jeudi 10 mars 2016

Premier coup de semonce pour le gouvernement, par Guillaume Liégard


Le projet de réforme du code du travail avait déjà réuni 1,2 million de signatures contre lui sur les réseaux sociaux. Restait à démontrer que la protestation du clic pouvait se concrétiser dans la rue. C’est chose faite avec la mobilisation du 9 mars. 

Travail 225.000 selon la police, 500.000 pour les organisateurs : au-delà de la sempiternelle querelle des chiffres, le succès de la mobilisation du 9 mars ne fait aucun doute. 


Partout en France, malgré des conditions météorologiques hostiles, des centaines de milliers de manifestants sont allés battre le pavé. Mieux encore, et pour la première fois depuis des années, une fraction importante de la jeunesse s’est mobilisée, avec des débrayages significatifs dans les universités et les lycées. 

Contre un CPE à vie 

Souvenez-vous, la jeunesse devait être la priorité du quinquennat… À un an du terme du mandat de François Hollande, on serait bien en peine de citer ne serait-ce qu’une mesure positive du gouvernement en faveur de cette jeunesse victime du chômage et de la précarité. Il y a tout juste dix ans, la proposition d’un Contrat première embauche (le fameux CPE) avait suscité un rejet massif et contraint le gouvernement de Jacques Chirac à abandonner une loi pourtant votée. 

Le projet El Khomri relève de ce qu’on pourrait appeler un CPE à vie et ne pouvait que focaliser le ressentiment d’une jeunesse dont l’insertion dans le monde du travail s’avère difficile et précaire. 

L’appel à la mobilisation d’organisations souvent proches politiquement d’une partie du PS a tout de suite suscité le spectre de la manipulation : TF1 forcément, mais aussi l’inimitable Malek Boutih qui a déclaré : « Je sais très bien comment des politiques peuvent essayer d’instrumentaliser la jeunesse pour des débats internes ». Pour qui connaît l’état des forces de ces différentes organisations de jeunesse, le propos n’est pas seulement risible, il dénote une vision policière de l’histoire. 

Gouvernement dans l’impasse et rapport de forces en construction 

Prisonnier de son dogmatisme libéral, le gouvernement est désormais dos au mur. Son seul soutien provient du Medef, Pierre Gattaz et Laurence Parisot en tête. Autant dire que pour la grande majorité du peuple de gauche, ce soutien aggrave son cas. 

Tout acquise à la "modernité" version Macron et toujours soucieuse de négocier, la CFDT n’en a pas moins une base sociale qui, elle, est hostile à cette réforme. S’opposer frontalement à sa propre sphère n’est pas chose si aisée et se paie au prix fort, surtout quand il s’agit de venir au secours d’un gouvernement à la légitimité si faible. Le gouvernement est, quoi qu’il en soit, contraint d’assouplir ses propositions initiales, c’est désormais une certitude. 

Jusqu’à quel point ? Rien n’est écrit et tout dépend de la réalité de la mobilisation de ces prochaines semaines. Si la journée du 9 mars est un premier coup de semonce, il reste à construire le rapport de forces pour imposer au gouvernement le retrait complet de cette réforme. 

D’ores et déjà, une nouvelle journée d’action est appelée le 17 mars par l’UNEF. En attendant l’appel intersyndical à la grève du 31 mars.

http://www.regards.fr/web/article/premier-coup-de-semonce-pour-le

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