lundi 18 avril 2016

L'Union européenne et les migrants : une fuite en avant sécuritaire et raciste, par Emre Ongün


En signant avec le gouvernement turc l’accord sur les migrants, les dirigeants européens ont cyniquement décidé de la mort de milliers de personnes et validé l’emprise du racisme en Europe. 

Cette décision couvre de son infamie l’ensemble des dirigeants européens, même si la position de la chancelière allemande est plus nuancée et que le gouvernement français est à la pointe de la réaction. 


Les morts à venir ne sont pas seulement les migrants dont la Méditerranée ou la mer Egée va être le cercueil en raison de routes migratoires encore plus dangereuses. Il faut y ajouter les Kurdes régulièrement assassinés par les forces de l’État turc (ou ses irréguliers), c’est le cas en ce moment des civils kurdes dans des communes en état de siège (notamment Nusaybin). 

La reprise des négociations d’adhésion à l’UE dans le cadre de cet accord est plus qu’un élément dérisoire d’un deal honteux. C’est la légitimation d’un régime criminel en voie de mutation fascisante qui se traduit par une répression accrue. 

Ce cynisme n’est pas seulement une forme de barbarie, c'est également une forme de sénilité. Le renforcement du régime turc, qui a contribué à la prospérité de Daesh, y compris sur son territoire, signifie celui de la crise au Proche-Orient donc de la cause de départ des migrants. 

Le renforcement du régime turc, qui a unilatéralement mis fin au processus de paix avec le PKK, signifie une escalade vers la guerre civile en Turquie même. Même si le HDP garde une position de défense de la paix, désormais, le PKK légitime des attaques, y compris de civils, dans les villes de l’Ouest du pays. 

La guerre est en train de devenir régionale et les dirigeants européens en portent une lourde responsabilité. 

Cet accord est la preuve définitive que l’UE ne constitue en rien une garantie en ce qui concerne les droits humains face à la détermination des dirigeants européens. 

Avec le drame grec, cet accord montre expose l'épuisement des perspectives des dirigeants européens. Tout comme ils n'avaient plus que des recettes économiques éculées dont l'inefficacité est établie, ils n'ont plus pour perspective politique qu'une fuite en avant raciste et sécuritaire. Leur seul recours est l'ensemble des crises qu'ils provoquent... 

Développer une politique conséquente pour sortir de ces crises constitue un enjeu majeur pour le rapport de force en Europe et en France.

- article publié initialement sur le site de Cerises

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