lundi 20 avril 2015

Mettre un coup d'arrêt à la cascade de plans sociaux, par Michel Gautier (Ensemble!)


Depuis quelques semaines et la fin de la séquence politique des élections départementales, la liste des plans de licenciement, les mal nommés plans sociaux, s'allonge sans discontinuer. Selon le cabinet Altares, 66 000 emplois seraient menacés. 

Un conflit de 28 jours lié à l'avenir de l'audiovisuel public et à la sauvegarde des emplois vient de prendre fin à Radio France. Il s'achève sans que la question de la suppression de 380 emplois n'ait été clairement abordée. Pendant longtemps, le PDG a voulu cacher cette décision. Quant à la ministre de la Culture et au médiateur, sous des déclarations lénifiantes, ils ont noyé le poisson. Inévitablement, avec la fin de la grève, la suppression des emplois va revenir sur la table. 


Les salarié-es dans les entreprises de transport payent un lourd tribut. A peine remis du traumatisme de la liquidation de Mory-Ducros qui a laissé sur le carreau 2800 salarié-es, les 2105 personnes reprises par Mory-Global, au main d'Arcole Industries, se sont vues signifier leur licenciement début avril. Dans la foulée, Gefco, autre entreprise de transport et filiale des chemins de fer russes, rendait public la suppression de 10% des emplois, soit près de 500 postes. 

Le patronat impute la responsabilité de cette situation au dumping social des pays de l'Est de l'Europe dont les prix seraient inférieurs de 40%. Mais, en fait ce n'est que la conséquence du principe de concurrence, battu dans les urnes en 2005, mais validé par le traité de Lisbonne ensuite. 

Cette vague de licenciements touche diverses branches professionnelles mais avec toujours les mêmes raisons : la rentabilité, la priorité aux actionnaires, la délocalisation, le jeu des fonds de pension qui se déplacent à la recherche du profit à court terme. 

Ainsi, le groupe Vivarte reçoit plus de 30 millions de subventions publiques et 15 millions au titre du CICE. Il verse 1 million à ses actionnaires mais vont supprimer 1600 emplois et fermer plusieurs magasins. DIM, au main d'un groupe textile américain, HanesBrands, : 600 licenciements en Europe dont 265 en France. 

Pour cause de projet de délocalisation en Hongrie, le fabricant de compteurs Itron France veut liquider 137 emplois. Quant à Intermarché, il compte à la fois supprimer des bases logistiques (6 sur 38) et 600 emplois à court terme. 

Dans la manifestation du 9 avril, le cortège des salarié-es de Sambre et Meuse était particulièrement animé et remonté contre la situation qu'ils subissent. Depuis le 18 mars, cette fonderie est occupée pour lutter contre le fermeture annoncée : 261 travailleurs jouent leur avenir. 

Plus que jamais, les salarié-es sont la variable d'ajustement. Leurs vies et celles de leurs familles comptent pour rien dans la machine à broyer du capitalisme. Des territoires et régions sont dévastés comme la Bretagne, des zones situées dans le Nord et l'Est. 

Mais, pour le MEDEF et les organisations patronales, il y a encore trop de protection pour les salarié-es et elles n'ont de cesse de mettre en cause les soi-disantes « rigidités du code du travail ». Le gouvernement de M. Valls qui « aime l'entreprise » a bien compris le message. Après la loi pour la sécurisation de l'emploi de 2013, c'est au tour du projet de loi Macron de donner des garanties supplémentaires au patronat au détruiment des possiblités de recours des organisations syndicales. 

L'objectif déjà énoncé dans l'accord pour la sécurisation de l'emploi est de barrer la route au recours judiciaire pour contester un plan de sauvegarde de l'empoi (PSE) afin de le faire valider par l' autorité administrative, la Direction régionale aux entreprises, au commerce, à la consommation, au travail et à l'emploi (Direccte) et par conséquent de limiter considérablement le délai mis à disposition des comités d'entreprise pour l'information et le recours. 

Le projet de loi Macron en rajoute, en autre, en supprimant le contrôle administratif pour les licenciements inférieurs à 10 salariéEs, en permettant de valider le PSE au regard des moyens de l'entreprise - et non pas du groupe auquel elle appartient – dès lors que l'entreprise est en redressement ou liquidation judiciaire, en supprimant l'obligation de reclassement ou de versement de dommages et intérêts si le PSE venait à être annulé a posteriori. 

L’Union européenne n’est pas non plus sans responsabilité. La Commission européenne vient d’ailleurs de lui adresser son rapport en février 2015. D’une part, elle estime que des efforts limités ont été faits « contre la rigidité du marché du travail », le rapport relevant que seuls six accords de maintien de l'emploi (AME) ont été conclus depuis l’entrée en vigueur de la loi. D’autre part, elle reconnaît que « la France a réalisé certains progrès » pour veiller à la réduction du coût du travail, mais, note-t-elle, « ces progrès pourraient néanmoins être en partie compromis par la hausse des salaires » sic !!! 

La manifestation intersyndicale du 9 avril a montré une combativité renaissante et une colère des salarié-es contre la politique menée par le gouvernement et le MEDEF qui font grossir les files d'attente des chômeurs et monter la pauvreté et la précarité. Localement, dans des conditions difficiles les salarié-es résistent. La solidarité la plus large doit être organisée pour faire reculer ces plans de liquidation de l'emploi. 

Mais, il faut faire plus et bâtir une campagne nationale de lutte et de résistance pour mettre du lien entre les salariéEs et créer des convergences entre toutes ces entreprises où les personnels sont menacés d'être jetés à la rue. En 2001, ce sont 20 000 salariéEs qui manifestaient à Paris contrec les licenciements. En 2013, des initiatives de convergence de lutte ont pu se réaliser entre Goodyear, Sanofi, PSA Aulnay, Virgin, notamment. C'est la voie à suivre, même si à l'époque, ça n'a pas suffi pour empêcher fermeture et suppression d'emplois. 

Il n'y a pas d'autre solution que la lutte collective, que la convergence des luttes et leur soutien actif par toutes les organisations qui veulent construire une alternative de gauche en rupture avec la politique libérale du gouvernement actuel. 

Michel Gautier

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