"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
samedi 13 février 2016
Remaniement :passer de l'écoeurement au monde d'après, par Clémentine Autain
Le discrédit à l’égard du monde politique atteint des sommets. La gauche française est en charpie. Après deux mois de débat aussi inutile que dangereux sur la déchéance de nationalité, c’est à un jeu de chaises musicales affligeant que nous venons d’assister.
Tartemuche à la place de Tartempion, voilà un remaniement qui ne change rien au cap politique, celui qui ne cesse d’échouer et de massacrer la gauche. François Hollande et Manuel Valls entendent aller plus loin, plus fort, plus vite mais toujours dans la même direction.
Ajoutez à cela l’arrivée sur le radeau de la méduse gouvernemental de la secrétaire nationale d’EELV qui, au mépris du choix de son parti, fait primer son arrivisme personnel sur le minimum d’éthique politique, et vous avez un cocktail explosif bon à alimenter le "tous pourris". Un étalage d’entre-soi, de cynisme, de tactique de courte vue.
Comme des millions de Français, je ressens de l’écoeurement, une forme de nausée devant cet étalage d’entre-soi, de cynisme, de tactique de courte vue. On dirait que, tout à sa passion manoeuvrière, François Hollande a voulu exprimer de la façon la plus ostensible son dédain pour les intérêts du peuple. Ce mépris affiché n’est pas seulement lamentable, il est blessant.
Et, à un an de l’élection de 2017, cette blessure vient à la fois illustrer et conclure ce que fut le mandat de François Hollande : une insupportable absence d’exigence envers soi-même. Nous sommes nombreux à ne pas accepter, à souhaiter sortir du carcan de la logique du profit et de la surveillance généralisée, à rêver d’un autre monde parce que, comme le dit si bien le romancier Erri de Luca, l’utopie n’est pas l’horizon mais le point de départ.
L’atomisation, les vieilles routines, les batailles d’égos et d’appareils, et par-dessus tout la résignation sont aujourd’hui nos ennemis les plus puissants. Ils nous empêchent d’avancer, ensemble.
La Ve République est pour nous un piège
Oui, nous sommes contraints par un calendrier électoral et un quinquennat présidentiel qui nous étouffent. La Ve République est pour nous un piège, surtout quand le FN menace.
Mais le fil de la reconstruction ne peut être perdu dans les limbes d’une tactique visant à parer au plus pressé. Au risque de tout perdre. ll faut donc imaginer une stratégie pour déjouer les scénarios attendus, et s’inscrire dans la durée.
On ne manque pas de candidatures pour 2017, on manque de rassemblement, de vision, de souffle.
Il n’est pas ici question d’une "union de toute la gauche" à l’ancienne, comprenant celles et ceux qui gouvernent à droite au nom de la gauche, mais de la mise sur pied d’un cadre à même de fédérer toutes les forces et individus qui veulent à la fois imaginer de nouvelles façons de fabriquer de la politique et bâtir cette gauche de transformation sociale et écologiste du XXIe siècle qui se cherche, s’invente déjà ici et là mais n’arrive pas à émerger dans notre pays.
Il n’est plus possible de continuer comme avant 2017 ne peut être qu’une étape et non une fin en soi. Il faut rechercher une candidature unique, désignée par le biais d’un consensus ou d’une primaire, rassemblant toutes celles et ceux qui veulent reconstruire une gauche dans ce pays, loin des choix du gouvernement Valls/Hollande et de la majorité du PS qui applaudit.
Les lignes de fractures bougent, accélérons les convergences au sein de la gauche de gauche. La décomposition doit laisser place à la recomposition politique, ouverte sur le mouvement social, le monde culturel et intellectuel critique, la dynamique citoyenne.
Il n’est plus possible de continuer comme avant, chacun rivé en premier lieu sur des intérêts propres et de court terme. Personne ne s'en sortira dans son coin. Aucun homme, aucune femme, aucun parti n’a à lui seul la solution, ne possède la capacité d’impulsion d’une force nouvelle à hauteur des défis contemporains.
Nous avons besoin d’air. Et donc de faire autrement, vite, ensemble.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire