"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mercredi 7 mai 2014
« Sortir du cartel électoral », entretien avec Clémentine Autain
C’est quoi Ensemble, et qu’est-ce qui le différencie politiquement des autres des autres forces à gauche du PS ?
Clémentine Autain : « Ensemble est aujourd’hui la troisième force du Front de gauche. C’est un rassemblement de différentes organisations dont les trajectoires se sont rencontrées. Des militants issus des Alternatifs, du NPA, d’autres courants comme ceux qui ont fait la campagne José Bové. Elles ont décidé de faire cause commune à partir de plusieurs points qui leur tiennent à cœur. D’abord la question de sortir le Front de gauche du simple cartel électoral, c’est-à-dire d’en faire une force qui permet l’implication citoyenne avec l’adhésion individuelle possible. Et par ailleurs, l’idée que nous sommes dans une période de transition et qu’un travail de refondation est à réaliser aussi bien sur les enjeux de fond, théoriques, que sur les questions stratégiques et organisationnelles.
Ensemble veut promouvoir de nouveaux liens entre le social, le politique et le monde intellectuel. Au sein du Front de gauche, nous militons pour que ce soit une force davantage tournée vers la société et plus inclusive pour les citoyens et les citoyennes.»
Quels sont les obstacles empêchant l’unité à la gauche du PS ?
« D’abord la pesanteur des traditions et des histoires politiques. Mixer toutes ces cultures n’est pas simple, cela prend nécessairement du temps. Nous sommes dans une période de l’histoire assez complexe et qui bouge vite, il y a donc des approches stratégiques un peu différentes. Il faut arriver à caler tout ça, cela demande une nouvelle forme d’organisation car la façon de militer n’est plus celle d’hier.
Nous avons tenté le front mais nous ne sommes pas allés au bout de la logique. Il y a encore un travail à accomplir pour inventer les formes politiques qui dépassent le poids des cultures et des traditions, et parvenir à faire réellement du commun. »
Le FG fait 5,32 % ici (à Rouen) aux municipales mais, faute d’accord avec la gauche plurielle, se retrouve avec zéro conseiller. Quel enseignement en tirez-vous ?
« C’est toujours mieux d’être au conseil municipal, c’est évident. Mais ce qui compte c’est aussi les forces militantes que l’on a pu mettre en mouvement. Les idées que l’on a pu faire avancer. Et dans la durée, un lien renouvelé avec les citoyens qui permet de poursuivre la dynamique initiée.
Maintenant dans la période que nous vivons, nous voyons bien que le Front de gauche ne peut pas incarner l’alternative à lui tout seul, ce n’est pas possible. Avec la décision des Verts de quitter le gouvernement et l’abstention de 41 socialistes sur le pacte de responsabilité, il se dessine bon an mal an une gauche qui refuse d’avaliser la politique néolibérale menée par le gouvernement.
Une fois les élections européennes passées, ce qui va compter à l’échelon national comme local, c’est de tisser des liens de plus en plus large pour rassembler une force et constituer une alternative. Il faut prendre les résultats à Rouen comme ailleurs, comme des points de départ, des creusets, pour une gauche de transformation sociale et écologique. Une gauche qui permet, comme à Grenoble, ou Montreuil, d’obtenir des victoires et de mettre en œuvre des politiques alternatives, c’est ça l’enjeu. »
Pourquoi avoir choisi de faire un meeting ici et maintenant ?
« Nous menons des réunions publiques qui visent à l’élargissement du mouvement, et en même temps il y a une bataille que nous menons, celle des Européennes. Il y a beaucoup de pain sur la planche pour faire entendre notre voix qui vise à réorienter la politique européenne. Nous ne sommes pas obligés d’avaler tous les plans d’austérité tel qu’on nous les impose. »
PROPOS RECUEILLIS PAR EDOUARD ROPIQUE. Interview à Paris Normandie.
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