Les cortèges CGT et FO étaient les plus fournis, témoignant d'une vraie volonté d'en découdre.
A Saint Nazaire, la manifestation a réuni plus d'un millier de participant-e-s, plus d'une centaine à Ancenis et Châteaubriant.
à lire ci-dessous, l'intervention de la FSU 44 (Didier Hude) :
Après la sucette à l’ANI, un certain syndicalisme
d’accompagnement du libéralisme en tous genres vient de gagner une
nouvelle praline patronale : le pacte d’irresponsabilité. En finir avec
les acquis du Conseil National de la Résistance, en finir avec le modèle
social français imposé par les syndicats et les partis ouvriers, tel
est le programme des droites politiques, syndicales et patronales. Il y a
désormais un cap partagé par le gouvernement et le syndicalisme de
capitulation devant la pensée dominante.
Le pacte d’irresponsabilité qui
vient d’être signé entérine une politique constante depuis vingt
années : celle de la baisse des cotisations sociales des employeurs. Au
nom de la compétitivité, des dumpings de tous ordres sur lesquels
fleurissent les bénéfices de l’actionnariat, le gouvernement choisit une
fois de plus de sacrifier la solidarité sociale. Baisser le coût du
travail est un diktat européen. Il s’impose de lui-même en logique de
profits, puisque la zone euro interdit toute relance par la dévaluation
monétaire.
Ce pacte d’irresponsabilité c’est du perdant-perdant
pour le plus grand nombre. Il repose sur la disparition, sans
contrepartie garantie, des cotisations de la branche famille. Il s’agit
d’un véritable choix idéologique voulu par le gouvernement et les
doctrinaires ultra libéraux. Le tour de passe-passe est grossier : au
lieu de considérer la politique familiale comme une part de salaire
socialisé, on la fait relever des taxes et de l’impôt payés par toutes
et tous.
Cette vision comptable portée par le gouvernement, minimise les
conséquences en termes de redistribution auprès des ménages. L’impôt de
la CSG, de la TVA, et autres taxes ne garantit en rien l’affectation
des ressources, comme c’est le cas dans un régime autonome aujourd’hui.
La branche famille est une cible toute trouvée pour de nouvelles mesures
d’austérité. L’exemple allemand, y incite. L’Allemagne n’a pas de
cotisations sociales employeurs pour la famille. Mais sa politique
familiale est insuffisante. Elle explique pour une part le faible taux
de fécondité allemand.
Le refrain sur le coût du travail fait penser à la
démonstration socratique du syllogisme. Socrate est mortel, un chat est
mortel, donc Socrate est un chat ! Les cotisations sociales sont
mortelles pour le coût du travail, le coût du travail est mortel pour
l’entreprise, donc il faut tuer les cotisations pour sauver l’entreprise
et l’emploi ! Ce syllogisme n’est qu’une grosse Berta capitaliste qui
ne résiste pas aux analyses sérieuses. Ce que veulent le grand patronat
et les actionnaires, ce sont des politiques salariales qui tassent les
salaires vers le SMIC pour les rendre éligibles aux exonérations. Tout
le monde le sait. Les chiffres sont là depuis vingt ans ! Et aujourd’hui
Hollande et Ayrault ne font rien d’autre que continuer à ouvrir, via
une politique salariale désastreuse, la trappe aux bas salaires.
Où est la responsabilité dans ce pacte ? Les entreprises
ne vont plus financer la politique familiale. Ils ne prendront pas
d’engagements précis sur l’emploi créé ou l’investissement productif.
Les patrons pourront toujours dire qu’ils ont utilisé les marges
dégagées à baisser leurs prix, au nom de la concurrence, ou à se
désendetter, au nom de leurs banques. Ils n’auront pas de comptes à
rendre sur leurs dividendes ou sur les salaires des dirigeants. Que
pourra bien observer l’Observatoire des contreparties ? La voie
sociale-démocrate Hollande/Ayrault c’est du pipeau pour les gogos, du
pain béni pour les oui-oui, c’est des gros cadeaux patronaux.
La stratégie européenne est irresponsable. Elle prend
les peuples en otage d’une austérité infligée générant pressions sur les
salaires, sur les services publics. Avec le Pacte de Responsabilité, la
France s’engage à réduire les dépenses publiques d’environ 70
milliards. Cet ajustement portera vraisemblablement en quasi-totalité,
sur les dépenses sociales et les dépenses publiques profitant
directement aux ménages, comme la santé. Les fonctionnaires, une fois de
plus montrés du doigt, payent déjà un lourd tribut.
Le cap social
démocrate aujourd’hui, rejoint le cap ultra libéral d’hier dans la
volonté obsédante de rogner ou faire disparaître les grandes fonctions
sociales solidaires qui reproduisent notre société. Ce cap est vraiment
celui du chaos à venir, des violences symboliques autant que des
violences sociales et politiques, de celles qui renvoient aux guerres
économiques comme aux conflits armés.
Didier HUDE - FSU 44
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