuisible. Il doit être abandonné. La Déclaration d'Utilité Publique, fondée sur des données erronées, doit être annulée. Et, sans délai, les pouvoirs publics doivent s'engager à ce que rien d’irréversible en matière d’expropriation et d’expulsion ne soit mis en oeuvre tant que tous les recours n’ont pas été jugés.

Il faut tout remettre sur la table et cesser de faire croire que la crise écologique à l’œuvre, dont nous payons déjà le prix mais que nos enfants paieront au centuple si rien n’est fait, cesser de faire croire que cette crise n’appelle pas des changements majeurs en matière de gaspillage énergétique, de bétonnage des sols et de transport. L’annulation du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes en doit être une des toutes premières et emblématiques décisions.

Avec la Confédération Paysanne, nous avons appelé l'ensemble des organisations syndicales à rejoindre cette lutte. A nos camarades syndicalistes salarié-es, nous redisons : prenez bien conscience des conséquences en matière d'emplois qu’aurait le transfert de Nantes Atlantique vers Notre Dame des Landes. N’oubliez pas les salarié-es d’Airbus.

Chacun de nous le sait, le combat sera sans doute encore long, âpre, rugueux. Mais c’est votre détermination, intacte malgré la souffrance des corps, qui non seulement nous prend au cœur mais qui, jour après jour, nous forge une volonté commune.

Alors, non à un nouvel aéroport ! On lâche rien, on lâche rien...

Recevez, cher-es ami-es, notre amitié et notre totale solidarité,

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