Vendredi 26 février, brèves de
diff:
Rezé,
communauté urbaine de Nantes, diffusion au marché, du tract d’Ensemble appelant
au rassemblement du lendemain (à lire ds
rubrique écologie), à deux pas du panneau d’affichage où trônent trois
affiches de la coordination des opposants, dont la lettre « Maintenant,
nous accusons » des trois co-président-es de l’Acipa. Lettre courageuse et
nominative, attendant toujours les réactions des « accusé-es »…
Rencontres :
-
« Ah,
c’est pour demain ? Oui, je serai là ! »
-
« Au
sujet de Notre-Dame-des-Landes ? C’est bien ce que vous faites !
Continuez ! »
-
« Moi,
on m’a dit que les Américains voulaient un aéroport à NDL, et qu’ils n’auraient
plus besoin d’aller à Paris du coup. Vous vous rendez compte ? Les
Américains ? Il faut le faire !»
-
« Moi,
je ne pourrai pas y aller, à cause de mes vieilles jambes, mais je suis avec
vous ! »
-
« Moi,
« on » m’a dit que si l’aéroport ne se fait pas à NDL, tout sera bloqué
à Nantes, alors je ne sais plus que penser. »
-
« Moi,
je suis pour, et c’est tout, Madame !»
-
« Moi,
j’en ai marre de cette histoire, et j’irai pas voter s’il y a un
référendum. »
-
« Madame,
alors, ce référendum, il aura lieu ou pas, on ne comprend plus rien. »
-
« Moi
je suis pour, à cause des emplois que ça va amener. Combien ? Ben, je ne
sais pas, mais c’est ce qu’ « ils » disent, alors je suis pour,
car il y a trop de chômage. »
-
« Il
paraît que les gros avions ne pourront même pas atterrir à NDL, alors, moi je
ne sais plus … »
-
« Moi,
mon cousin qui est aiguilleur du ciel dans une autre ville, me dit qu’à chaque
fois qu’il vient chez moi, il remarque des changements étranges de trajectoire
des avions. «
-
« Moi,
j’ai les avions qui passent au-dessus de mon quartier, ce serait bien qu’on les
envoie ailleurs, mais si on enlève l’aéroport, il n’y aura plus de boulot dans
tout le secteur ! »
Samedi 27 février,
13h30, la voie express Nantes-Vannes est noire de piétons, sur les 5 km du
parcours, sur les quatre voies.
Une
foule joyeuse et colorée, avec sac à dos, sonos, bonnets, chapeaux végétaux,
pancartes, banderoles, drapeaux divers et variés, masse dont seule
l’avant-garde pourra approcher du lieu de rendez-vous avec les 1000 cyclistes
et les tracteurs qui nous ont rejoints après leur petit tour sur la
voie-express de Rennes, à l’autre extrémité de la ZAD. On passe devant les
« cantines » d’où se dégagent les arômes incroyables de la cuisine
végétarienne concoctée par les occupants de la Zad, et plus loin, devant les
toilettes sèches, les stands et plateformes où prises de parole des
associations et groupes de musique se relaient. Je me renseigne, on a
arrêté de compter après les 60 000, mais on annoncera 50 000. La
mobilisation a triplé depuis le rassemblement de janvier sur le périphérique
nantais. 68 cars, dont certains n’ont réussi à nous rejoindre que tard dans la
matinée. Avec les habituées, de nouvelles organisations présentes depuis
peu : l’association Place-au-Peuple- FDG 44, des syndicats CGT 44 comme
celui du Ministère du Travail, et même un groupe arborant une banderole « Le pape est avec nous, Nunquam
aeroportum ». La Préfecture annonce 15 000, la presse locale ne
saitplus à quel saint se vouer, et relaie comme d’habitude les deux chiffres
contradictoires. Mais, nous le savons, le vrai décompte est transmis aux
décideurs, et ils sont sous le choc !
Le
message des manifestant-es est clair : la lutte contre ce projet
d’aéroport est un symbole de la reprise en main citoyenne du bon sens et
une opposition aux manipulations des puissances de l’argent contre les intérêts
de la population. Dans l’unité, tous, jeunes, familles, associations,
syndicats, partis politiques s’érigent en rempart contre les expulsions des
paysans historiques, contre le bétonnage des terres agricoles pour la
construction, inutile et coûteuse, d’un nouvel aéroport pour le seul
profit des actionnaires de Vinci. Un projet dont la promotion mensongère
est faite à coups de deniers publics pris sur les budgets des collectivités locales,
Région des Pays de la Loire en premier lieu. Retailleau, le nouveau président
LR du Conseil Régional, leader de la droite locale, est bien dans son rôle de
défense des intérêts capitalistes. Il nous faut juste les combattre.
Mais
qu’est-ce qui pousse les élu-e-s PS, comme Grosvalet, Président du Conseil
Départemental 44, (mais aussi hélas les élus locaux du PCF 44) à défendre
mordicus un dossier dont le travail acharné des opposants, notamment par le
biais des ateliers citoyens, a permis de démontrer qu’il était construit sur
des mensonges et des manipulations ? A l’évidence un
mépris certains pour les citoyen-nes pas si intelligent-es et
compétent-es que les "élites" et les technocrates, alors que les
ateliers citoyens, les associations spécialisées qui ont travaillé chaque
aspect du dossier ont fait la démonstration inverse. (Ce qui, pour nous donne
du crédit à la pratique autogestionnaire). Ensuite, l'absence de démocratie
réelle renforcée par la méconnaissance et l'aveuglement d’élu-es qui renoncent
à se faire un avis par eux-mêmes. Et enfin, et c'est bien le plus
dramatique, l’absence d’un projet politique autre que la gestion dans le
cadre du capitalisme.
En
principe à la fin du mois de mars, les services du Ministère de l’Ecologie, à
la demande de Ségolène Royal, devraient rendre une « étude sérieuse »
sur le dossier de Notre-Dame-des-Landes. Ils ont en leur possession tous les
éléments susceptibles de lever l’opacité voulue du dossier. Cette étude
pourrait permettre au gouvernement d’ « habiller » une porte de
sortie honorable. Mais nous n’en sommes pas là et l’histoire récente
montre qu’on ne peut en aucun cas faire la moindre confiance à ce gouvernement
et aux rodomontades du Premier Ministre.
La
publication de cette étude devrait coïncider avec les décisions du gouvernement
sur le cadre du « référendum » annoncé par Hollande. Mais à ce stade,
bien difficile de pronostiquer si cette consultation - elle aussi inutile et
dispendieuse ! – aura bien lieu. A l’exception des élu-es d’EELV, personne
chez les opposants ne le demande.
Les
dizaines de milliers de personnes rassemblées samedi dernier ne sont que
l’embryon de la mobilisation à laquelle le gouvernement doit s’attendre si
cette étude se révélait être un nouveau bras d’honneur à la démocratie et au
bon sens et si le Premier Ministre, comme il l’a annoncé, confirmait le feu
vert aux travaux pour l’automne prochain. Les citoyen-nes sont debout et
demandent un avenir acceptable. Le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes
est devenu un des symboles de la folie du capital et de la turpitude des élu-es
qui la servent.
En
dehors de ses aspects anti démocratiques, de l’inutilité d’un nouvel aéroport
et du gaspillage de fonds publics au profit de multinationales, la lutte de
Notre-Dame-des-Landes est très liée à l’écologie: préservation urgente
des terres agricoles, arrêt du bétonnage des zones humides, protection de la
biodiversité.
Pour
Ensemble, mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire,
comme pour un nombre croissant de militant-es de gauche, l’écologie politique
n’est pas un passe-temps pour bobos désœuvrés. C’est au contraire un volet
majeur des luttes sociales pour construire la justice climatique et un avenir
solidaire.
Les
enjeux écologiques sont immenses : nous sommes dans un véhicule en feu qui
se dirige en trombe vers un ravin, ne les écoutons plus palabrer sur la couleur
de la carrosserie ou la marque des pneus ! Changeons de direction, et
éteignons l’incendie !
L’abandon
du projet de Notre-Dame-des-Landes peut et doit marquer une nouvelle étape de
ce renouveau. Ni expulsions, ni aéroport, nous ne cèderons rien.
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