lundi 26 janvier 2015

Avec 36,34 % et 149 députés, le succès de Syriza est historique. Sa portée est immense pour le pays, mais aussi pour l’Europe et pour la gauche qui veut être de gauche.


Avec 36,35% et 149 députés, le succès de Syriza est historique. Sa portée est immense pour le pays, mais aussi pour l’Europe et pour la gauche qui veut être de gauche. 

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur grec et après dépouillement de 99,80% des bulletins, la coalition de la gauche radicale obtient 36,34 % des voix contre 27,81 % pour la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras. 

Dans la dernière ligne droite, la dynamique du changement, la perspective d’une rupture avec les politiques de la Troïka qui ont littéralement dévasté tout un pays a été irrésistible. Avec 149 sièges, Syriza rate cependant de peu la majorité absolue au parlement qui est de 151. 


Un immense bonheur 

La première réaction est d’abord celle d’une joie intense. Le peuple grec qui, tout au long de ces années, a été martyrisé sur l’autel de la finance a choisi la voie de l’espoir et de la dignité. Les pressions en tous genres, les menaces de la Communauté européenne, les chantages du FMI… rien n’avait été épargné aux électeurs grecs. Leur vote, limpide, exemplaire est l’expression du refus des politiques d’austérité aux conséquences dramatiques sans céder aux sirènes de l’extrême-droite et du populisme. 

« Le choix est plus clair que jamais. Soit la Troïka revient et poursuit le travail de Samaras et la catastrophique politique d’austérité, soit on va vers une renégociation dure et difficile avec nos partenaires pour reconquérir une vie digne », avait déclaré Alexis Tsipras à la sortie de son bureau de vote en milieu de matinée. Et bien, c’est fait, ce soir l’espoir renaît. 

Une tâche immense 

Le succès électoral acquis, le plus dur est désormais à venir. D’abord parce ceux qui ont tout fait pour barrer la route à un changement de politique en Grèce n’ont en rien abdiqué et vont s’échiner désormais à torpiller les aspirations au changement du peuple grec : la Commission européenne, bien sûr, mais aussi les gouvernements allemands et français. 

En 2012, François Hollande à peine investi, avait déclaré à quatre jours des précédentes législatives : « Si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute la perspective de redressement, alors il y aura des pays dans la zone euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro ». Un message qui ressemblait bigrement à une menace. Il ne faut pas oublier que 70% des aides à la Grèce sont allés au secteur de la finance, c’est à dire in fine à des banques françaises et allemandes. 

Ensuite, la Grèce est un petit pays de 11 millions d’habitants qui ne représente que 1,6% du PIB de la Communauté. Cette réalité économique et démographique pèse évidemment dans la capacité à renégocier avec les autres pays. 

Face à cette coalition des puissants, la vigilance, le soutien et la solidarité des forces de gauche européennes vont être indispensables dans les semaines et les mois à venir. Une victoire de portée européenne La victoire de Syriza dépasse de beaucoup les frontières de la Grèce. 

C’est « un message qui n’affecte pas seulement les Grecs mais qui résonne dans toute l’Europe », a déclaré à la télévision Mega Panos Skourletis, le porte-parole de Syriza. C’est, en effet, toute la gauche européenne qui peut être revigorée. Ce succès est une première victoire qui en appelle d’autres et qui peut déclencher un effet domino salvateur. 

Les élections générales en Espagne à la fin de l’année 2015 sont un autre espoir si comme c’est possible Podemos remporte le scrutin. « Nous prendrons d’abord Athènes, puis Madrid », a déclaré récemment Alexis Tsipras. Ce n’est qu’un début, mais quel début ! 

Guillaume Liégard - Regards

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