"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
samedi 17 novembre 2012
Message de la Gauche Anticapitaliste au congrès des Alternatifs du 17 novembre 2012
Chers camarades,
Nous vous remercions tout d’abord pour votre invitation et vous souhaitons un bon congrès. Un congrès évidemment décisif pour votre courant historique en ce qu’il engage votre avenir, un congrès important pour toutes les composantes et les militants de la gauche alternative.
Le choix de rejoindre le Front de gauche est peut-être un choix difficile en ce qu’il bouscule nos histoires respectives mais c’est, nous le pensons, un choix nécessaire. Nous l’avons pris quant à nous en toute connaissance de causes (et d’objectifs), comme nous vous l’explicitions en octobre dans une lettre que nous remettons à la suite de ce message...
Depuis, la politique social-libérale du gouvernement Ayrault s’est affirmée sans complexe et vous aurez noté le positionnement contre le budget de toutes les composantes du Front de gauche, à l’exception, certes préoccupante, du PCF qui apparait bien mal à l’aise... Nous savions que l’indépendance par rapport au PS serait un combat permanent. Plus nous serons dans le Front de gauche pour ne rien lâcher sur cette question, plus nous pourrons assurer une orientation combative, alternative.
Nous tenons à vous dire à l’entrée de votre congrès que nous respecterons, bien entendu, le choix que vous ferez de rejoindre – ou non – le Front de gauche. Nous voulons aussi vous dire que si votre réponse est positive, nous aurons le plaisir de débattre ensemble – en réunions bilatérales et dans le possible regroupement avec C&;A, la GU et la FASE – de la façon dont on peut agir pour transformer le Font de gauche, pour construire un front social et politique qui conteste la politique social-libérale, qui se dresse contre l’austérité, donne des réponses aux crises économique, politique, écologique et porte une alternative au capitalisme. Les occasions ne vont pas manquer, à commencer par la journée éco socialiste du PG dans deux semaines et celles que la lutte des classes va susciter...
Bon congrès !
Lettre de la GA aux Alternatifs pour introduire la discussion lors de notre réunion commune du 15 octobre :
Notre décision, prise début juillet, de quitter le NPA et d’intégrer le Front de gauche, résulte de la réflexion que nous avons collectivement menée pendant une année à partir de trois éléments principaux.
1/ La période politique marquée, notamment en Europe, par l’acuité des crises (économique, sociale, politique, écologique). La crise économique européenne est systémique et les politiques libérales ne peuvent la résoudre. En sortir suppose une rupture avec ces politiques et les institutions installées par les traités européens. Cette crise entraine une crise sociale qui pèse lourdement sur la population : chômage, licenciements, baisse des salaires et du pouvoir d’achat... Le gouvernement Ayrault est impuissant à la contrecarrer. Nous le savions et constatons que les dérobades sont rapides et vont au-delà de ce que nous pouvions imaginer. La crise connaît une dimension politique, les renoncements se succèdent, Valls poursuit une politique proche de celle menée par ses prédécesseurs. Et le FN est en embuscade. Enfin, le capitalisme est en passe de détruire la planète et la vie ! Sur cette analyse et les réponses en termes de rupture avec le capitalisme productiviste, nos deux formations ont un très large accord. Un accord partagé aussi avec des secteurs significatifs du mouvement social et avec le regroupement « Tous ensemble ». La situation impose de construire au plus vite ce que nous avons appelé un bloc de gauche anticrises, un front social et politique qui mène les mobilisations, qui soit en mesure de porter une alternative au capitalisme. Et dans cette perspective, le Front de gauche est incontournable !
2/ Le bilan d’échec du NPA et de la tentative de rassemblement des anticapitalistes hors du champ social à gauche de la gauche. Dans l’histoire de la LCR, le débat sur le parti, son programme, son lien avec le mouvement social, sa stratégie, a connu des évolutions (pour ne pas dire des soubresauts) pavées par des évènements qui bousculaient la situation : 1989, 1995, le mouvement altermondialiste, 2005 (le rassemblement contre le TCE et sa suite chaotique), la création du NPA... Sa constitution uniquement par en bas, sans convergence de cultures politiques différentes (sinon « l’apport » de diverses sectes trotskistes), l’ignorance de ce que pouvait représenter l’émergence du FdG dès les élections européennes de 2009, prélude à un engoncement (certain mais finalement assez rapide) dans l’isolement et la marginalité. Au-delà de ce legs de notre histoire, c’est sans doute, dans la période et le contexte, la forme d’existence et la fonctionnalité d’une organisation indépendante minoritaire, se proposant de « révolutionner la société », qui est posée...
3/ Le troisième élément qui a boosté notre décision est la dynamique de la campagne présidentielle. Une dynamique politique qui installe le FdG comme la force à gauche qui conteste l’orientation social-libérale du PS. Une dynamique sociale, mesurée notamment lors des rassemblements (Bastille, Prado, Capitole), qui a permis de rassembler des composantes importantes du mouvement social et un grand nombre de syndicalistes. Si cette dynamique a quelque peu marqué le pas au moment des législatives, la manifestation du 30 septembre témoigne du fait qu’elle peut rebondir... et plus seulement sur le terrain électoral !
La décision de rejoindre le FdG n’est donc pas un choix par défaut mais bien un choix délibéré, pris en toute connaissance de causes (et d’objectifs). Un choix rendu possible dès que la non participation de ses composantes au gouvernement fût acquise. L’indépendance résolue par rapport au PS reste pour nous primordiale. Nous savons que cette condition demande à être constamment confirmée dans l’avenir. Le vote du budget est le prochain test.
La réalité de la politique menée par le gouvernement ne laisse guère de place pour la tentation d’un soutien même critique. Les débats dans le FdG nous amènent à le penser et cela demande évidemment vérification. L’échéance des élections municipales sera peut-être plus compliquée... La présence dans le FdG d’organisations tout à fait claires sur ces points ne peut qu’être positive.
Comme vous l’écrivez dans une contribution préparatoire à votre congrès, nous considérons que « l’urgence aujourd’hui est de faire front ensemble, comme en Grèce ou au Portugal, pour disputer l’hégémonie à gauche au social-libéralisme et porter une alternative unitaire ». C’est bien pourquoi notre entrée dans le FdG résulte d’un choix durable... qui suppose d’y participer « pour contribuer à sa construction, son élargissement, son enracinement démocratique, sa participation aux mobilisations sociales, écologistes, démocratiques, féministes et antiracistes ».
L’engagement de la GA dans le FdG est pour l’heure sans problème majeur. Et nous sommes persuadés que vous serez aussi bien accueillis si vous prenez la décision en novembre... Nous voulons œuvrer, avec d’autres, à la transformation du FdG pour qu’il soit le creuset d’un front social et politique qui s’affronte aux politiques libérales, propose une alternative à l’alternance, candidate au pouvoir et pose les jalons d’une transformation radicale de la société.
Dans l’immédiat, la transformation, l’élargissement du FdG passe entre autre par son ouverture à des adhésions directes et la reconnaissance des structures locales, dotées d’une autonomie pour leur intervention propre tout en participant aux décisions nationales. La forme « front », dans lequel toutes les composantes gardent leur indépendance, nous semble pour l’heure, la mieux à même de rassembler.
Enfin, l’insertion dans le FdG n’exclut pas des convergences et des recompositions internes, de toute façon nécessaires quand elles sont possibles (sur les 8 – ou 9 – composantes, il n’y a pas autant d’orientations essentiellement différentes), des recompositions qui peuvent s’avérer représenter un vecteur de son élargissement et permettre d’attirer des militants, des secteurs du mouvement social. C’est le sens de notre adhésion à l’appel Médiapart et notre participation aux réunions du regroupement « Tous ensemble ». La réunion du 20 octobre est une étape importante sur le chemin de ce regroupement. Et le texte que nous avons rédigé en commun donne un signe positif. C’est aussi pour préparer ces convergences que nous avons entamé un débat avec les composantes de ce regroupement qui sont d’ores et déjà dans le FdG. Une configuration à 4 (GA, C&A, GU, FASE) qui ne demande qu’à s’élargir à 5...
Pour conclure, nous voulons vous dire que nous croyons en l’espoir d’un métissage politique. S’il y a un élément à sauvegarder du projet initial du NPA, c’est la volonté de prendre, pour les mêler, « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier ». Le Front de gauche a besoin de croiser des cultures militantes diverses. Aucune ne devrait manquer à l’appel ! Les alternatifs représentent une histoire, une culture politique (dont l’attachement aux références autogestionnaires) qui se manifeste dans vos écrits et que nous nous garderons bien de résumer en une phrase mais dont nous estimons l’apport pour le Front de gauche et le rassemblement des anticapitalistes pour l’écosocialisme.
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