vendredi 20 avril 2012

Notre Dame des Landes : 10ème jour de grève de la faim. L’humain ou le profit ?


« Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux », Françoise Verchère a visiblement passé la difficile phase du troisième jour sans nourriture. Michel et Marcel restent en forme. « Les promoteurs du projet ont encore du soucis à se faire pour quelques semaines » plaisante, tout sourire, Michel. Pourtant, pour nous qui les côtoyons chaque jour, pas de doute, les visages et les corps commencent à s’amaigrir. La grève de la faim reste une épreuve terrible.

Ce vendredi, c’est autour d’ATTAC et du Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées (COPAIN) que la solidarité s’exprime. « Ce n’a pas toujours été simple, mais depuis le 28 février 2009, ATTAC a rejoint la coordination des opposants à Notre Dame des Landes », indique Margareth Lecoq, lmembre du CA du comité local, « et déjà nous préparons le Forum Social Européen contre les grands travaux inutiles et nuisibles du 7 au 11 juillet prochain sur le site de Notre Dame des Landes ». Rappelant qu’ATTAC s’est créé pour lutter contre la dictature des marchés financiers, Geneviève Coiffard-Grosdoy combien la question de la spéculation sur les terres agricoles et le refus du déni de démocratie ont pesé dans le choix d’ATTAC. « L’humain ou le profit », c’est aujourd’hui la question qui est posée à Notre Dame des Landes.

Puis c’est le tour du collectif COPAIN, qui regroupe la Confédération Paysanne44, le GAB 44 (groupement des agriculteurs bios), Terroirs 44 et le CIVAM 44 (pour une agriculture durable et solidaire). Après avoir salué les deux adhérents de la Conf’ que sont Michel et Marcel, Dominique Lebreton, le président de la Conf’44, donne lecture de la motion unanime votée par l’assemblée générale de la Conf’ 44 qui s’est tenue mercredi soir au lycée RIeffel .«Arrêt immédiat des expropriation et des expulsions, abrogation de la DUP », en sont les maitres-mots. L’unité et la détermination du syndicat paysan sont réaffirmés : « on a créé une dynamique sur le plan national, on ne laissera pas détruire 1650 hectares de bocage ».

Pédagogique, il explique aux dizaines de personnes présentes – dont nos camarades des Alternatifs du Morbihan – les principaux enjeux pour les paysans de l’opposition à Notre Dame des Landes. « Tous les 7 ans, 810 000 hectares de terre agricole sont urbanisées, c’est l’équivalent d’un département. Et le rythme s’accélère ». « En 2002, la France comptait 765 000 paysans, en 2012 nous sommes 604 000 et les projections officielles indiquent que nous ne serons plus que 383 000 en 2032. Toujours selon les projections officielles, de 2012 à 2032, c’est 1 620 000 hectares de terre agricole qui devrait être urbanisée, 4 fois la surface agricole utile de la Loire Atlantique. Il n’est plus possible de laisser faire ». « Alors que l’agriculture peut être créatrice d’emplois, on a l’impression que pour les politique la terre ne pèse pas du tout », renchérit Denis Gaboriau, responsable de la Conf’85 venu également apporté la solidarité de son organisation syndicale.

Puis tour à tour, les responsables des associations paysannes pointent les contradictions des politiques énoncées par le Conseil Général à l’aune du projet de Notre Dame des landes.

L’approche énergétique est tout aussi passionnante. Alors qu’un hectare de terre remembrée compte une moyenne de 50 mètres de haie, une ferme bocagère à Notre Dame des Landes en compte entre 200 et 250 mètres de haies. Et 1 kilomètre de haie équivaut en apport énergétique bois à 800 litre de fioul. Une ferme du bocage, comme celles qui sont menacées d’expropriation, représente un équivalent énergétique de plus de 30 000 litres de pétrole annuels. Rappel aussi qu’un A320 consomme 110 tonnes de kérosène pour rejoindre Paris à Rio de Janeiro !

Pour le président national de l’agriculture biologique, ce qui se joue avec Notre Dame des Landes, « c’est la nécessité d’un changement de société, car les circuits courts, promus par la plupart des conseils généraux, comme celui du 44, sont trop souvent la bonne conscience de ceux qui ne veulent pas s’affronter à l’agriculture industrielle ». « Il est urgent de réinventer la coopération contre la compétition ». Marcel, Michel et Françoise savourent. Là est bien le sens du combat qu’ils ont engagé et qu’ils comptent bien mener à terme.


Demain samedi les COPAINS monteront square Daviais un marché paysan… mais sans produits, comme cela serait en 2032 si on laisse faire. Chacun-e est invitée à venir à ce marché avec son panier vide. Une bonne occasion aussi d’affirmer sa solidarité en ce début de week-end électoral. A propos d’élection, manque toujours la réponse de François Hollande au courrier du comité de soutien à Marcel, Michel et Françoise ? Jusqu’à quand ce silence ?

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