lundi 5 novembre 2012

Notre Dame des Landes : stop aux mensonges, remise à plat du projet. Première réponse des Alternatifs 44 à la communication, agressive et aventureuse, des présidents des collectivités locales.


Les déclarations concomitantes du Premier ministre, du Président du Conseil Régional des Pays de la Loir, du Président du Conseil Général de Loire-Atlantique, du Président de Nantes métropole et du maire de Nantes selon lesquelles il serait « faux et irresponsable de laisser croire que le projet de Notre Dame des Landes pourrait encore être abandonné » indique, pour le moins, une inquiétude commune sur l’issue incertaine de la bataille politique.

Mais, aussitôt dit, …. aussitôt parait le supplément du magazine du conseil régional intitulé « un aéroport pour s’ouvrir au monde ». Après des « semaines brutales » consacrées au début de destruction du bocage en commençant par les maisons de la ZAD rasées par une armée, en cape et en arme, comme jamais nous n’en vîmes à part au Larzac il y a une trentaine d’année, cette publication est une véritable provocation !

Sans compter que ce supplément au magazine de la Région est un amas de mensonges, tout comme l’était celui du Conseil Général paru il y a 6 mois et intitulé « Aéroport du Grand Ouest, une réalité pour les habitants de Loire-Atlantique ». Doit-on encore rappeler à M. Auxiette et à M. Grosvalet, directeurs des deux publications, qu’il ne s’agit que d’un projet, certes promis à de vastes financements de la part des Collectivités locales (principalement plus de 40M€ pour la Région PdL, plus de 25M€ pour la Région Bretagne, plus de 23M€ pour le CG44 et près de 18M€ pour Nantes Métropole) mais largement attaquable.

L’étude du cabinet CE Delft a démontré clairement que les bases sur lesquelles avait été fondée la Déclaration d’Utilité Publique étaient  fausses et malhonnêtes. Et, jusqu’à ce jour cette étude n’a pas été contestée sur le fond, sinon via des effets de manche.


De plus, les réserves sur l’avis favorable de la commission d’enquête « Loi sur l’eau » renvoient à des collèges d’experts pour valider la méthode VINCI. Nous serons très attentifs à la nomination de ces personnes pour que ces comités ne soient pas des bénis oui oui.

« Un aéroport pour s’ouvrir au monde » laisse entendre que l’actuel aéroport de Nantes Atlantique est fermé et riquiqui. Rappelons donc qu’il a été couronné comme meilleur aéroport régional en Europe.Et que son gestionnaire claironne que le trafic passager s’envole d’année en année, que son ouverture au monde concerne 25 liaisons européennes, 9 liaisons internationale,s 19 liaisons saisonnières auxquelles s’ajoutent 61 liaisons charter vacances.

Pourtant l’agglomération est économiquement reconnue comme dynamique sans être bridée par un équipement qui serait « proche de la saturation » comme veulent nous laisser croire les promoteurs du projet de Notre Dame des Landes.

Et, en dépit des affirmations claironnantes des promoteurs de VINCI, il y a de la marge puisqu’une plateforme comme Genève accueille, avec une seule piste, près de 4 fois plus de passagers. Alors, pourquoi ne pas optimiser le très accessible aéroport de Nantes-Atlantique qui n’est nullement un « cul de sac » comme le déclare le président de l’Association citoyenne pour la réalisation d’un aéroport international à Notre-Dame-des-Landes (Acipran)  (sic) Alain Mustière dans la même livraison du magazine du Conseil Régional ?

La description cartographique contenu dans cet article du magazine Régional met en avant des projets « à l’étude » comme il est écrit pudiquement : le tram-train vers Notre Dame des Landes, une liaison rapide Nantes-Rennes qui « pourrait desservir l’aéroport » (quelle prudence ! quand on sait que Jean-Marc Ayrault claironne qu’une liaison TGV est prévue via NDL ; ce n’est pas tout à fait la même chose, ni en terme d’ambition ni en terme de prix), et, cerise sur le gâteau un nouveau franchissement de Loire. A la louche, toutes ses infrastructures, si elles se réalisaient, tutoieraient les 2 milliards d’euros.

Les projets font rêver …. quand bien même il n’y a pas le premier euro pour financer tout ça et l’ancien président de la Chambre de Commerce Alain Mustière de déverser ses optimistes prévisions économiques et créations d’emplois.

Mais qu’en est-il en matière d’emplois ?

Nantes-Atlantique est porteur de 1500 à 2000 emplois directs, sans compter les indirects et ceci pour 3,5 millions de passagers, ce qui donne un ratio de l’ordre de 500 emplois par million de passagers. Les 800 emplois annoncés pour la construction ne seaient pas fondamentalement des emplois locaux car les grandes entreprises comme VINCI ont leurs équipes et seul un complément sera sollicité localement.

Les 500 nouveaux emplois directs affichés par la Région nécessiterait un bond d’un million de passagers, d’emblée, à l’ouverture, ce qui n’est pas très sérieux.

Et les 3000 emplois qu’on nous fait miroiter à terme supposerait un trafic doublé par rapport à aujourd’hui !  Quelle ambition ! Hélas pour ces laudateurs très vite refroidie par les conséquences directes du déménagement de Nantes-Atlantique : 1500 à 2000 emplois directs détruits au Sud Loire, déjà très déséquilibré. Et n’oublions pas les emplois paysans qui seraient irrémédiablement  détruits avec le bocage. Ajoutons aussi l’accroissement des difficultés de circulation entre le Nord et le Sud, très aléatoire le matin et le soir. Ces grands chambardements auraient donc, d’ici 2020 au moins, des conséquences très négatives sur l’emploi au sud Loire que ne sauraient compenser les créations de l’IRT, porteur seulement d’emplois de chercheurs ou très techniques. En tout état de cause, l’IRT ne serait pas gêné par le maintien de l’aéroport actuel puisque les besoins de l’IRT à terme sont évalués à 6 ha. A comparer aux 340 hectares  de l’actuel aéroport.

Ce qui est inquiétant, c’est qu’au-delà des déclarations d’autorité du Premier Ministre et des présidents des collectivités territoriales, le processus démocratique est bloqué par les tenants du pouvoir : refuser d’intégrer le projet de Notre Dame des landes dans le processus d’examen des dossiers inclus dans le Schéma National des Infrastructures de Transport, au même titre que les projet de TGV, ne repose sur rien sinon sur la volonté du pouvoir bloquer toute contestation.

Si nul n’est détenteur de la Vérité, nul n’a le droit, en démocratie, d’interdire les débats et ses conséquences en matière de décisions. Prétendre mettre l’étouffoir sur la parole conduit aussi  aux affrontements que nous constatons à Notre Dame des Landes.

Il serait irresponsable, de la part des présidents des collectivités Région, Conseil Général et Nantes Métropole, de ne rien entendre, ne rien vouloir voir pour ne pas avoir à répondre sur les contestations fondamentales qui se renforcent contre ce projet.

Avec les opposants au projet de nouvel aéroport, notre  exigence est simple : stop aux mensonges, remise à plat du projet. C’est ce que nous affirmerons lors de la manifestation de reconquête de la ZAD le 17 novembre prochain.

PS) à l’heure où nous bouclons cet article, nous prenons connaissance de l’entretien que Stéphane Hessel a accordé à Hervé Kempf. Cette grande voix sera-t-elle entendue ?

Stéphane Hessel appelle le Premier ministre à reconsidérer sa position sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Souhaitant la fin des violences policières, il juge le projet ni économiquement nécessaire ni écologiquement innocent.

Reporterre - Que pensez-vous du déploiement de forces policières, engagé depuis le 16 octobre, pour expulser les jeunes habitants de Notre Dame des Landes ?

Stéphane Hessel - Je trouve toujours très regrettable que des problèmes, qui suscitent tout naturellement une opposition des uns et une opposition des autres, soit traitée avec de la violence. C’est le contraire de ce que nous a appris le mouvement socialiste, qui est un mouvement de remise ensemble des positions des uns et des autres, surtout lorsqu’il s’agit de ces jeunes indignés, dont j’ai eu l’occasion de marquer la vitalité. Il ne faut pas les brusquer, il ne faut surtout pas leur envoyer la police, il faut discuter avec eux.

Le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est très discuté, de longue date et de façon très argumentée. Que pensez-vous de ce projet ?

Je ne le connais pas suffisamment, ça n’a pas été un des sujets sur lesquels je me suis jusqu’ici engagé. Mais tout ce que j’en entends dire, et notamment de la part de mes amis d’Europe Ecologie Les Verts, avec lesquels je me suis engagé pour essayer de donner le maximum de sens au programme écologique français, je n’entends qu’une chose, c’est que ce projet de Notre Dame des Landes n’est ni véritablement nécessaire sur le plan économique, des études l’ont je pense démontré, ni suffisamment innocent sur le plan de problèmes comme la loi sur l’eau, comme la dégradation des terres agricoles.
Il me semble donc qu’il est normal que ceux qui se sont engagés derrière ce projet, reconsidèrent leur position et au moins reviennent à une discussion, à un débat, à un débat conduit avec le respect de l’autre, et arrivent peut-être à la conclusion que véritablement on s’était fourvoyé en voulant à tout prix cet aéroport.

Qu’aimeriez vous dire à Jean-Marc Ayrault à ce propos ?

A Jean-Marc Ayrault, je voudrais dire deux choses. D’abord je voudrais dire que j’ai beaucoup de respect pour lui, que je considère qu’il a fait à Nantes un travail remarquable. Et je suis heureux qu’il ait accepté le choix de François Hollande de diriger notre gouvernement.
Mais je voudrais lui dire que tout homme peut avoir des raisons de reconsidérer une position qu’il a prise, qu’il a prise sous je ne sais quelle influence particulière. Mais à laquelle il ne doit pas rester lié sans se demander s’il n’y a pas une solution qui ne mettrait pas en conflit des gens auxquels il doit l’amitié et le respect.

Ceux qui protestent, ceux qui n’en veulent pas, ce sont de bons citoyens français, ce ne sont pas des malotrus, des voyous, au contraire, ce sont des gens qui ont bien réfléchi.

J’aimerais que lui aussi réfléchisse bien. Je lui dis ça avec tout le respect que j’ai pour lui et avec la conviction que lorsqu’il tiendra compte de l’émotion provoquée, de la volonté citoyenne de faire autrement, eh bien que lui aussi se demandera s’il ne peut pas, s’il ne doit pas, faire autrement.

Propos recueillis par Hervé Kempf et Eduardo Febbro.

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