lundi 20 avril 2015

PCF / FN : Hollande connaît ses amalgames, par Roger Martelli


François Hollande, à son tour, a comparé le PCF des années 1970 et le FN de Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy avait mis en parallèle le discours frontiste et celui de Jean-Luc Mélenchon. La symphonie est parfaite, mais ce n’est pas une raison pour l’apprécier. 

Marine Le Pen chasse à gauche comme à droite. Son but est simple : cultiver le ressentiment pour valoriser un projet d’exclusion. Elle entérine le recul de l’État-providence et en tire les conclusions : il faut réserver la manne publique aux "nationaux". Tel est l’alpha et l’oméga de sa politique. Son socle est le ressentiment ; ce qui nourrit le ressentiment est la désespérance. 


La moindre des choses serait de se demander ce qui produit cette désespérance et ce qui pourrait la dépasser. Mais aller dans cette direction reviendrait à mettre en cause les politiques suivies depuis plus de trente ans. À droite, bien sûr. Mais aussi à gauche. 

Assimiler la gauche de gauche et le Front national est donc une manière commode de dire : il n’y a pas d’alternative aux politiques de réduction de la dépense publique et de baisse du "coût" du travail. Or cette affirmation ne peut avoir qu’une conséquence : attiser la colère, l’abstention... et le vote Front national. 

En pratique, c’est une manière d’alimenter la crise politique et de casser toute hypothèse de relance d’une dynamique populaire et démocratique. 

Parallèle infondé sur un plan idéologique, faux sur le plan électoral Le PCF des années 1970 est engagé corps et âme dans la stratégie de l’union de la gauche et du programme commun. À la fin de la décennie, il met en garde contre toute tentation d’un glissement libéral. Il le fait de façon maladroite, en se repliant ? Sans doute, mais sa préoccupation est légitime. Le PS d’alors a gagné son bras de fer avec le PC. François Mitterrand est élu en 1981. La gauche est au pouvoir, le PCF est en position subalterne. 

La gauche d’accommodement au système a le vent en poupe. Ses choix vont s’avérer désastreux. Pour les catégories populaires et pour la gauche. 

Mettre en parallèle le PCF et le FN n’est pas nouveau. L’exercice est pourtant infondé. Il n’est pas juste sur un plan idéologique et éthique. Il est faux sur le plan électoral. Le FN s’incruste certes dans les territoires populaires, déstabilisés par la désindustrialisation et le chômage, qui votèrent massivement à gauche. Ce n’est pas pour autant le même électorat. 

Si le FN d’aujourd’hui est sur le même plan que l’allié communiste du PS d’hier, il est criticable mais présentable. Par sa comparaison choquante, le président de la République contribue à la dédiabolisation du parti frontiste. Il insulte la tradition communiste ; il fragilise la culture républicaine ; il prépare les déroutes de la gauche. 

  - repris du site de Regards
 

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