vendredi 23 novembre 2012

Les maisons anti-aéroport poussent en forêt, un reportage du journal Ouest-France


Samedi dernier, des milliers de manifestants lançaient la « réoccupation » de la zone de Notre-Dame-des-Landes. Depuis, six maisons de bois ont été construites. Reportage 

Les quatre paludiers de Guérande sont arrivés le matin à Notre-Dame-des-Landes. Très tôt, afin d'être présents en cas d'intervention des forces de l'ordre. Il n'y a pas de casques en vue. Alors, au coeur de la châtaigneraie, ils scient, pointent, posent le bardage intérieur d'un dortoir imaginé par des étudiants de l'école d'architecture de Nantes. Avec un groupe d'une quinzaine d'étudiants, Simon et Pierre, 23 ans, ont conçu une maison, modèle spécial Zad, Zone à défendre, « pas chère, ludique et facile à monter. Tout est de la récup, sauf la visserie, il y en a pour 150 €. L'isolation est assurée par un mélange paille-terre bien tassé »

Chaîne humaine 

Les étudiants ont profité des ateliers de l'école nantaise. Ils y ont assemblé les palettes dont sont faits les murs. Plafond A, mur B... Samedi, lors de la manifestation de réoccupation de la zone, une chaîne humaine a transporté les panneaux au coeur de la clairière. 


« Le vrai labo d'architecture, il est ici, pas sur l'île de Nantes », pensent les étudiants de 4e année, que l'arrivée des gendarmes mobiles et des CRS a fait sortir de leur école. En moins d'une semaine, six édifices ont vu le jour entre la forêt de Rohanne et la maison barricadée du Rosier. On atteint la première clairière, après 300 mètres d'une boue qui aspire les bottes. Ici, les reconstructeurs ont édifié une maison cuisine, une maison atelier d'un étage et un bâtiment de 80 m2 destiné aux réunions et assemblées générales. Le bardage est en pin Douglas et l'isolation, sous le toit, en paille. Bernard, 44 ans, termine les contours d'une fenêtre de la maison collective, posée sur des pieux. Charpentier dans le pays de Retz, il appartient à une équipe d'artisans venus prêter main-forte aux occupants de la zone. 

« Grosses ristournes » 

Ainsi Christophe, charpentier-arboriculteur à Fay-de-Bretagne ou encore Jean-Michel, 32 ans, charpentier à Héric... « On a vu passer du monde, des professionnels, mais aussi des gens à qui nous avons transmis nos connaissances. Il y a eu beaucoup de dons, des entreprises ont fourni du bois ou effectué de très grosses ristournes. » Là encore, tout avait été préparé avant la manifestation. Les murs assemblés sous le hangar d'une ferme. Puis chargés dans une des remorques de l'opération Astérix, réponse des opposants à l'opération César des autorités. 

« L'affaire a été rondement menée », juge Mickaël, le plombier chauffagiste du pays de Redon, qui a amené tuyau à fumée et matériels électriques. Un mois après le début des expulsions, la zone se réorganise. En stationnaire au-dessus des clairières, l'hélicoptère de la gendarmerie peut observer les matelas quittant la Vache-Rit, où les anciens squatteurs avaient trouvé refuge. Le camp situé derrière la ferme de la Rolandière s'est agrandi. Plus loin, les cabanes reviennent en forêt de Rohanne, où ont démarré des ateliers un peu spéciaux d'accrobranche. Le Rosier, première maison occupée il y a cinq ans, renforce ses défenses. Des tracteurs en barrent les accès. 

Marc LE DUC. Ouest-France

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