mardi 10 avril 2012

Grèce : 11 millions de morts vivants - Un article de Gérard Filoche


Comment accepter que l’UE conçue « pour la paix » ait fait la guerre et pillé la Grèce ? Comment Sarkozy peut-il prétendre avoir « sauvé la Grèce » alors qu’il l’a humiliée, asservie, détruite socialement ? Ça s’est fait sans militaire et sans colonel, mais avec les agents de la Merkozye et de Goldman Sachs, les hommes en gris et en attaché-case de la BCE et du FMI : ils ont tout raflé pour le compte des grandes banques européennes. Sept plans d’austérité, une vaste destruction sociale sans précédent. Le prétexte était de lui faire « payer sa dette » : celle-ci était de 100 points par rapport à son PIB en 2009, elle est de 160 points par rapport au PIB aujourd’hui, ils prévoient qu’elle soit de « 120,5 points » par rapport au PIB en 2020…Le « remède » est celui de Diafoirus et Purgon, les médecins de Molière qui tuaient leurs malades en les saignant.


Dimitri Christoulas, pharmacien en retraite de 77 ans, s’est suicidé, mercredi 18 avril, d’une balle dans la tête, devant le Parlement grec, place Syntagma, à Athènes. Malade du cancer, il a laissé une lettre manuscrite accusant le gouvernement de l’avoir privé de ressources, via les coupes effectuées sur les pensions de retraites. « Puisque mon âge avancé ne me permet pas de réagir de façon dynamique (mais si un Grec attrapait une Kalachnikov, je serais juste derrière lui), je ne vois pas d’autre solution pour en finir dignement, avant de devoir commencer à faire les poubelles pour me nourrir » ajoutant : « Je crois que les jeunes sans avenir prendront un jour les armes et pendront les traîtres de ce pays sur la place Syntagma, comme les Italiens l’ont fait avec Mussolini en 1945. »

L’émotion a été aussi grande dans le pays qu’elle l’avait été en Tunisie lors du suicide du jeune Mohammed Bouazizi que le régime empêchait de vivre décemment. Des milliers de personnes ont participé aux obsèques.


« Peuple en avant, ne baisse pas la tête, la seule réponse est la résistance », a crié la foule en saluant par des applaudissements l’arrivée du cercueil dans la cour du cimetière central de la capitale. Dans son discours d’adieu, la fille du défunt, un pharmacien à la retraite de 77 ans, a notamment qualifié son suicide « d’acte profondément politique »
Emy Christoulas, la fille du défunt, a souligné que son père s’était battu contre les mesures d’austérité, manifestant avec les « Indignés » ou le collectif « Je ne paierai pas ».



« Papa, tu ne pouvais pas supporter qu’ils prennent notre démocratie, notre liberté, notre intégrité. Tu ne pouvais pas supporter l’apartheid économique et social qui nous cerne. Tu ne pouvais comprendre qu’ils aient donné notre souveraineté et les clés du pays » aux bailleurs internationaux de la Grèce, a-t-elle déclaré dans son discours d’adieu. Un message du compositeur et chantre de la résistance à la dictature des Colonels (1967-74), Mikis Theodorakis, devenu un pourfendeur de l’austérité infligée par l’UE et le FMI, a également été lu. Conformément aux voeux du défunt, la cérémonie a été civile, ce qui est exceptionnel en Grèce. La dépouille a été transférée en Bulgarie pour incinération, car l’influente Eglise orthodoxe grecque bloque toujours la création de crématoriums. À l’issue de la cérémonie, les manifestants se sont dirigés vers la place Syntagma, où des fleurs, bougies et messages d’adieu sont massivement déposés depuis mercredi sous l’arbre où Dimitri Christoulas s’est suicidé, devenu lieu de pèlerinage.


Annulation immédiate et complète de la dette grecque odieuse !

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