samedi 17 janvier 2015

Construisons la voie émancipatrice, seule réponse aux enjeux actuels !, par Clémentine Autain


Après avoir exprimé ensemble, dans un élan populaire historique, notre attachement à des valeurs fondatrices de notre République, la fraternité, la laïcité et la liberté, "l’union sacrée" se révèle pour ce qu’elle est : un mirage. La Marseillaise entonnée dans une ambiance unanime à l’Assemblée Nationale ne saurait masquer la conflictualité politique en germe. Car il n’y a pas de réponse unique et fédératrice pour affronter les défis posés. 

La voie sécuritaire, porteuse de mesures liberticides et autoritaires, relayant la théorie du "choc des civilisations", mélangeant de façon plus ou moins assumée islam et djihaddisme, marque notre paysage politique. À des degrés divers, le FN, l’UMP et de nombreux éditorialistes emboitent ce pas effrayant. 


Manuel Valls a évité l’écueil de s’y engouffrer franchement. Il a rejeté les lois d’exception - soupirs de soulagement dans nos rangs -, mais ses seules propositions concrètes ont concerné le dispositif sécuritaire. 

Les nouvelles mesures annoncées, s’ajoutant aux quatorze lois antiterroristes précédentes depuis 1986 qui n’ont rien empêché mais bel et bien grignoté nos libertés, comportent des atteintes liberticides contre lesquelles nos voix politiques, sociales et parlementaires devront porter. La poursuite de l’intervention en Irak a dans le même temps été votée par le Parlement, poursuivant une logique de guerre sans fin mortifère. 

Les mots de la fraternité et de la laïcité ont été trouvés par le Premier Ministre, et c’est heureux. Mais enfin… Où est l’égalité ? Quelles mesures pour rendre concrète la promesse républicaine ? Quel changement dans notre système carcéral ? Quel dispositif exceptionnel mis en place pour améliorer le "vivre ensemble", dont tout le monde semble s’accorder à dire qu’il est au cœur des enjeux soulevés par ces événements ? 

La règle d’or et la loi Macron n’ont pas été abandonnées, contrairement aux quartiers populaires et aux jeunes générations. Les services publics et les protections vont continuer leur régime sec, contrairement à la vente d’armes et aux revenus financiers. 

La fermeté sécuritaire en actes et la fraternité en mots ne permettront pas de retisser du lien et de faire reculer fanatismes et fascismes. 

Pour que l’élan des manifestations produise durablement du bon, notre responsabilité est engagée. Et ce n’est pas gagné. Car les réponses simplistes trouvent d’autant plus d’écho que la voie émancipatrice aux enjeux du moment ne se dessine pas avec tranchant et clarté. 

Gageons qu’une victoire de Syriza en Grèce nous y aidera. 

Clémentine Autain, le 16 janvier 2015. Publié sur le site de Cerises.

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