mercredi 2 mai 2012

Notre Dame des Landes : 22ème jour de grève de la faim. Robert Chiron, 71 ans, rejoint les grévistes.


« La santé tient encore, même si le souffle devient court ». Au 22ème jour de grève de la faim, malgré le soleil, la fatigue est prégnante et chacun remarque combien Michel doit faire appel à la volonté que chacun lui connait pour tenir. Et laisser éclater sa colère à la lecture de l’entretien que Sarkozy a accordé à Ouest France ce matin où le président candidat explique que sans aéroport, Notre Dame des Landes est « un terrain vague ». Jusqu’où peut aller le mépris d’un homme «qui ignore totalement le monde paysan et qui n’a pas encore pris conscience qu’il y a des paysans sur le site».



Tour à tour, Marie, Gilles, Sandrine et Séverine, ne diront pas autre chose : la fatigue est bien présente, pesante, mais elles et il réaffirment une détermination intacte pour bousculer cette surdité insupportable des deux candidats à la présidentielle et s’opposer à la destruction du bocage de Notre Dame des Landes.


Et c’est les larmes aux yeux que Michel accueille un sixième gréviste de la faim, Robert Chiron, docteur en science et fondateur de l’association Bolivia Inti.
Agé de 71 ans, Robert lutte contre le cancer depuis plusieurs années, mais c’est d’une voix ferme qu’il explique son choix de se joindre à ce qui « est peut-être mon dernier combat car le mal en moi progresse » pour s’opposer à « un projet déraisonnable au niveau écologique ». « Les indiens m’ont appris le rapport à la terre mère », poursuit-il, construire l’aéroport ce serait « refaire l’expérience de l’ile de Pâques en détruisant la terre nourricière ». L’émotion et le respect se lisent sur tous les visages.

L’actualité en ce lendemain de 1er mai, outre l’ignorance méprisante de Sarkozy qu’un comité d’accueil rappellera au Premier Ministre Fillon ce soir à la Beaujoire et le silence pesant de François Hollande, c’est la préparation de la manifestation de demain. Cédric, de la Confédération Paysanne, indique que la mobilisation grandit et que, malgré l’urgence de nombre de travaux agricoles, nombreux seront les paysans à faire le choix de perdre une journée de travail pour venir manifester à Nantes et dire halte à la bétonisation des terres agricoles. Nous devrons être nombreux à les accueillir.

Puis l’avocat des paysans, Maitre Lemoigne, du Barreau de Saint Nazaire, a expliqué le sens du pourvoi en cassation qu’il a déposé au nom des paysans menacés d’expropriation à qui la loi actuelle ne permet même pas qu’ils et qu’elles défendent leurs droits, une simple ordonnance judiciaire, sans débat contradictoire, pouvant purement et simplement transférer la propriété de leurs terres aux promoteurs de l’aéroport. Saisi par l’avocat, le Conseil Constitutionnel devrait se prononcer avant le 15 juin prochain… mais pendant ce temps, AGO poursuit son travail de sape avec audiences de justice fixées en mai et juin, aujourd’hui même, Sylvain Fresneau a reçu la saisine pour sa ferme.

Aéroport du Grand Ouest n’est pas seulement le bénéficiaire de cette véritable guerre judiciaire, il en est un acteur majeur, au même titre que les promoteurs politiques. Car il a évidemment le pouvoir d’attendre les résultats des recours en cours avant de forcer le rouleau compresseur des bétonneurs. « On met au défi le nouveau pouvoir politique de nous passer dessus à Notre Dame des Landes », conclut Julien Durand.


Cet après-midi, Suzan George rendait visite aux six grévistes, ce soir le sénateur breton Joël Labbé passera la nuit auprès des grévistes avec François Dufour et René Louail. Le climat visiblement se durcit, à la mesure de la remarque méprisante de responsables du PS 44* lors de la manifestation du 1er mai et de la réplique cinglante de Michel Tarin ce matin : « à ceux qui disent que ce n’est pas une véritable grève de la faim, je leur dis que j’irai jusqu’au bout ». A chacune et chacun de nous de mobiliser rapidement et massivement pour imposer une issue rapide et positive.


Cette attitude des dirigeants du PS 44 se heurtent heureusement à l’opposition croissante de pans entiers de leurs militant-e-s, dernière en date la section PS Erdre et Gesvre.




TRIBUNE 01/05/2012 à 20h43  sur le site Rue 89


Notre-Dame-des-Landes : 1 000 élus répondent aux décideurs locaux


par Françoise Verchère Conseillère générale de Loire-Atlantique - co-présidente du Cédpa   avec Jean-Paul Naud, co-président du CéDpa.



Alors que quatre personnes sont en grève de la faim depuis près de trois semaines pour dénoncer un projet « aberrant, inutile, dispendieux et mortifère pour les générations futures », et que François Hollande a fait preuve d’ouverture, le Collectif d’élu-e-s qui doutent de la pertinence de l’aéroport (CéDpa) s’étonne des réponses qui lui sont faites par les autorités socialistes locales.


Jean-Marc Ayrault, président de Nantes Métropole, Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire, et de Philippe Grosvalet, président du conseil général de Loire-Atlantique ont pris la peine d’écrire aux grévistes de la faim qui luttent contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Mais pas au CéDpa, qui les avait interpellés et qui regroupe pourtant plus de mille élu-e-s.


Dans cette lettre, en date du 25 avril, nous avons appris des choses très surprenantes. Les porteurs du projet osent demander aux paysans grévistes de la faim de cesser leur combat. Pourtant, contrairement à ce qu’ils affirment, la messe n’est pas dite sur le terrain juridique. François Hollande l’a d’ailleurs visiblement compris puisqu’il déclare dans Ouest France du 30 avril que « cet aéroport […] sera construit à condition que tous les recours aient été épuisés ». Il demande en outre que « l’exploitation des terres puisse continuer pendant l’instruction du dossier », avancée notable dont nous nous réjouissons.


Nous pouvons lire dans ce courrier des trois présidents socialistes locaux :


« Les arguments pour et contre le transfert ont été très largement échangés de manière transparente et démocratique, lors de plusieurs élections locales, au sein des assemblées des diverses collectivités territoriales ou encore dans le débat public local relayé par la presse. »


Les auteurs de la lettre semblent oublier que, depuis octobre 2011, nous avons désormais la certitude que les éléments factuels sur lesquels repose la déclaration d’utilité publique prononcée par décret le 9 février 2008 sont erronés, comme le montrait l’enquête de Rue89 en février.


A la lumière de ces nouveaux éléments, peut-on encore sérieusement et honnêtement affirmer que le débat public a eu lieu de manière transparente et démocratique ? Nous n’avons toujours pas eu de réponse des porteurs du projet suite à l’étude du cabinet CE Delft, à part mépris et ignorance.


Le débat, engagé devant le Conseil d’Etat


De même, nous pouvons lire :


« La période de recours sur la déclaration d’utilité publique est terminée. »


C’est justement la raison pour laquelle le CéDpa a engagé il y a quelques jours un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’Etat pour remettre en cause cette déclaration d’utilité publique (DUP).


Dans une démocratie, dans un Etat de droit, une DUP qui engage si lourdement les finances de l’Etat, celles des collectivités territoriales (surtout en période de crise économique et de restriction du crédit) ainsi que des centaines d’hectares de terres agricoles, pour remplacer un aéroport soi-disant saturé, ne doit pas être basée sur des estimations manifestement (volontairement ?) inexactes. Puisque le débat ne peut avoir lieu ailleurs, nous l’engageons devant le Conseil d’Etat.

Nous lisons, ensuite :


« En droit, la période de débat sur l’opportunité du transfert de cet équipement est donc close. »


Ce qui est faux à double titre :


• un contentieux vient tout juste d’être engagé concernant la demande d’abrogation de la déclaration d’utilité publique en date du 9 février 2008 ;


• il y a toujours, à l’heure actuelle, un recours devant le Conseil d’Etat contre le décret approuvant le contrat de concession entre l’Etat et la société AGO, contenant notamment le cahier des charges et les conventions de financement du projet d’aéroport.


Il paraît dès lors péremptoire d’affirmer que le débat sur l’opportunité du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est clos, dans la mesure où il nous semble que les dispositions réglementaires relatives au cahier des charges et au financement du futur aéroport semblent concerner l’utilité publique du projet... Ou alors, nous n’avons pas la même notion de l’utilité publique !


Encore six recours


Enfin, l’argument-mensonge massue :


« Le Conseil d’Etat, après examen, a rejeté tous les recours. »


Là encore, il nous semble que les porteurs locaux du projet doivent avoir quelques années de retard. Faut-il leur rappeler qu’il existe à l’heure actuelle un recours pendant devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre l’Etat français, suite à ce contentieux, recours déclaré recevable ?


Au final, depuis 2001, si cinq recours ont bien été rejetés par le Conseil d’Etat, il en existe encore à ce jour six devant les juridictions françaises.


Dans ces conditions, comment peut-on décemment affirmer que tous les recours concernant l’aéroport, voire même son utilité publique, ont été rejetés ? Soit il s’agit d’un manque d’informations et nous tenons à les exposer présentement, soit il s’agit d’un aveuglement !



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