jeudi 29 janvier 2015

Le mouvement Ensemble organise son premier grand congrès ce week-end. Explications de Myriam Martin


Regards. Le mouvement Ensemble accueille vendredi des responsables des gauches européennes de Syriza pour le Grèce, de bloca de Esquarda pour le Portugal, du Front populaire tunisien, d’Altra Europa pour l’Italie, le PG, le PCF… 

Myriam Martin. Il s’agit de monter les liens forts entre les différentes organisations de la gauche radicale européenne. Nous allons discuter des alternatives possibles pour changer les choses vis-à-vis des populations et surtout pour qu’elles s’impliquent. C’est le point de départ de la discussion. La coopération entre les différentes organisations de la gauche européenne existent depuis longtemps, et aucune ne peut dire à une autre comment faire dans son pays – chaque situation étant très particulière. 

L’actualité européenne offre des sources d’inspiration politique… Nous allons analyser le succès de Podemos en Espagne, la force de Syriza en Grèce. L’implication populaire en Espagne, par exemple, est partie du mouvement des places alors que Syriza a, de son côté, rassemblé un ensemble d’organisations de manière plus classique, tout en s’appuyant sur la mobilisation des travailleurs grecs. 


Ce va-et-vient entre les mobilisations et la construction de la démocratie est centrale pour nous. Cet objectif est une constance. La politique est aujourd’hui décrédibilisée et, si nous ne partageons pas toutes les responsabilités de cet état de fait, nous devons tenir compte d’un sentiment largement partagé. La politique, on ne la fait pas pour les autres, on la fait avec celles et ceux qui nous intéressent. 

« Pour une fois, nos divergences n’ont pas été un obstacle » 

Cela résonne avec la manière dont Ensemble a été créé au fil du temps… 

Ensemble est né d’une volonté de regrouper différents petits mouvements politiques de la gauche radicale qui ont des cultures et des parcours très différents. Ces courants, présents aujourd’hui dans le Front de gauche, défendent la même idée : il faut trouver les ressorts pour faire autrement de la politique. Cela implique, dans le même temps, de transformer le Front de gauche pour qu’il ne devienne pas un cartel d’organisations, mais un lieu où les hommes et les femmes qui s’étaient retrouvés dans la campagne présidentielle de 2012 puissent se rassembler. Et pour une fois, nos divergences n’ont pas été un obstacle. 

Même si nos objectifs sont modestes dans la configuration actuelle, il s’agit tout de même de quelque chose de positif et de très important. C’est aussi dans cette vaine qu’Ensemble a initié les Chantiers d’espoir. Ce congrès est-il un moment fondateur pour Ensemble ? Il s’agit bien de quelque chose de fort et oui, c’est vrai, de fondateur. Ces journées sont très importantes pour nous ; elles vont profondément marquer le mouvement Ensemble après une année de travail commun. Cela prouve que quelque chose a fonctionné. 

L’assemblée générale constituante, par exemple, est un moment pour dire que le mouvement existe, qu’il s’affirme, qu’il formalise quelque chose qui existe et qui dit son nom au sein du Front de gauche. Ce n’était pas gagné au départ. Ce congrès va aussi être un moment de discussions, d’analyse de la situation politique, d’explorations d’outils de fonctionnement en commun. C’est un chantier ouvert, un chantier qui doit aussi être théorique. Pierre Khalfa va présenter un texte intitulé « Émancipation » qui pose les jalons de ce qui pourrait être un projet politique pour l’avenir. 

« Les Chantiers d’espoir partent d’une page blanche que chacun peut remplir » 

500 personnalités ont signé l’appel à créer des Chantiers d’espoir . Les travaux doivent démarrer début février. Quelque chose de plus large encore ? 

Les Chantiers d’espoirs cherchent à rassembler au-delà de ceux qui se retrouvent dans le Front de gauche. Il ne s’agit pas de refonder l’union de la gauche, loin de là, ni de réunir des partis qui se connaissent par cœur, mais d’ouvrir des chantiers avec toutes celles et ceux qui veulent élaborer un projet alternatif. 

Les Chantiers d’espoir partent d’une page blanche que chacun peut remplir. Il faut que nous réussissions à créer quelque chose qui donne de l’espoir à gauche, qui trace un chemin, qui donne des perspectives, et qui dépasse les clivages. Nous sommes obligés de réussir, ce n’est pas possible autrement dans les moments que nous vivons. C’est aussi une question de projet politique et là, évidemment, tous les paris sont ouverts. Mais il faudrait que l’on avance et de manière accélérée, que l’on transforme ce qui se raconte partout sur le territoire et que l’on prenne vite la mer ensemble. 

Vous parlez de responsabilité et d’urgence… 

Aujourd’hui, si on se réclame, premièrement d’une gauche qui n’a pas renoncé à transformer la société, deuxièmement de l’idée que l’austérité ne peut pas continuer comme ça ni en France, ni en Europe, alors on doit pouvoir se retrouver et discuter. Ce qui veut dire discuter aussi avec celles et ceux qui ont participé au gouvernement ces deux dernières années – je pense aux écologistes. 

Qu’est ce que l’on veut aujourd’hui ? Une gauche qui serait capable de rassembler, de s’ouvrir à d’autres, d’intégrer des enjeux liés à la crise écologique ; c’est primordial. La crise écologique est démente. Si on ne fait pas ça, si on ne pose pas les jalons d’un espoir possible à gauche, on va désespérer encore une fois les hommes et les femmes de ce pays qui sont déjà déçus – et à juste titre : je dirais même qu’ils sont trahis par le gouvernement et le pouvoir actuel. Ils peuvent alors se détourner complètement du vote, de la lutte et de la résistance, ou même aller vers l’inacceptable et l’innommable. Ces chantiers d’espoir sont difficiles à mener, mais qu’il faut le faire, parce qu’on a pas le choix. 

Regards : le 29 janvier 2015

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