C’est Noël et il faut en profiter si on le peut. Je ne ferai pas le pisse vinaigre. Je vous fais donc grâce de mes commentaires sur les métamorphoses du dieu qui dévore ses enfants, devenant un Saint Nicolas pas vraiment sympath puis un gros rigolo rougeau nord-américain venu faire vendre des cadeaux de plus en plus extravagants. Le tout sur fond de fête chrétienne permettant à des provocateurs de pourrir avec des crèches, dans les lieux public, un moment qu’on voudrait tranquille. Callé sur le solstice d’hiver, le sage en soupirant tourne autour du pot : peu importe que cela du moment qu’on en tire petit bonheur.
Je
suis venu aux Antilles non pour « découvrir » ni faire mine d’entendre
« tout le monde », dans la tradition ridicule de ce type de déplacement.
Je suis déjà venu plusieurs fois aux Antilles, à titre personnel et
même comme ministre. Je connais comme on peut connaître : reste toujours
à savoir davantage que ce que l’on sait, bien sûr. Cette fois-ci, je
venais ouvrir le processus de discussion du livret
que « la France insoumise » met en débat sur la politique à mener sur
ces territoires, en cohérence avec le plan d’ensemble du programme L’Avenir en commun. Pour moi, il est décisif que le programme reste un processus ouvert, évolutif tout au long de la campagne.
Sur place, l’accueil a été spectaculaire et l’intérêt accordé à ma présence m’a marqué. La jonction de l’équipe de campagne avec les insoumis locaux, magnifiquement mobilisés et organisés, a fait merveille. Une nouvelle fois se conjugue bénévolat et expertise d’action venant de gens qui se mettent en mouvement librement. Bénévoles, tout le temps, mais pour autant rarement des amateurs.
J’ai pu aussi me rendre compte de l’impact sur les gens des deux lignes d’objectifs que nous proposons dans le cadre de la planification écologique : l’autonomie énergétique et l’autonomie alimentaire. Et en écoutant tous ceux que je rencontrai, je me souvins comment une île fonctionne comme une loupe. Si la Corrèze et la Lozère s’interrogeaient comme on doit le faire ici à tout propos pour survivre, sans doute ces deux départements se penseraient-ils eux-mêmes de toute autre manière.
C’est bien pourquoi les Antilles peuvent être une avant-garde et des pilotes du nouveau modèle économique que nous proposons. Mais surtout, j’ai pu voir de près comment fonctionne le modèle contraire : chômage de masse, malbouffe généralisée, pollution à gogo, gaspillage des ressources naturelles. Et la malvie : ici sans eau, là-bas sans transport, et partout tout très cher. Pas seulement cher : très, très, cher ! J’ai déjà commencé à retraiter personnellement le document de travail que nous avons mis en débat. Mais à présent je veux parler d’autre chose. D’une brûlure reçue ici.
Le Memorial ACTe sur l’esclavage visité en Guadeloupe me poursuit.
Depuis cette visite je lis chaque jour quelques pages du superbe livre qu’on m’y a offert. Que de choses se sont mises en mouvement dans mon esprit ! Ce que mon esprit avait emmagasiné, ce à quoi j’avais participé n’était pas vraiment entré dans ma peau. Je pense à cette inauguration d’une statue de Toussaint Louverture que j’avais fait installer comme maire adjoint à la culture dans ma ville de Massy, de plain-pied sur le côté de la place du marché. Puis cette première journée de célébration de la fin de l’esclavage au jardin du Luxembourg, dans la semaine de passage de pouvoir entre Chirac et Sarkozy. Maryse Condé était assise sur un petit fauteuil et Christiane Taubira l’entourait d’attention. Mais la parole resta masculine et tragiquement éloignée… Je pensais surtout ces heures rédemptrices dans le petit musé de Champagney en Haute-Saône où se perpétue le souvenir d’une pétition adressée au roi pour l’abolition de la traite négrière . Elle avait été rédigée à l’instigation d’un officier de cavalerie en congé dans sa famille qui était membre de la fameuse « société des amis des noirs » qui attisaient les braises d’où jaillit la grande Révolution de 1789. Mais ici, mes guides Jacques Martial et Thierry Lestang se relayant pour expliquer, l’un l’histoire, l’autre le sens culturel de ce qui se voyait, me dépouillèrent de mes vieilles choses pensées pour me rendre disponible à ce que je voyais et ressentais.
L’esclavage n’a pas été un phénomène périphérique mais le cœur économique d’une période spécifique de mondialisation et d’accumulation du capital. Le capitalisme colonialiste est un système ancré dans la souffrance, la violence et la négation de l’humanité des dominés. Les puissants sont passés de ce système à celui que nous avons sous les yeux comme on change de chaussure. La logique reste la même : se procurer du travail humain à vil prix pour produire une marchandise « moins chère » obtenue pour l’export au détriment de toutes autres considérations ou productions. L’esclave et « l’uberisé » ont en commun d’être les travailleurs sans droit de ceux qui les exploitent sans aucune obligation contractuelle. Mais ce rapprochement ne me fait pas perdre de vue ce qui reste le plus marquant et me perturbe encore à l’heure où je tape ces lignes.
Le plus traumatisant pour moi, en tant que philanthrope, est la compréhension (prendre avec soi) de l’énigme qu’est la durée du crime qui a été commis et perpétué pendant plusieurs siècles. De ce fait, dans ce voyage aux Antilles, un fait de connaissance est devenu un fait d’existence personnel. Il s’est incrusté. Le mémorial réalise cette opération sur ses visiteurs. Et ce n’est pas sans douleur. Exactement comme la Shoa est entrée en moi après avoir vu le film de Lanzmann, même si je savais déjà avant, bien sûr, de quoi il s’agissait. D’ailleurs, pour moi, désormais, les deux faits ont beaucoup à voir quant aux formes de la violence qu’ils déploient, et le caractère stupéfiant de l’organisation méthodiquement inhumaine qu’ils mettent en œuvre. À cette différence remarquable que la mise en servitude de millions d’êtres humains, juridiquement considérés comme des biens mobiliers et traité plus brutalement qu’aucun bien matériel, dura des siècles. Et au fil du temps, la sauvagerie, le sadisme assumé comme instrument de contrôle se sont affirmés comme des faits de culture commune pour les dominants d’alors. Et la contamination raciste qui en est le support n’a pas fini d’empoisonner la société.
De toutes ces horreurs ressort cependant une marque qui fait sens à l’instant où l’on pourrait se décourager de l’humanité. Ce fait, c’est que jamais les esclaves ne se sont résignés à leur situation. L’histoire de cet interminable martyr est aussi celle de révoltes permanente sous toutes leurs formes en dépit de répressions abominables. L’insoumission a été la marque de leur humanité revendiquée comme droit à la liberté. Alors j’ai en tête, comme un écho, cette phrase terrible de Robespierre, abolitionniste fervent, sous les reproches de quelques-uns des personnages si prisés aujourd’hui pour leur « modérantisme ». Ils l’accusaient de provoquer une catastrophe économique aux colonies sucrières : « périssent les colonies plutôt qu’un principe ». Entre ceux qui revendiquent leur liberté au prix du sang, de la mort, et des plus abominables représailles et ceux qui refusent quelque aliénation que ce soit de la dignité humaine sous les prétextes d’efficacité économique, il y a pour toujours un pacte à travers le temps et l’espace.
Puis quand enfin a sonné cette heure de la liberté avec le vote de l’Assemblée nationale en 1794, les libérés se sont jetés de toutes leurs forces dans la bataille pour les libertés des autres partout dans les Caraïbes et sur le continent. À quoi succède l’abjection du rétablissement de l’esclavage par Napoléon, tache pour toujours sur cette « gloire » qui lui est si facilement et aveuglément concédée quand il fit mourir mille fois plus de monde que la période de la grande terreur sur laquelle se concentrent les avanies des ennemis du peuple en action qui conchient les libérateurs, louent leurs assassins, pour mieux laisser chérir les tyrans.
J’en parlerai surement de nouveau dès que la poussière de sentiments que l’évènement a soulevé en moi sera retombée. J’ai choisi des lectures qui n’ont rien arrangé à mon humeur. Car je suis revenu à « la rue Cases nègres » de Joseph Zobel et une fois fini de lire, le cœur retourné, j’ai fait l’erreur de me mettre à « la sixième extinction » d’Élisabeth Kolbert qui est un autre miroir de la sauvagerie irresponsable des humains. Ces horreurs sont parvenues jusque dans mes os en même temps que je constatais les ravages qui continuent ici sur les êtres et sur la nature. Et chaque fois que je voulu revenir à l’info courante sur les réseaux et les journaux, je fus éclaboussé de sang ou d’ignominies. Alors pour la première fois depuis bien longtemps, comme un porteur fourbu, je fis une pause et je décidais de vous oublier tous et je me consacrais à l’observation des vagues qui se brisent sur les cailles au Vauclin. Elles viennent à bout de tout. Mais ça prend du temps.
Sur place, l’accueil a été spectaculaire et l’intérêt accordé à ma présence m’a marqué. La jonction de l’équipe de campagne avec les insoumis locaux, magnifiquement mobilisés et organisés, a fait merveille. Une nouvelle fois se conjugue bénévolat et expertise d’action venant de gens qui se mettent en mouvement librement. Bénévoles, tout le temps, mais pour autant rarement des amateurs.
J’ai pu aussi me rendre compte de l’impact sur les gens des deux lignes d’objectifs que nous proposons dans le cadre de la planification écologique : l’autonomie énergétique et l’autonomie alimentaire. Et en écoutant tous ceux que je rencontrai, je me souvins comment une île fonctionne comme une loupe. Si la Corrèze et la Lozère s’interrogeaient comme on doit le faire ici à tout propos pour survivre, sans doute ces deux départements se penseraient-ils eux-mêmes de toute autre manière.
C’est bien pourquoi les Antilles peuvent être une avant-garde et des pilotes du nouveau modèle économique que nous proposons. Mais surtout, j’ai pu voir de près comment fonctionne le modèle contraire : chômage de masse, malbouffe généralisée, pollution à gogo, gaspillage des ressources naturelles. Et la malvie : ici sans eau, là-bas sans transport, et partout tout très cher. Pas seulement cher : très, très, cher ! J’ai déjà commencé à retraiter personnellement le document de travail que nous avons mis en débat. Mais à présent je veux parler d’autre chose. D’une brûlure reçue ici.
Le Memorial ACTe sur l’esclavage visité en Guadeloupe me poursuit.
Depuis cette visite je lis chaque jour quelques pages du superbe livre qu’on m’y a offert. Que de choses se sont mises en mouvement dans mon esprit ! Ce que mon esprit avait emmagasiné, ce à quoi j’avais participé n’était pas vraiment entré dans ma peau. Je pense à cette inauguration d’une statue de Toussaint Louverture que j’avais fait installer comme maire adjoint à la culture dans ma ville de Massy, de plain-pied sur le côté de la place du marché. Puis cette première journée de célébration de la fin de l’esclavage au jardin du Luxembourg, dans la semaine de passage de pouvoir entre Chirac et Sarkozy. Maryse Condé était assise sur un petit fauteuil et Christiane Taubira l’entourait d’attention. Mais la parole resta masculine et tragiquement éloignée… Je pensais surtout ces heures rédemptrices dans le petit musé de Champagney en Haute-Saône où se perpétue le souvenir d’une pétition adressée au roi pour l’abolition de la traite négrière . Elle avait été rédigée à l’instigation d’un officier de cavalerie en congé dans sa famille qui était membre de la fameuse « société des amis des noirs » qui attisaient les braises d’où jaillit la grande Révolution de 1789. Mais ici, mes guides Jacques Martial et Thierry Lestang se relayant pour expliquer, l’un l’histoire, l’autre le sens culturel de ce qui se voyait, me dépouillèrent de mes vieilles choses pensées pour me rendre disponible à ce que je voyais et ressentais.
L’esclavage n’a pas été un phénomène périphérique mais le cœur économique d’une période spécifique de mondialisation et d’accumulation du capital. Le capitalisme colonialiste est un système ancré dans la souffrance, la violence et la négation de l’humanité des dominés. Les puissants sont passés de ce système à celui que nous avons sous les yeux comme on change de chaussure. La logique reste la même : se procurer du travail humain à vil prix pour produire une marchandise « moins chère » obtenue pour l’export au détriment de toutes autres considérations ou productions. L’esclave et « l’uberisé » ont en commun d’être les travailleurs sans droit de ceux qui les exploitent sans aucune obligation contractuelle. Mais ce rapprochement ne me fait pas perdre de vue ce qui reste le plus marquant et me perturbe encore à l’heure où je tape ces lignes.
Le plus traumatisant pour moi, en tant que philanthrope, est la compréhension (prendre avec soi) de l’énigme qu’est la durée du crime qui a été commis et perpétué pendant plusieurs siècles. De ce fait, dans ce voyage aux Antilles, un fait de connaissance est devenu un fait d’existence personnel. Il s’est incrusté. Le mémorial réalise cette opération sur ses visiteurs. Et ce n’est pas sans douleur. Exactement comme la Shoa est entrée en moi après avoir vu le film de Lanzmann, même si je savais déjà avant, bien sûr, de quoi il s’agissait. D’ailleurs, pour moi, désormais, les deux faits ont beaucoup à voir quant aux formes de la violence qu’ils déploient, et le caractère stupéfiant de l’organisation méthodiquement inhumaine qu’ils mettent en œuvre. À cette différence remarquable que la mise en servitude de millions d’êtres humains, juridiquement considérés comme des biens mobiliers et traité plus brutalement qu’aucun bien matériel, dura des siècles. Et au fil du temps, la sauvagerie, le sadisme assumé comme instrument de contrôle se sont affirmés comme des faits de culture commune pour les dominants d’alors. Et la contamination raciste qui en est le support n’a pas fini d’empoisonner la société.
De toutes ces horreurs ressort cependant une marque qui fait sens à l’instant où l’on pourrait se décourager de l’humanité. Ce fait, c’est que jamais les esclaves ne se sont résignés à leur situation. L’histoire de cet interminable martyr est aussi celle de révoltes permanente sous toutes leurs formes en dépit de répressions abominables. L’insoumission a été la marque de leur humanité revendiquée comme droit à la liberté. Alors j’ai en tête, comme un écho, cette phrase terrible de Robespierre, abolitionniste fervent, sous les reproches de quelques-uns des personnages si prisés aujourd’hui pour leur « modérantisme ». Ils l’accusaient de provoquer une catastrophe économique aux colonies sucrières : « périssent les colonies plutôt qu’un principe ». Entre ceux qui revendiquent leur liberté au prix du sang, de la mort, et des plus abominables représailles et ceux qui refusent quelque aliénation que ce soit de la dignité humaine sous les prétextes d’efficacité économique, il y a pour toujours un pacte à travers le temps et l’espace.
Puis quand enfin a sonné cette heure de la liberté avec le vote de l’Assemblée nationale en 1794, les libérés se sont jetés de toutes leurs forces dans la bataille pour les libertés des autres partout dans les Caraïbes et sur le continent. À quoi succède l’abjection du rétablissement de l’esclavage par Napoléon, tache pour toujours sur cette « gloire » qui lui est si facilement et aveuglément concédée quand il fit mourir mille fois plus de monde que la période de la grande terreur sur laquelle se concentrent les avanies des ennemis du peuple en action qui conchient les libérateurs, louent leurs assassins, pour mieux laisser chérir les tyrans.
J’en parlerai surement de nouveau dès que la poussière de sentiments que l’évènement a soulevé en moi sera retombée. J’ai choisi des lectures qui n’ont rien arrangé à mon humeur. Car je suis revenu à « la rue Cases nègres » de Joseph Zobel et une fois fini de lire, le cœur retourné, j’ai fait l’erreur de me mettre à « la sixième extinction » d’Élisabeth Kolbert qui est un autre miroir de la sauvagerie irresponsable des humains. Ces horreurs sont parvenues jusque dans mes os en même temps que je constatais les ravages qui continuent ici sur les êtres et sur la nature. Et chaque fois que je voulu revenir à l’info courante sur les réseaux et les journaux, je fus éclaboussé de sang ou d’ignominies. Alors pour la première fois depuis bien longtemps, comme un porteur fourbu, je fis une pause et je décidais de vous oublier tous et je me consacrais à l’observation des vagues qui se brisent sur les cailles au Vauclin. Elles viennent à bout de tout. Mais ça prend du temps.
Huit
heures c’est long si c’est assis dans un avion. Certes, je mets le
casque à fond et je me paie une longue cure de musique dite
« classique ». Lavage des plaies et bosses de campagne sous le toucher
de Mozart et de quelques autres. Je fais le tour de mes notes et je lis
ensuite mon policier. Le marquis de Ranreuil, un peu trop poudré
d’ancien régime à mon gout, me tient compagnie pendant quelques milliers
de kilomètres. Mon voisin s’agace peut-être d’un type aussi agité à ses
côtés. Il ne faut pas dormir si l’on veut retomber sur ses pieds à
l’horaire de l’arrivée, pour affronter le décalage. Rien de tel que le
clavier pour rester en alerte devant les mots, les verbes et les
longueurs. Je regarde les fiches que l’on m’a préparées sur les
dernières déclarations des uns et des autres de mes concurrents. On me
les sert pour agrémenter mes discours de piques qui relèvent le plat que
je sers. Ce qui me frappe, en lisant ces phrases, c’est le grand retour
du « parler chafouin » !
Chafouin est synonyme de fourbe. Le parler chafouin est une langue utilisée pour annoncer une chose tout en adressant le signal du contraire à ses comparses. Parler chafouin est un bonneteau verbal des périodes électorales. Je croyais que le départ de François Hollande serait l’occasion de se débarrasser de cette mauvaise habitude. Mais non, Emmanuel Macron, François Fillon et même Marine Le Pen enrichissent encore cet art et candidatent déjà pour lui succéder sur le trône du parler chafouin.
Attention, ne pas confondre cependant avec le parler-abasourdir. Genre Valls : « je suis pour la suppression du 49.3 ». Ce genre est efficace : il souffle ce qui reste d’intelligence critique aux commentateurs qui le subissent. Du coup, au cas précis, nul ne songea à lui demander comment il le ferait, le cas échéant. Ce ne serait pourtant pas le moins intéressant. Répond-t-il vraiment quand il affirme : « je supprimerai, bla bla bla » ? Certes, notre homme a déjà avalé bien de la potion magique de la cinquième République. Il sait donc que le monarque présidentiel peut tout. Mais il s’interpose tout de même entre le bon plaisir et la mise en œuvre quelques détails que même le péremptoire « je supprimerai » ne suffit pas à éliminer. Le 49.3 est inscrit dans la Constitution.
Pour l’abroger, il faut changer la Constitution. Comment Valls compte-t-il la changer ? Ce n’est pas du pouvoir du chef de l’État de le faire dans son bureau. Il lui faut soit le demander au Congrès du Parlement, soit au peuple souverain par référendum. Mais une assemblée constituante peut aussi le décider. On voit que les trois solutions ne sont pas sans conséquences considérables, comme tout ce qui touche à la Constitution. La première affirme une vocation parlementaire à la cinquième République. On met alors le doigt dans un engrenage qui interpellera tous les aspects monarchiques du système. Mais qui la voterait ? Il faut une majorité que le Sénat de droite refuse à toute initiative venu du camp concurrent. La seconde solution s’imagine mal : un référendum constitutionnel juste pour le 49.3 ? On imagine mal une mobilisation nationale des électeurs sur un seul article de la Constitution sans lui parler de quelques autres qui remplissent, à dessein, une fonction bien voisine pour l’étranglement du débat parlementaire !
Fort heureusement, personne n’a pensé à poser la question à Valls. Il peut continuer à dire ce qu’il veut sans se donner le mal de s’expliquer sur la méthode qui rendrait possible sa promesse. Mais ce parler-abasourdissant, on le voit, est fort proche du parler chafouin. En effet à la fin du bruit fait avec sa bouche, Valls n’a rien dit de précis. Juste une idée dans l’air, comme le fameux « mon ennemi c’est la finance ». C’est typique, je crois, du PS contemporain. La parole remplace l’action. Mais la parole à condition qu’il n’y ait pas d’action. C’est le royaume des bonnes intentions. Sous les Clinton de la première période, leurs hagiographes nommaient cela le « socialisme compassionnel »
Je reviens au pur parler chafouin. Le roi du parler fourbe ces derniers jours, c’est évidemment François Fillon à propos de l’assurance-maladie. Il est même allé jusqu’à retirer un passage entier de son programme sur son site internet de campagne ! Dans son programme de la primaire, il écrivait noir sur blanc vouloir « focaliser l’assurance publique universelle [c’est-à-dire la Sécurité sociale] sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste ». Le 25 novembre dans Les Échos, Dominique Stoppa-Lyonnet, porte-parole de François Fillon sur la santé, disait les choses clairement : « la solidarité ne peut pas tout prendre en charge. L’optique, le dentaire, les audioprothèses n’ont pas à être financés par l’assurance-maladie de base » et elle ajoutait même à sa liste « le désordre digestif temporaire » et même « la grippe » tout en reconnaissant « encore qu’une grippe peut être dramatique ». Lundi 12 décembre au matin, le porte-parole de François Fillon, le député Jérôme Chartier, disait la même chose. Lorsqu’on lui demandait si une consultation pour un rhume allait être remboursée demain, il a répondu « ça dépend quel rhume ».
Le soir même, François Fillon publiait une longue tribune dans Le Figaro, tout entière rédigée en « parler-fourbe ». Ainsi François Fillon explique désormais qu’il entend « réaffirmer le principe d’universalité dans l’esprit des ordonnances de 1945. L’Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l’acteur clé. Elle continuera à couvrir les soins comme aujourd’hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires. Il n’est donc pas question de toucher à l’Assurance-maladie et encore moins de la privatiser ». Hourra ! Deux semaines après la primaire, le candidat de la droite est déjà en passe de manger son chapeau sur une de ses principales mesures anti-sociales. Tant mieux, c’est la preuve que nous avons bien fait d’alerter très vite et très fort dès notre réunion publique de Bordeaux contre le « coup d’État social » de M. Fillon le 29 novembre dernier.
Mais la vérité est plus fourbe. Car dans cette tribune, François Fillon ne remet absolument pas en cause les 20 milliards d’euros d’économie qu’il entend faire sur l’assurance-maladie sans dire où il va couper ! Il confirme aussi qu’il veut renforcer le poids des assurances complémentaires à travers une « agence de régulation et de contrôle » où elles seraient représentées au même titre que la Sécu. Et Fillon prépare le terrain à des déremboursements. Ce qui en « parler-fourbe » donne « Il convient, par ailleurs, de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible ». Vous avez compris ? Ça veut dire : « Si vous êtes malade, c’est de votre faute et pour vous “responsabiliser” on ne vous remboursera pas ». Fillon veut « simplifier » ce qui ne vous est pas remboursé : ticket modérateur qui fait que l’assurance maladie ne rembourse que les deux-tiers d’une consultation chez le généraliste, franchises médicales, forfait hospitalier etc. Et comment ? Il ne le dit pas dans sa tribune. Mais avant de disparaître de son site internet, son programme disait comment. Il proposait (et propose encore ?) une « franchise médicale universelle ». C’est-à-dire que, chaque année, les premières dépenses de santé ne sont pas remboursées, jusqu’à un montant à fixer. Chafouin, non ?
Emmanuel Macron sait y faire aussi. Il annonce une grande mesure pour le pouvoir d’achat. Laquelle ? Supprimer les cotisations chômage et maladie sur les salaires pour les faire payer à la place par une augmentation de la CSG de 1,7 point. Bilan ? Un recul de sécurité sociale pour tout le monde et une cacahuète en gain de pouvoir d’achat. Pas vu pas pris. L’argument de Macron c’est que la CSG ferait payer d’autres que les salariés. Mais sa proposition est absurde. D’abord parce que l’essentiel de la CSG est payé par les salariés ! La part des revenus d’activité, essentiellement les salaires, représente aujourd’hui 70% des recettes de CSG. La mesure Macron reviendrait à retirer 46 euros de cotisations augmentant le salaire « net ». Mais en contrepartie, Macron augmentera la CSG payée par le salarié de 21 euros. La proposition de Macron revient donc pour les salariés à la logique « donne-moi ta montre et je te dirai l’heure ». Bilan, 25 euros de gain à la fin du mois pour un salarié à temps plein. Tant de bruit pour 25 euros par mois ! Quelle audace ! D’ailleurs Macron lui-même le sait. Pour pouvoir afficher un chiffre un peu convaincant, il est obligé d’additionner les gains de deux personnes vivant en couple ! Et demain quoi ? Le gain pour une cage d’escalier ? Pour un quartier entier ?
Macron propose ainsi de faire payer l’assurance contre le chômage aux retraités et aux chômeurs, car ces deux catégories payent la CSG aussi ! Et ils fournissent 19% des recettes de CSG actuelle. Mais pourquoi les retraités devraient-ils cotiser pour se protéger d’un risque qu’ils ne courent pas ? C’est une rupture avec l’esprit même de la Sécurité sociale. Et est-il juste et pertinent de faire payer l’assurance-chômage par ceux-là mêmes qui en bénéficient parce qu’ils sont au chômage ? Même chose pour les personnes en arrêt-maladie qui payent la CSG sur leurs indemnités journalières ? Non évidemment. D’autant qu’au final, 89% des recettes de CSG viennent des salariés, des chômeurs, des salariés en arrêt maladie et des retraités. Les revenus du capital n’apportent que 11% des recettes de CSG aujourd’hui. Une goutte d’eau. La proposition Macron est donc totalement une fourberie.
Enfin, j’en viens à Marine Le Pen. Là le doute entre l’incompétence et la malhonnêteté est permis. J’exagère ? Voyez plutôt. Dimanche 11 décembre, elle a dénoncé sur RTL le fait que François Fillon et Emmanuel Macron voulaient supprimer la majoration pour les heures supplémentaires. Elle aura bien recopié mes argumentaires. Mais, lorsque le journaliste Olivier Mazerolle lui demande si les heures supplémentaires s’appliquent « au-delà de 35 heures », elle répond : « non, s’il y a eu une négociation par branche pour arriver à la mise en œuvre des 39h payées 39 ». C’est-à-dire que Mme Le Pen est d’accord avec les deux autres pour voler aux salariés la majoration des quatre heures supplémentaires entre la 35e et la 39e heure ! Mais elle l’a habilement dissimulé dans une phrase qui semble dire le contraire. Chafouine comme personne !
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Le Pen défend cette idée de supprimer quatre heures supplémentaires par semaine. Elle l’avait déjà dit dans son interview à Valeurs actuelles du 7 juillet 2016. Voilà ce qu’elle disait : « Le Front national, dit-on, serait pour les 35 heures ? C’est faux ! Nous sommes pour la capacité à négocier par branche le retour à 39 heures à condition que ces 39 heures soient payées 39. Il n’est pas question de rester dans cette idéologie des 35 heures sans donner la capacité de négocier ». Au passage, dans cette interview, elle disait aussi que « contrairement à ce que j’entends, nous n’avons jamais, non plus, proposé une augmentation du smic payée par les entreprises ». C’est que selon la saison et les pressions de sa nièce, Marine Le Pen retourne dans un sens ou dans l’autre les mots à double sens qu’elle emploie. Encore un effort et elle sera aussi forte en fourberie que ce PS à qui elle a emprunté sa rose.
Chafouin est synonyme de fourbe. Le parler chafouin est une langue utilisée pour annoncer une chose tout en adressant le signal du contraire à ses comparses. Parler chafouin est un bonneteau verbal des périodes électorales. Je croyais que le départ de François Hollande serait l’occasion de se débarrasser de cette mauvaise habitude. Mais non, Emmanuel Macron, François Fillon et même Marine Le Pen enrichissent encore cet art et candidatent déjà pour lui succéder sur le trône du parler chafouin.
Attention, ne pas confondre cependant avec le parler-abasourdir. Genre Valls : « je suis pour la suppression du 49.3 ». Ce genre est efficace : il souffle ce qui reste d’intelligence critique aux commentateurs qui le subissent. Du coup, au cas précis, nul ne songea à lui demander comment il le ferait, le cas échéant. Ce ne serait pourtant pas le moins intéressant. Répond-t-il vraiment quand il affirme : « je supprimerai, bla bla bla » ? Certes, notre homme a déjà avalé bien de la potion magique de la cinquième République. Il sait donc que le monarque présidentiel peut tout. Mais il s’interpose tout de même entre le bon plaisir et la mise en œuvre quelques détails que même le péremptoire « je supprimerai » ne suffit pas à éliminer. Le 49.3 est inscrit dans la Constitution.
Pour l’abroger, il faut changer la Constitution. Comment Valls compte-t-il la changer ? Ce n’est pas du pouvoir du chef de l’État de le faire dans son bureau. Il lui faut soit le demander au Congrès du Parlement, soit au peuple souverain par référendum. Mais une assemblée constituante peut aussi le décider. On voit que les trois solutions ne sont pas sans conséquences considérables, comme tout ce qui touche à la Constitution. La première affirme une vocation parlementaire à la cinquième République. On met alors le doigt dans un engrenage qui interpellera tous les aspects monarchiques du système. Mais qui la voterait ? Il faut une majorité que le Sénat de droite refuse à toute initiative venu du camp concurrent. La seconde solution s’imagine mal : un référendum constitutionnel juste pour le 49.3 ? On imagine mal une mobilisation nationale des électeurs sur un seul article de la Constitution sans lui parler de quelques autres qui remplissent, à dessein, une fonction bien voisine pour l’étranglement du débat parlementaire !
Fort heureusement, personne n’a pensé à poser la question à Valls. Il peut continuer à dire ce qu’il veut sans se donner le mal de s’expliquer sur la méthode qui rendrait possible sa promesse. Mais ce parler-abasourdissant, on le voit, est fort proche du parler chafouin. En effet à la fin du bruit fait avec sa bouche, Valls n’a rien dit de précis. Juste une idée dans l’air, comme le fameux « mon ennemi c’est la finance ». C’est typique, je crois, du PS contemporain. La parole remplace l’action. Mais la parole à condition qu’il n’y ait pas d’action. C’est le royaume des bonnes intentions. Sous les Clinton de la première période, leurs hagiographes nommaient cela le « socialisme compassionnel »
Je reviens au pur parler chafouin. Le roi du parler fourbe ces derniers jours, c’est évidemment François Fillon à propos de l’assurance-maladie. Il est même allé jusqu’à retirer un passage entier de son programme sur son site internet de campagne ! Dans son programme de la primaire, il écrivait noir sur blanc vouloir « focaliser l’assurance publique universelle [c’est-à-dire la Sécurité sociale] sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste ». Le 25 novembre dans Les Échos, Dominique Stoppa-Lyonnet, porte-parole de François Fillon sur la santé, disait les choses clairement : « la solidarité ne peut pas tout prendre en charge. L’optique, le dentaire, les audioprothèses n’ont pas à être financés par l’assurance-maladie de base » et elle ajoutait même à sa liste « le désordre digestif temporaire » et même « la grippe » tout en reconnaissant « encore qu’une grippe peut être dramatique ». Lundi 12 décembre au matin, le porte-parole de François Fillon, le député Jérôme Chartier, disait la même chose. Lorsqu’on lui demandait si une consultation pour un rhume allait être remboursée demain, il a répondu « ça dépend quel rhume ».
Le soir même, François Fillon publiait une longue tribune dans Le Figaro, tout entière rédigée en « parler-fourbe ». Ainsi François Fillon explique désormais qu’il entend « réaffirmer le principe d’universalité dans l’esprit des ordonnances de 1945. L’Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l’acteur clé. Elle continuera à couvrir les soins comme aujourd’hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires. Il n’est donc pas question de toucher à l’Assurance-maladie et encore moins de la privatiser ». Hourra ! Deux semaines après la primaire, le candidat de la droite est déjà en passe de manger son chapeau sur une de ses principales mesures anti-sociales. Tant mieux, c’est la preuve que nous avons bien fait d’alerter très vite et très fort dès notre réunion publique de Bordeaux contre le « coup d’État social » de M. Fillon le 29 novembre dernier.
Mais la vérité est plus fourbe. Car dans cette tribune, François Fillon ne remet absolument pas en cause les 20 milliards d’euros d’économie qu’il entend faire sur l’assurance-maladie sans dire où il va couper ! Il confirme aussi qu’il veut renforcer le poids des assurances complémentaires à travers une « agence de régulation et de contrôle » où elles seraient représentées au même titre que la Sécu. Et Fillon prépare le terrain à des déremboursements. Ce qui en « parler-fourbe » donne « Il convient, par ailleurs, de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible ». Vous avez compris ? Ça veut dire : « Si vous êtes malade, c’est de votre faute et pour vous “responsabiliser” on ne vous remboursera pas ». Fillon veut « simplifier » ce qui ne vous est pas remboursé : ticket modérateur qui fait que l’assurance maladie ne rembourse que les deux-tiers d’une consultation chez le généraliste, franchises médicales, forfait hospitalier etc. Et comment ? Il ne le dit pas dans sa tribune. Mais avant de disparaître de son site internet, son programme disait comment. Il proposait (et propose encore ?) une « franchise médicale universelle ». C’est-à-dire que, chaque année, les premières dépenses de santé ne sont pas remboursées, jusqu’à un montant à fixer. Chafouin, non ?
Emmanuel Macron sait y faire aussi. Il annonce une grande mesure pour le pouvoir d’achat. Laquelle ? Supprimer les cotisations chômage et maladie sur les salaires pour les faire payer à la place par une augmentation de la CSG de 1,7 point. Bilan ? Un recul de sécurité sociale pour tout le monde et une cacahuète en gain de pouvoir d’achat. Pas vu pas pris. L’argument de Macron c’est que la CSG ferait payer d’autres que les salariés. Mais sa proposition est absurde. D’abord parce que l’essentiel de la CSG est payé par les salariés ! La part des revenus d’activité, essentiellement les salaires, représente aujourd’hui 70% des recettes de CSG. La mesure Macron reviendrait à retirer 46 euros de cotisations augmentant le salaire « net ». Mais en contrepartie, Macron augmentera la CSG payée par le salarié de 21 euros. La proposition de Macron revient donc pour les salariés à la logique « donne-moi ta montre et je te dirai l’heure ». Bilan, 25 euros de gain à la fin du mois pour un salarié à temps plein. Tant de bruit pour 25 euros par mois ! Quelle audace ! D’ailleurs Macron lui-même le sait. Pour pouvoir afficher un chiffre un peu convaincant, il est obligé d’additionner les gains de deux personnes vivant en couple ! Et demain quoi ? Le gain pour une cage d’escalier ? Pour un quartier entier ?
Macron propose ainsi de faire payer l’assurance contre le chômage aux retraités et aux chômeurs, car ces deux catégories payent la CSG aussi ! Et ils fournissent 19% des recettes de CSG actuelle. Mais pourquoi les retraités devraient-ils cotiser pour se protéger d’un risque qu’ils ne courent pas ? C’est une rupture avec l’esprit même de la Sécurité sociale. Et est-il juste et pertinent de faire payer l’assurance-chômage par ceux-là mêmes qui en bénéficient parce qu’ils sont au chômage ? Même chose pour les personnes en arrêt-maladie qui payent la CSG sur leurs indemnités journalières ? Non évidemment. D’autant qu’au final, 89% des recettes de CSG viennent des salariés, des chômeurs, des salariés en arrêt maladie et des retraités. Les revenus du capital n’apportent que 11% des recettes de CSG aujourd’hui. Une goutte d’eau. La proposition Macron est donc totalement une fourberie.
Enfin, j’en viens à Marine Le Pen. Là le doute entre l’incompétence et la malhonnêteté est permis. J’exagère ? Voyez plutôt. Dimanche 11 décembre, elle a dénoncé sur RTL le fait que François Fillon et Emmanuel Macron voulaient supprimer la majoration pour les heures supplémentaires. Elle aura bien recopié mes argumentaires. Mais, lorsque le journaliste Olivier Mazerolle lui demande si les heures supplémentaires s’appliquent « au-delà de 35 heures », elle répond : « non, s’il y a eu une négociation par branche pour arriver à la mise en œuvre des 39h payées 39 ». C’est-à-dire que Mme Le Pen est d’accord avec les deux autres pour voler aux salariés la majoration des quatre heures supplémentaires entre la 35e et la 39e heure ! Mais elle l’a habilement dissimulé dans une phrase qui semble dire le contraire. Chafouine comme personne !
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Le Pen défend cette idée de supprimer quatre heures supplémentaires par semaine. Elle l’avait déjà dit dans son interview à Valeurs actuelles du 7 juillet 2016. Voilà ce qu’elle disait : « Le Front national, dit-on, serait pour les 35 heures ? C’est faux ! Nous sommes pour la capacité à négocier par branche le retour à 39 heures à condition que ces 39 heures soient payées 39. Il n’est pas question de rester dans cette idéologie des 35 heures sans donner la capacité de négocier ». Au passage, dans cette interview, elle disait aussi que « contrairement à ce que j’entends, nous n’avons jamais, non plus, proposé une augmentation du smic payée par les entreprises ». C’est que selon la saison et les pressions de sa nièce, Marine Le Pen retourne dans un sens ou dans l’autre les mots à double sens qu’elle emploie. Encore un effort et elle sera aussi forte en fourberie que ce PS à qui elle a emprunté sa rose.
Au
calme dans l’Airbus, je feuillette les notes en retard de lecture. En
voici une concernant les chiffres de vente du programme L’Avenir en commun.
Le tirage est à présent de près de 200 000 si je comprends bien. Nous
avons été en tête de toutes les ventes puis très bien classés sans
cesse. Je n’en inflige pas le détail qui se trouve facilement. Ce succès
impressionne nombre de commentateurs. Moi aussi. Nous avons vite su que
cela fonctionnait pendant cette opération montée sans difficulté des 1000 points de vente.
Les retours à notre appel furent quasi immédiats et les inscriptions se
firent sans discontinuer. C’était la première fois que nous tentions
une aussi vaste opération coordonnée de présence sur le terrain de tous
les volontaires qui le souhaitaient. Je reviens à l’essentiel. Ce
programme en tant qu’objet, en tant que livre. Je forme le vœu qu’il
soit davantage qu’un cadeau de Noël. Car c’est autre chose de plus
durable que cet objet. Il vient de loin.
Ce livre est un bien commun pour tous ceux qui l’ont édifié au fil des sept mois de sa préparation. Mais c’est à juste titre que Nicolas Demorand disait qu’il exprimait non pas un catalogue de mesures mais une vision du monde assez globale. Je me sens très impliqué par ce programme. Comment peut-il en être autrement ? Je suis bien étonné de ces candidats qui n’en ont encore point ou qui en changent en cours de route selon ce qu’on leur en dit. En tous cas L’Avenir en commun exprime pour moi une étape décisive sur un parcours de longue durée.
Toute ma stratégie de campagne et mes méthodes d’action sont déduites d’une conviction construite depuis 2005, date de la prise de conscience de l’existence d’une réalité politique nouvelle dont la mobilisation contre le traité constitutionnel était l’expression. Cette conviction s’est traduite notamment par ma rupture avec le PS en 2008 puis mes deux candidatures aux élections présidentielles et tout ce qui va avec cette histoire. J’en ai fait plusieurs livres directement sur le thème : En Quête de gauche en 2007, pour marquer une rupture avec l’histoire qui s’écrivait alors. J’identifiais notamment le rôle des démocrates américains à la sauce Clinton dans la déchéance de l’Internationale socialiste que je m’apprêtais à quitter. Puis Qu’ils s’en aillent tous !, qui déclencha une polémique contre mon populisme (pour l’humour de situation, je renvoie aux poses indignées de certains de mes amis alors membres du PG et de certains éminents dirigeants communistes actuels).
Puisque j’en suis là, je voudrais signaler un texte paru dans la revue Ballast par un auteur, Alexis Gales, qui s’intéresse depuis déjà quelque temps à ce que j’écris et propose en matière théorique. Ici il s’agit d’une étude comparée à propos du « refus du clivage droite gauche » qui m’est attribué. Je reviens aux livres. C’est évidemment L’Ère du peuple qui a mis mes idées en ordre sur le thème et proposé une nouvelle lecture globale liant analyse historique, diagnostic et propositions. Pour finir, mon dernier livre raconte mon propre cheminement d’une vision du monde à l’autre. C’est Le Choix de l’insoumission. Il est édité en poche. Avec Le Hareng de Bismarck, qui a également été édité en poche au mois de novembre, ces livres forment un corps d’analyse sur le moment présent.
L’Ère du peuple est « mon programme » au sens le plus large du terme. D’autres diraient « mon projet ». Mais je dirai mieux ma pensée en nommant ce que je propose : mon « mode d’emploi » de la période historique en cours. Déjà en poche, il sera réédité dans une version augmentée à partir de janvier. Des versions espagnoles, italiennes, portugaises, anglaises et même…vietnamienne sont en cours de préparation.
Je rappelle tout cela pour que les nouveaux lecteurs de mon blog soient informés de mes manières d’agir. Tout ce que j’entreprends se fait d’après un plan et une vision globale dont il est important de vérifier en chemin si les faits confirment les prémices, les corrigent ou les invalident. La rigueur de la pensée sur la réalité sociale est une exigence traditionnelle de ma filiation dans le matérialisme historique. Je m’y efforce. Je ne dis pas que tout ce que décrit L’Ère du peuple soit suffisant, ni même parfois réellement assuré, ni aussi argumenté et documenté qu’il le faudrait. Cependant il forme un tout, une cohérence. Dans ma façon de voir, la théorie et la vision d’ensemble sont des besoins incontournables pour accomplir une action politique méthodique et « réaliste » (au sens le plus trivial du terme).
La description matérielle et « réaliste » du peuple que j’opère en exposant la théorie de « la Révolution citoyenne » a une conséquence dans de nombreux domaines pratiques de la doctrine de l’émancipation. Par exemple, la forme que prend l’organisation politique correspondant à cette réalité sociologique nommée « peuple » après l’ère de « la classe » et de son parti qui étaient censés fonctionner comme accoucheur de l’Histoire. Cette question n’est nullement abstraite. En tous cas, elle a eu une importance pratique particulière pour moi depuis longtemps. En effet j’ai dirigé de très nombreuses campagnes électorales à tous les échelons de la vie politique de mon pays. J’ai été personnellement candidat dans une douzaine d’élection du plus modeste niveau local au plus éminent niveau national. De plus, j’ai participé d’une façon ou d’une autre à un nombre extrêmement importants de mouvements sociaux dont j’ai vu chaque fois se produire ensuite une expression politique.
J’évoque les élections en tant que processus central de toute vie politique de la société parce que je n’accepte pas d’autres schémas de conquête et d’exercice du pouvoir qui puisse établir une entrée sérieuse pour un projet durable d’émancipation. Je ne crois pas à l’efficacité des coups d’État ou de la guerre de guérilla, ni à la violence comme mode d’action pour changer la société. Il en est ainsi par construction pratique et philosophique personnelle. Je l’adosse sur une expérience politique approfondie au fil de 40 ans d’engagements intenses non seulement dans la vie de mon pays mais dans les temps forts de la vie de bien d’autres peuples dont j’ai tiré d’innombrables enseignements.
Mais il en est également ainsi parce que la théorie de la révolution citoyenne en décrit la nécessité. Elle postule la mutation du « peuple en soi », les gens du commun formant la multitude sans projet commun, en « peuple pour soi» devenant acteur de l’Histoire. Elle montre qu’il le fait par l’exercice de sa souveraineté sur les membres qui le composent et sur le territoire qu’il occupe. Cette autoproduction résulte de la conflictualité qui anime la société. Celle-ci doit pouvoir s’exprimer pour s’accomplir. C’est-à-dire pour permettre que les acteurs individuels s’identifient eux-mêmes et entre eux dans le combat commun. La démocratie est donc la cornue incontournable et indépassable pour rendre possible l’existence du peuple en tant que sujet de l’Histoire.
Cela signifie qu’une élection est à mes yeux bien davantage qu’un exercice de communication avec le corps électoral. L’élection modifie politiquement la personne qui vote. Elle modifie la perception que la société a d’elle-même. Elle change l’idée que les gens ont de ce qu’il est possible de faire et de ce qu’il est préférable de vouloir. Dans notre cas, cette vision crée des devoirs d’action spécialement impératifs. Car nous sommes en phase de construction d’un pôle politique nouveau. Un pôle à la fois héritier d’une longue tradition philosophique et sociale mais aussi totalement novateur dans ses objectifs, la formulation de sa doctrine et ses méthodes d’action. Dès lors, la mutation que le vote, la préférence que la société va exprimer, est autant un fait qui s’impose à nous qu’une option stratégique.
Je la résume en disant que nous ne faisons pas une campagne de communication mais une campagne d’implication. Il s’agit de rendre consciemment acteurs ceux qui se mobilisent avec nous. Les degrés d’implication seront naturellement divers, changeant et multiples. Mais le maître -mot est là. Il faut penser cette campagne comme on penserait un mouvement social en train de construire un rapport de force. Les livres mis en circulation veulent participer à la formation d’un système de références communes aussi souple que possible. Ils se présentent comme autant de synthèse de toutes sortes de matériaux collectés dans la vie, les lectures et l’action sur le terrain. L’idée générale est qu’une culture commune est en train de se construire et que ces livres peuvent y participer. Cette culture commune forme un corps d’idées et de références qui intègrent certes des livres mais aussi des films, des documentaires, des blogueurs et ainsi de suite. Elle appartient d’ors et déjà à des milliers de gens qui se reconnaissent entre eux. Le parti « sans mur » que je vois émerger depuis 2005 est dans cet espace idéologique.
Dans ce panel, la publication du programme L’Avenir en commun a marqué notre trajet d’une pierre blanche. Son succès en librairie suffira-t-il à l’installer comme une référence de longue portée ? Naturellement, je n’en sais rien. Mais je suis certain qu’il s’agit d’un matériau solide. Il vient de loin par étapes successives. Depuis 2005, la plupart des documents programmatiques édités y trouvent un écho direct. Pour notre équipe, ce fut l’objet d’un premier travail qui donna naissance au programme du Parti de Gauche en 2008 dans une volonté de synthèse des matériaux alors disponibles. Puis on retrouve la construction d’ensemble dans le programme L’Humain d’abord, présenté avec ma candidature en 2012.
Cette fois-ci, c’est un vrai processus collectif qui a permis la nouvelle organisation du texte et l’extension de son contenu à des domaines totalement neufs. Le succès de diffusion m’indique un niveau de mobilisation consciente de bon augure. Car notre force, ce ne sera jamais davantage que notre capacité à entraîner une société malade de résignation, d’exaspération et de doute sur elle. Pour y parvenir il faut sans cesse fortifier le secteur de plus en plus large des gens qui savent où on peut aller dans la nouvelle direction à prendre. C’est naturellement par et dans les réseaux sociaux que nous accomplissons l’essentiel de ce travail en même temps que par et dans les solidarités de luttes.
Ce livre est un bien commun pour tous ceux qui l’ont édifié au fil des sept mois de sa préparation. Mais c’est à juste titre que Nicolas Demorand disait qu’il exprimait non pas un catalogue de mesures mais une vision du monde assez globale. Je me sens très impliqué par ce programme. Comment peut-il en être autrement ? Je suis bien étonné de ces candidats qui n’en ont encore point ou qui en changent en cours de route selon ce qu’on leur en dit. En tous cas L’Avenir en commun exprime pour moi une étape décisive sur un parcours de longue durée.
Toute ma stratégie de campagne et mes méthodes d’action sont déduites d’une conviction construite depuis 2005, date de la prise de conscience de l’existence d’une réalité politique nouvelle dont la mobilisation contre le traité constitutionnel était l’expression. Cette conviction s’est traduite notamment par ma rupture avec le PS en 2008 puis mes deux candidatures aux élections présidentielles et tout ce qui va avec cette histoire. J’en ai fait plusieurs livres directement sur le thème : En Quête de gauche en 2007, pour marquer une rupture avec l’histoire qui s’écrivait alors. J’identifiais notamment le rôle des démocrates américains à la sauce Clinton dans la déchéance de l’Internationale socialiste que je m’apprêtais à quitter. Puis Qu’ils s’en aillent tous !, qui déclencha une polémique contre mon populisme (pour l’humour de situation, je renvoie aux poses indignées de certains de mes amis alors membres du PG et de certains éminents dirigeants communistes actuels).
Puisque j’en suis là, je voudrais signaler un texte paru dans la revue Ballast par un auteur, Alexis Gales, qui s’intéresse depuis déjà quelque temps à ce que j’écris et propose en matière théorique. Ici il s’agit d’une étude comparée à propos du « refus du clivage droite gauche » qui m’est attribué. Je reviens aux livres. C’est évidemment L’Ère du peuple qui a mis mes idées en ordre sur le thème et proposé une nouvelle lecture globale liant analyse historique, diagnostic et propositions. Pour finir, mon dernier livre raconte mon propre cheminement d’une vision du monde à l’autre. C’est Le Choix de l’insoumission. Il est édité en poche. Avec Le Hareng de Bismarck, qui a également été édité en poche au mois de novembre, ces livres forment un corps d’analyse sur le moment présent.
L’Ère du peuple est « mon programme » au sens le plus large du terme. D’autres diraient « mon projet ». Mais je dirai mieux ma pensée en nommant ce que je propose : mon « mode d’emploi » de la période historique en cours. Déjà en poche, il sera réédité dans une version augmentée à partir de janvier. Des versions espagnoles, italiennes, portugaises, anglaises et même…vietnamienne sont en cours de préparation.
Je rappelle tout cela pour que les nouveaux lecteurs de mon blog soient informés de mes manières d’agir. Tout ce que j’entreprends se fait d’après un plan et une vision globale dont il est important de vérifier en chemin si les faits confirment les prémices, les corrigent ou les invalident. La rigueur de la pensée sur la réalité sociale est une exigence traditionnelle de ma filiation dans le matérialisme historique. Je m’y efforce. Je ne dis pas que tout ce que décrit L’Ère du peuple soit suffisant, ni même parfois réellement assuré, ni aussi argumenté et documenté qu’il le faudrait. Cependant il forme un tout, une cohérence. Dans ma façon de voir, la théorie et la vision d’ensemble sont des besoins incontournables pour accomplir une action politique méthodique et « réaliste » (au sens le plus trivial du terme).
La description matérielle et « réaliste » du peuple que j’opère en exposant la théorie de « la Révolution citoyenne » a une conséquence dans de nombreux domaines pratiques de la doctrine de l’émancipation. Par exemple, la forme que prend l’organisation politique correspondant à cette réalité sociologique nommée « peuple » après l’ère de « la classe » et de son parti qui étaient censés fonctionner comme accoucheur de l’Histoire. Cette question n’est nullement abstraite. En tous cas, elle a eu une importance pratique particulière pour moi depuis longtemps. En effet j’ai dirigé de très nombreuses campagnes électorales à tous les échelons de la vie politique de mon pays. J’ai été personnellement candidat dans une douzaine d’élection du plus modeste niveau local au plus éminent niveau national. De plus, j’ai participé d’une façon ou d’une autre à un nombre extrêmement importants de mouvements sociaux dont j’ai vu chaque fois se produire ensuite une expression politique.
J’évoque les élections en tant que processus central de toute vie politique de la société parce que je n’accepte pas d’autres schémas de conquête et d’exercice du pouvoir qui puisse établir une entrée sérieuse pour un projet durable d’émancipation. Je ne crois pas à l’efficacité des coups d’État ou de la guerre de guérilla, ni à la violence comme mode d’action pour changer la société. Il en est ainsi par construction pratique et philosophique personnelle. Je l’adosse sur une expérience politique approfondie au fil de 40 ans d’engagements intenses non seulement dans la vie de mon pays mais dans les temps forts de la vie de bien d’autres peuples dont j’ai tiré d’innombrables enseignements.
Mais il en est également ainsi parce que la théorie de la révolution citoyenne en décrit la nécessité. Elle postule la mutation du « peuple en soi », les gens du commun formant la multitude sans projet commun, en « peuple pour soi» devenant acteur de l’Histoire. Elle montre qu’il le fait par l’exercice de sa souveraineté sur les membres qui le composent et sur le territoire qu’il occupe. Cette autoproduction résulte de la conflictualité qui anime la société. Celle-ci doit pouvoir s’exprimer pour s’accomplir. C’est-à-dire pour permettre que les acteurs individuels s’identifient eux-mêmes et entre eux dans le combat commun. La démocratie est donc la cornue incontournable et indépassable pour rendre possible l’existence du peuple en tant que sujet de l’Histoire.
Cela signifie qu’une élection est à mes yeux bien davantage qu’un exercice de communication avec le corps électoral. L’élection modifie politiquement la personne qui vote. Elle modifie la perception que la société a d’elle-même. Elle change l’idée que les gens ont de ce qu’il est possible de faire et de ce qu’il est préférable de vouloir. Dans notre cas, cette vision crée des devoirs d’action spécialement impératifs. Car nous sommes en phase de construction d’un pôle politique nouveau. Un pôle à la fois héritier d’une longue tradition philosophique et sociale mais aussi totalement novateur dans ses objectifs, la formulation de sa doctrine et ses méthodes d’action. Dès lors, la mutation que le vote, la préférence que la société va exprimer, est autant un fait qui s’impose à nous qu’une option stratégique.
Je la résume en disant que nous ne faisons pas une campagne de communication mais une campagne d’implication. Il s’agit de rendre consciemment acteurs ceux qui se mobilisent avec nous. Les degrés d’implication seront naturellement divers, changeant et multiples. Mais le maître -mot est là. Il faut penser cette campagne comme on penserait un mouvement social en train de construire un rapport de force. Les livres mis en circulation veulent participer à la formation d’un système de références communes aussi souple que possible. Ils se présentent comme autant de synthèse de toutes sortes de matériaux collectés dans la vie, les lectures et l’action sur le terrain. L’idée générale est qu’une culture commune est en train de se construire et que ces livres peuvent y participer. Cette culture commune forme un corps d’idées et de références qui intègrent certes des livres mais aussi des films, des documentaires, des blogueurs et ainsi de suite. Elle appartient d’ors et déjà à des milliers de gens qui se reconnaissent entre eux. Le parti « sans mur » que je vois émerger depuis 2005 est dans cet espace idéologique.
Dans ce panel, la publication du programme L’Avenir en commun a marqué notre trajet d’une pierre blanche. Son succès en librairie suffira-t-il à l’installer comme une référence de longue portée ? Naturellement, je n’en sais rien. Mais je suis certain qu’il s’agit d’un matériau solide. Il vient de loin par étapes successives. Depuis 2005, la plupart des documents programmatiques édités y trouvent un écho direct. Pour notre équipe, ce fut l’objet d’un premier travail qui donna naissance au programme du Parti de Gauche en 2008 dans une volonté de synthèse des matériaux alors disponibles. Puis on retrouve la construction d’ensemble dans le programme L’Humain d’abord, présenté avec ma candidature en 2012.
Cette fois-ci, c’est un vrai processus collectif qui a permis la nouvelle organisation du texte et l’extension de son contenu à des domaines totalement neufs. Le succès de diffusion m’indique un niveau de mobilisation consciente de bon augure. Car notre force, ce ne sera jamais davantage que notre capacité à entraîner une société malade de résignation, d’exaspération et de doute sur elle. Pour y parvenir il faut sans cesse fortifier le secteur de plus en plus large des gens qui savent où on peut aller dans la nouvelle direction à prendre. C’est naturellement par et dans les réseaux sociaux que nous accomplissons l’essentiel de ce travail en même temps que par et dans les solidarités de luttes.
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