Les dizaines de milliers de manifestants du week-end
contre la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes (NDDL) et
contre les hydrocarbures de schiste (Barjac) ont délivré un message
d'une grande clarté à un gouvernement qui en manque : il est urgent
d'abandonner les infrastructures et projets d'un autre âge et de se
tourner vers la transition écologique et sociale.
François Hollande, le gouvernement et les collectivités territoriales ont le choix : bifurquer, en modifiant leurs décisions, leurs choix d'investissement et les régulations actuelles pour accompagner ce mouvement citoyen. Ou bien, s'ils ne changent rien, ils trouveront face à eux une population de plus en plus déterminée à bloquer les projets climaticides et inverser l'ordre de priorité des politiques publiques : la protection des écosystèmes plutôt que l'exploitation sans limite de la nature, l'abandon progressif de l'utilisation des énergies fossiles et fissiles plutôt que l'accroissement du pouvoir des multinationales (Tafta and co), la solidarité et la coopération plutôt que la concurrence et la compétitivité, la justice et la dignité plutôt que l'arbitraire et la déchéance.
« Pour résoudre la crise climatique (…), les bons
sentiments, les déclarations d’intention ne suffiront pas, nous sommes
au bord d’un point de rupture ». Nous avons besoin « d’une profonde
mutation, nous ne pouvons plus considérer la nature comme un vulgaire et
inépuisable réservoir de ressources destiné à notre seul et plein
accomplissement ». « Notre plus grand défi, c’est de passer d’une
mondialisation fondée sur la compétition à un modèle basé sur la
coopération ». « Nous devons penser la planète comme un espace unique,
établir un pacte d’équité entre le Nord et le Sud et un partenariat
entre l’homme et la nature ».
Faut-il être surpris alors que le renoncement et le reniement sont devenus monnaie courante à l'Elysée et à Matignon ?
Un souffle éthique et politique
Nous, les citoyennes et citoyens mobilisés à Notre-Dame des Landes et à Barjac (et ailleurs), nous ne sommes pas de celles et ceux qui changent d'avis en fonction de l'attention des media. Nous ne sommes pas de celles et ceux qui vont laisser les multinationales telles que Total ou Vinci accroître leur emprise sur nos territoires et nos vies. Nous ne sommes pas de celles et ceux qui vont accepter de voir notre avenir hypothéqué au nom de la compétitivité et du productivisme promus par des élites déconnectées du sens des réalités. Nous ne sommes pas de celles et ceux qui préfèrent incriminer le voisin et la voisine plutôt que modifier leurs politiques inefficaces.
Non. Nous, nous sommes celles et ceux qui nous battrons sans relâche pour opérer une véritable transition écologique, sociale et démocratique. Pour nous, ces mots ne sont pas sans valeur : c'est notre horizon. Un horizon d'émancipation et d'innovation, pour que demain, nous puissions vivre bien, toutes et tous, dans des territoires et sur une planète aussi préservée que possible. Face à l'état d'urgence climatique, face à l'aggravation de la crise écologique, face à l'impasse de politiques économiques néolibérales qui génèrent précarité et désespérance, les mobilisations de Notre Dame des Landes et Barjac peuvent contribuer à redonner un cap collectif, un souffle éthique et politique, visant à récupérer notre avenir et mettre de côté les demi-mesures et promesses vides qui conduisent à perpétuer l'inacceptable.
La transition écologique et sociale, c'est maintenant.
Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.
Auteur de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition,Seuil, coll. Anthropocène.
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/290216/nddl-et-barjac-delivrent-un-message-clair-la-transition-cest-maintenant
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