Le Sommet « Climate Chance » s'est ouvert ce lundi à
Nantes, rassemblant les acteurs non-étatiques. Invité à participer à
deux « dialogues de haut-niveau », nous avons décliné l'invitation : au
nom de notre engagement déterminé contre l'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes et de la cohérence en matière de lutte contre les
dérèglements climatiques.
Invité à participer aux deux « dialogues de haut niveau » portant sur la Gouvernance de l'Agenda de l'Action et sur la tarification du prix du carbone, nous avons décliné l'invitation. Pas parce que nous n'avons rien à dire à ces sujets. Au contraire. Très engagés en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, tant du point de vue du suivi des négociations internationales – ce qui nous a amené à participer à un certain nombre de réunions de dialogues de « haut-niveau » depuis plusieurs années – que de la mobilisation de la société et des acteurs de la société civile, nous avons abordé à plusieurs reprises ces enjeux.
Avec de nombreuses autres organisations de la société civile, nous avons fait connaître à plusieurs reprises nos réserves quant à l'absence de critères de sélection des projets dans le cadre de l'Agenda de l'Action, ce qui nous paraît être une très mauvaise « gouvernance » qui va à l'encontre d'un engagement résolu et cohérent en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. La preuve ? Total, responsable historique majeur du réchauffement climatique et exerçant un lobbying puissant contre toute véritable transition énergétique, ainsi que de nombreuses structures portant des initiatives de type « agriculture climato-intelligente » font partie de cet agenda malgré la levée de boucliers provenant de nos organisations.
Tout particulièrement invité à intervenir lors de la session de dialogue portant sur la tarification du carbone, en présence de M. Gérard Mestrallet (Engie et Carbon Pricing Leadership Coalition), nous aurions pu renouveler nos réserves et critiques (voir par exemple ici ou ici) sur des propositions qui ne permettent absolument pas de planifier une sortie progressive et programmée des énergies fossiles, gaz compris, seule à même d'être cohérente avec les objectifs de 2°C, et idéalement 1,5°C, fixés par l'article 2 de l'Accord de Paris.
Bien que désireux de partager nos analyses et arguments avec l'ensemble des participant.e.s au Climate Chance, nous avons décliné l'invitation pour les trois raisons suivantes :
- alors que nous sommes engagés dans un bras de fer avec le gouvernement français et des collectivités locales de la région nantaise à propos du projet de construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, nous ne pouvions cautionner, par notre présence, la campagne de relations publiques menée par la Maire de Nantes et présidente de Nantes métropole visant à laisser penser que sa ville serait un exemple planétaire en matière d'engagement pour le climat. Soutenir et financer la construction d'un aéroport climaticide, destructeur de terres agricoles, de zones humides et de biodiversité, est inacceptable et incohérent avec les engagements pris lors de la COP21 qui doivent conduire les Etats et les collectivités territoriales à ne plus investir dans les infrastructures qui ne soient pas climato-compatibles ;
- les annonces quant à une possible évacuation prochaine de la zone à défendre (ZAD) se font, chaque jour passant, plus fortes ; nous ne saurions accepter de participer à un sommet portant sur le changement climatique alors que cette menace plane sur celles et ceux qui protègent et défendent, à quelques kilomètres de là, le climat, les terres agricoles et la biodiversité contre un projet climaticide issu d'un imaginaire du siècle passé ; nous condamnons par avance toute intervention policière sur la zone et nous appelons l'ensemble des organisateurs et participants au sommet Climate Chance à en faire autant ;
- enfin, et ce n'est pas un point anecdotique pour nous qui avons toujours mené bataille contre le poids des lobbies économiques et financiers sur nos sociétés et nos vies : le financement et l'appui que délivrent des entreprises telles que Engie, Veolia, Suez, Bouygues, GRDF, Enedis, etc au sommet Climate Chance sapent pour partie sa légitimité et sa capacité à proposer des mesures innovantes et à la hauteur du défi climatique : respecter l'objectif des 2°C, ou idéalement 1,5°C, fixé par l'Accord de Paris, revient à décider de geler entre deux-tiers et quatre-cinquième des réserves d'énergie fossile existantes, gaz compris (voir ici), soit un objectif qu'Engie refuse d'intégrer et de mettre en œuvre comme le prouvent le maintien de ses investissements dans le secteur du charbon et ses nouveaux investissements dans l'industrie du gaz de schiste ; la sincérité et l'efficacité des propositions en matière de lutte contre les dérèglements climatiques impliquent de se détacher du lobbying qu'exercent les entreprises multinationales qui continuent d'aggraver la situation.
Quelques sponsors du sommet Climate Chance, dont Engie
Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac France
Maxime Combes, Comission Ecologie&Société
Geneviève Coiffard-Grosdoy Comité local Attac44
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