Mercredi 7 septembre, deux mille syndicalistes étaient réunis à
Nantes pour un meeting unitaire de rentrée en présence des responsables
nationaux de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires, de l’UNEF et de
l’UNL. En introduction à ce meeting, Didier Hude, au nom de
l’intersyndicale départementale CGT, CGT-FO, FSU, Solidaires, UNEF a
expliqué le sens de ce meeting unitaire :
C’est un joli nom camarade même s’il
est obsolète pour ceux qui sont énarques ou gouvernants. Mais il se
trouve dans notre département, dans notre intersyndicale, des hommes
et des femmes qui ne pensent pas avec le vocabulaire des patrons.
Vous savez, ce vocabulaire de la novlangue qui remplace le débat
d’idées par la conquête des marchés. Ce vocabulaire qui depuis
une dizaine d’années fait que de Matignon à l’Elysée on avance
masqués dans un carnaval de renoncement au progrès social. L’ANI,
la loi Macron, la funeste Loi Travail, grêlée de 49-3, sont les
enfants naturels de cette pensée de gouvernance où la technocratie
est au service de la finance.
De ce gouvernement il ne restera plus
bientôt que des douilles de 49-3 jonchant le sol de ses
capitulations face aux injonctions de la troïka.
Ce meeting devait se tenir le 26 août,
à l’occasion de l’université d’été du principal parti de
gouvernement qui avait choisi bien imprudemment de venir à Nantes
tout un week-end pour exposer, non pas ses turpitudes, mais ses
éléments de langage. On aurait pu parler de modernité de la
croissance, de performance et d’efficience, de compétition et de
marché, le tout à visage humain. Il va sans dire. Ç’aurait
été un beau voyage à Nantes. Le voyage
à Nantes a son label. Il fait rêver tout éveillé dans cette ville
prétendument surréaliste. Mais ce voyage Solferino l’a annulé.
Le 26 août, nous avions prévu d’inviter nos nationaux de
l’intersyndicale pour qu’à la veille de cet automne on renoue
avec notre printemps social. Nous y voici ce soir, après un été
meurtrier qui imprime un rythme pestilentiel à la veille des
Présidentielles. De fait ce meeting est d’autant plus précieux
pour dire que les droits sociaux contribuent à la qualité d’une
République et que les rogner est une autre manière de sortir des
pas de notre propre histoire, de naufrager des principes fondateurs
qui produisent de la solidarité par redistribution collective.
En Loire-Atlantique, l’intersyndicale
CGT, CGT-FO, Solidaires, FSU travaille ensemble et réfléchit dans
un cadre interprofessionnel depuis l’automne 2014. Rejointe par
l’UNEF en février dernier elle n’a de cesse de produire du sens
commun pour que les salariés et les jeunes se mêlent du débat
public.
La loi travail ce n’est pas fluidifier l’emploi, c’est
au contraire le mettre en coupe réglée sous la férule du
catéchisme voulu par les muezzins du CAC 40 pour que dans chaque
pays, chaque jour, le commun des mortels s’incline en direction de
la Bourse la plus proche. La loi contre le travail portée par ce
gouvernement se double d’une croisade contre le syndicalisme qui ne
se prosterne pas.
Nos militants syndicaux sont aux premières loges
pour encaisser la répression, subir la vindicte des mousquetaires du
MEDEF dont les tuniques sont désormais portées par une classe
politique qui embrasse les partis de l’actuel gouvernement.
Notre lutte syndicale, face au
consortium interchangeable des énarques et des patrons, relève d’un
conflit majeur pour ne pas liquider toutes les conquêtes du
salariat, rayer la grève générale de 1936, effacer le CNR et les
ordonnances de 1945. L’offensive idéologique nous oblige, nous
syndicalistes, à ne pas être seulement dans l’action contre les
démantèlements voulus. Elle nous oblige aussi à construire
ensemble d’autres voies possibles pour affirmer deux nécessités :
la séparation du MEDEF et de l’ENA, la séparation du MEDEF et de
l’Etat.
Le débat électoral de 2017 est
désormais ouvert. Il est obsédé par le sécuritaire, la mise en
concurrence effrénée des salariés et des économies nationales,
agité par le tir à vue sur les dettes publiques. Ce débat prend
mauvaise tournure avec des relents xénophobes. Notre action
syndicale doit y imposer de délibérer des droits sociaux, du
devenir du travail.
Nous devons le faire en pleine indépendance,
sans prendre parti pour un candidat, mais pour déjouer le bal des
faux culs, des commis de la finance, pour dénoncer les postures de
Pinocchio ou les coups de père François de faux candidats du camp
social. L’indépendance syndicale n’interdit pas d’imposer le
débat de société que nous portons pour dégager des espaces
politiques aptes à satisfaire nos revendications.
En Loire-Atlantique, notre volonté
intersyndicale n’emprunte rien au monde des bisounours. Nous avons
des points d’accords et d’autres de frictions. Les nouvelles
règles de représentativité nous placent en concurrence constante
dans les entreprises. Cela vient altérer trop souvent les relations.
Dans la fonction publique les tensions sont les mêmes.
Notre volonté
de travail au plan interprofessionnel vient de cette double
nécessité : dépasser les clivages des boîtes, même s’ils
sont fondés, et nous placer dans des conditions aptes à créer un
rapport de forces adapté à l’enjeu porté par les employeurs et
les politiques lorsqu’ils sont leurs complices. Cette position a un
nom, que l’offensive idéologique veut aussi effacer : c’est
la lutte des classes. Pas celles de la rentrée scolaire, mais celles
des femmes et des hommes en souffrance dans une société vouée au
nouveau concept « d’entreprenalisme » voulu par le
MEDEF.
Nous avons tout au long du printemps nantais eu à gérer nos
tensions au sein de l’intersyndicale, et au-delà. Certains de nos
porte-paroles ont été ciblés et voués à la vindicte, voire
menacés. Tout ceci est relativement inévitable en périodes de
grandes tensions sociales. Nous avons su le dépasser parce que le
sens de nos luttes était notre boussole et que notre opposition
commune au projet du gouvernement était et demeure sans failles
entre nous.
Ce qui nous unit est plus fort aujourd’hui que ce qui
nous divise : nous ne sommes pas un agglomérat mais un
conglomérat. Tous les maçons sauront vous en expliquer la grande
différence. Il en fallait de l’enjeu social pour que la CGT et la
CGT-FO tiennent avec la FSU et Solidaires depuis deux années dans
une même volonté de travail commun ! Notre syndicalisme refuse
d’épouser les logiciels de pensée et le vocabulaire du monde de
l’entreprise et des affaires. Cela fait-il de nous des ringards ?
Non ! Cette exigence nous contraint au contraire à trouver des
solutions d’avenir sans tomber dans l’accompagnement. La pire des
chutes ? La courbette !
Pour témoigner de notre printemps
social, avant les prises de paroles nationales, nous avons voulu
remercier des camarades qui ont été des phares pour nos luttes
locales ces dernières semaines. Les raffineurs, les métallos, les
cheminots et nous n’oublions pas les ports, les chantiers,
l’énergie, les Territoriaux, les jeunes lycéens, étudiants
chômeurs ou salariés. Mais nous ne pouvons donner la parole à tout
le monde. Vous allez témoigner de notre résistance populaire
commune et c’est là l’essentiel. Camarades de nos bases
respectives, dans votre anonymat, sur vos lieux de luttes et de
travail, vous êtes notre honneur, notre dignité et nous vous en
remercions.
En ces jours d’automne à venir
qu’avec vous renaisse notre printemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire