samedi 10 septembre 2016

Promulgation ou pas, on n’en veut pas ! Abrogation de la Loi Travail !, par l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires de Loire-Atlantique

Mercredi 7 septembre, deux mille syndicalistes étaient réunis à Nantes pour un meeting unitaire de rentrée en présence des responsables nationaux de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires, de l’UNEF et de l’UNL. En introduction à ce meeting, Didier Hude, au nom de l’intersyndicale départementale CGT, CGT-FO, FSU, Solidaires, UNEF a expliqué le sens de ce meeting unitaire :

 Camarades, bienvenue pour ce meeting de rentrée sociale en Loire-Atlantique !

C’est un joli nom camarade même s’il est obsolète pour ceux qui sont énarques ou gouvernants. Mais il se trouve dans notre département, dans notre intersyndicale, des hommes et des femmes qui ne pensent pas avec le vocabulaire des patrons. Vous savez, ce vocabulaire de la novlangue qui remplace le débat d’idées par la conquête des marchés. Ce vocabulaire qui depuis une dizaine d’années fait que de Matignon à l’Elysée on avance masqués dans un carnaval de renoncement au progrès social. L’ANI, la loi Macron, la funeste Loi Travail, grêlée de 49-3, sont les enfants naturels de cette pensée de gouvernance où la technocratie est au service de la finance. 


De ce gouvernement il ne restera plus bientôt que des douilles de 49-3 jonchant le sol de ses capitulations face aux injonctions de la troïka.

Ce meeting devait se tenir le 26 août, à l’occasion de l’université d’été du principal parti de gouvernement qui avait choisi bien imprudemment de venir à Nantes tout un week-end pour exposer, non pas ses turpitudes, mais ses éléments de langage. On aurait pu parler de modernité de la croissance, de performance et d’efficience, de compétition et de marché, le tout à visage humain. Il va sans dire. Ç’aurait été un beau voyage à Nantes. Le voyage à Nantes a son label. Il fait rêver tout éveillé dans cette ville prétendument surréaliste. Mais ce voyage Solferino l’a annulé. 

Le 26 août, nous avions prévu d’inviter nos nationaux de l’intersyndicale pour qu’à la veille de cet automne on renoue avec notre printemps social. Nous y voici ce soir, après un été meurtrier qui imprime un rythme pestilentiel à la veille des Présidentielles. De fait ce meeting est d’autant plus précieux pour dire que les droits sociaux contribuent à la qualité d’une République et que les rogner est une autre manière de sortir des pas de notre propre histoire, de naufrager des principes fondateurs qui produisent de la solidarité par redistribution collective.

En Loire-Atlantique, l’intersyndicale CGT, CGT-FO, Solidaires, FSU travaille ensemble et réfléchit dans un cadre interprofessionnel depuis l’automne 2014. Rejointe par l’UNEF en février dernier elle n’a de cesse de produire du sens commun pour que les salariés et les jeunes se mêlent du débat public. 

La loi travail ce n’est pas fluidifier l’emploi, c’est au contraire le mettre en coupe réglée sous la férule du catéchisme voulu par les muezzins du CAC 40 pour que dans chaque pays, chaque jour, le commun des mortels s’incline en direction de la Bourse la plus proche. La loi contre le travail portée par ce gouvernement se double d’une croisade contre le syndicalisme qui ne se prosterne pas. 

Nos militants syndicaux sont aux premières loges pour encaisser la répression, subir la vindicte des mousquetaires du MEDEF dont les tuniques sont désormais portées par une classe politique qui embrasse les partis de l’actuel gouvernement.

Notre lutte syndicale, face au consortium interchangeable des énarques et des patrons, relève d’un conflit majeur pour ne pas liquider toutes les conquêtes du salariat, rayer la grève générale de 1936, effacer le CNR et les ordonnances de 1945. L’offensive idéologique nous oblige, nous syndicalistes, à ne pas être seulement dans l’action contre les démantèlements voulus. Elle nous oblige aussi à construire ensemble d’autres voies possibles pour affirmer deux nécessités : la séparation du MEDEF et de l’ENA, la séparation du MEDEF et de l’Etat.

Le débat électoral de 2017 est désormais ouvert. Il est obsédé par le sécuritaire, la mise en concurrence effrénée des salariés et des économies nationales, agité par le tir à vue sur les dettes publiques. Ce débat prend mauvaise tournure avec des relents xénophobes. Notre action syndicale doit y imposer de délibérer des droits sociaux, du devenir du travail. 

Nous devons le faire en pleine indépendance, sans prendre parti pour un candidat, mais pour déjouer le bal des faux culs, des commis de la finance, pour dénoncer les postures de Pinocchio ou les coups de père François de faux candidats du camp social. L’indépendance syndicale n’interdit pas d’imposer le débat de société que nous portons pour dégager des espaces politiques aptes à satisfaire nos revendications.

En Loire-Atlantique, notre volonté intersyndicale n’emprunte rien au monde des bisounours. Nous avons des points d’accords et d’autres de frictions. Les nouvelles règles de représentativité nous placent en concurrence constante dans les entreprises. Cela vient altérer trop souvent les relations. Dans la fonction publique les tensions sont les mêmes. 

Notre volonté de travail au plan interprofessionnel vient de cette double nécessité : dépasser les clivages des boîtes, même s’ils sont fondés, et nous placer dans des conditions aptes à créer un rapport de forces adapté à l’enjeu porté par les employeurs et les politiques lorsqu’ils sont leurs complices. Cette position a un nom, que l’offensive idéologique veut aussi effacer : c’est la lutte des classes. Pas celles de la rentrée scolaire, mais celles des femmes et des hommes en souffrance dans une société vouée au nouveau concept « d’entreprenalisme » voulu par le MEDEF. 

Nous avons tout au long du printemps nantais eu à gérer nos tensions au sein de l’intersyndicale, et au-delà. Certains de nos porte-paroles ont été ciblés et voués à la vindicte, voire menacés. Tout ceci est relativement inévitable en périodes de grandes tensions sociales. Nous avons su le dépasser parce que le sens de nos luttes était notre boussole et que notre opposition commune au projet du gouvernement était et demeure sans failles entre nous. 

Ce qui nous unit est plus fort aujourd’hui que ce qui nous divise : nous ne sommes pas un agglomérat mais un conglomérat. Tous les maçons sauront vous en expliquer la grande différence. Il en fallait de l’enjeu social pour que la CGT et la CGT-FO tiennent avec la FSU et Solidaires depuis deux années dans une même volonté de travail commun ! Notre syndicalisme refuse d’épouser les logiciels de pensée et le vocabulaire du monde de l’entreprise et des affaires. Cela fait-il de nous des ringards ? Non ! Cette exigence nous contraint au contraire à trouver des solutions d’avenir sans tomber dans l’accompagnement. La pire des chutes ? La courbette !

Pour témoigner de notre printemps social, avant les prises de paroles nationales, nous avons voulu remercier des camarades qui ont été des phares pour nos luttes locales ces dernières semaines. Les raffineurs, les métallos, les cheminots et nous n’oublions pas les ports, les chantiers, l’énergie, les Territoriaux, les jeunes lycéens, étudiants chômeurs ou salariés. Mais nous ne pouvons donner la parole à tout le monde. Vous allez témoigner de notre résistance populaire commune et c’est là l’essentiel. Camarades de nos bases respectives, dans votre anonymat, sur vos lieux de luttes et de travail, vous êtes notre honneur, notre dignité et nous vous en remercions.

En ces jours d’automne à venir qu’avec vous renaisse notre printemps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire